Historique du fonds
Le 3 juin 1911, Ferdinand Brunot inaugure les Archives de la parole qu’il a créées au sein de la Sorbonne avec l’aide de l’industriel Émile Pathé. Ces Archives sont la première pierre d’un Institut de phonétique voulu par l’Université de Paris. Les Archives de la Parole se situent dans la perspective de l’histoire de la langue puisqu’il s’agit, grâce au phonographe, d’enregistrer, d’étudier et de conserver des témoignages oraux de la langue parlée. La grande originalité des Archives de la Parole – s’inspirant en cela des Phonogrammarchiv de Vienne en Autriche – va être de produire et de créer ses propres archives sonores. Guillaume Apollinaire, Émile Durkheim, Alfred Dreyfus, etc., mais aussi nombre de locuteurs « anonymes » ou étrangers vont laisser le témoignage de leur voix aux Archives de la Parole. Trois cents enregistrements sont ainsi réalisés entre 1911 et 1914.
Ferdinand Brunot lancera le projet d’un atlas linguistique phonographique de la France. Entre 1912 et 1914, cet atlas va connaître une ébauche de réalisation avec trois enquêtes de terrain. La première est menée dans les Ardennes franco-belges en juin-juillet 1912, dans le Berry en juin 1913, puis le Limousin en août de la même année.
En 1920, le phonéticien Jean Poirot prend la suite de Ferdinand Brunot à la tête des Archives de la parole.
En 1924, Hubert Pernot devient directeur des Archives de la Parole. En 1927, l'Institut de phonétique souhaité par l'Université de Paris est doté de statuts, entraînant la transformation des Archives de la Parole en Musée de la parole et du geste, et leur déménagement en 1928 de la Sorbonne vers le 19 rue des Bernardins. Le travail d'Hubert Pernot opère un tourant épistémologique de la linguistique au "folklore musical". Pernot réalise trois missions de collecte à l'étranger : en Roumanie en 1928, en Tchécoslovaquie en 1929, et en Grèce en 1930. En 1930, Pernot est appelé à occuper une chaire de grec postclassique et moderne, et quitte l'Institut de phonétique. Philippe Stern, futur conservateur du Musée Guimet, alors attaché au Musée de la parole et du geste, enregistre pour ce dernier l'anthologie musicale des "chants, musiques et dialectes indigènes" lors de l'Exposition coloniale internationale de Paris en 1931.
Après le départ d'Hubert Pernot, l'installation de Roger Dévigne à la tête du Musée de la parole et du geste en 1932 va se caractériser par deux orientations majeures : le retour au "folklore musical" de France, et la création de la Phonothèque nationale et du dépôt légal des phonogrammes. Roger Dévigne réinvestit la notion d'Atlas linguistique phonographique de Ferdinand Brunot pour en faire une "Encyclopédie nationale sonore des parlers, patois et vieux chants de France". Il réalise plusieurs missions de collecte : dans les Alpes Provençales en 1939, en Languedoc-Roussillon-Pyrénées en 1941-1942, en Normandie et en Vendée en 1946. En 1938 est créée la Phonothèque nationale, institution chargée de la collecte du dépôt légal. Roger Dévigne en devient le premier directeur, cumulant la double responsabilité du Musée de la parole et du geste et de la Phonothèque nationale.
Au départ de Roger Dévigne, en 1953, le Musée de la parole et du geste cesse toute activité, et ses collections sont progressivement intégrées à celles de la Phonothèque nationale.
Notes biographiques
Ferdinand Brunot : Linguiste, professeur d'histoire de la langue française à la Faculté des lettres de Paris (1900-1914). Ferdinand Brunot réalise des enquêtes phonographiques dans les provinces françaises (Ardennes, 1912, Berry et Limousin, 1913).
Roger Dévigne : Poète, romancier folkloriste, il entre en 1932 au Musée de la parole et du geste de l'Institut de phonétique de l'Université de Paris, au 19 rue des Bernardins, Paris 5e, comme sous-directeur, puis il devient le directeur de la Phonothèque nationale (1938) jusqu'en juillet 1953.
Informations sur le traitement
Dans un premier temps, les notices bibliographiques complètes du fonds des Archives de la parole ont été entrées au Catalogue général de la bibliothèque.
Suite au catalogage du fonds, les enregistrements sonores, les reproductions des étiquettes des disques et une sélection de documents d'archives ont été mis en ligne sur notre bibliothèque numérique.
Classement
Cet instrument de recherche propose une présentation chronologique des différents fonds :
Enregistrements à la Sorbonne (1911-1914) / Ferdinand Brunot, éd.
Enquête phonographique dans les Ardennes (juillet 1912) / Ferdinand Brunot, collecteur
Enquête phonographique dans le Berry (juin 1913) / Ferdinand Brunot, collecteur
Enquête phonographique en Limousin (août 1913) / Ferdinand Brunot, collecteur
Conditions d'accès
Disques originaux, archives papier et photographiques non communicables (sauf autorisation du Service des documents sonores du Département de l'Audiovisuel).
Conditions d’utilisation
Reproduction (partielle ou intégrale) soumise à autorisation écrite (Département de l'Audiovisuel, Service des documents sonores).
Documents de substitution
Enregistrements et archives numérisés par le Bibliothèque nationale de France. Les documents sonores et d'archives numérisés sont consultables à partir des postes audiovisuels de la bibliothèque (niveau Recherche, site François Mitterrand) et de notre bibliothèque numérique.
Bibliographie
Enregistrement sonore • France -- 20e siècle
Disque pré-lp
Fiche d'enregistrement
Archives papier
Enquêtes de terrain (ethnologie) • France -- 20e siècle
Archives sonores • France -- 20e siècle
Français (langue) -- Dialectes • France -- 20e siècle
Français (langue) -- Régionalismes (linguistique) • France -- 20e siècle
Français (langue) -- Langue parlée • France -- 20e siècle
Linguistique • France -- 20e siècle
Phonétique comparée -- Français (langue) • France -- 20e siècle
Musique traditionnelle -- France
Sous-unités de description