Historique de la conservation
Né à Sienne le 4 février 1382, Mariano di Jacomo Vanni, surnommé Taccola, y a occupé des fonctions officielles et y est mort entre 1453 et 1458. Le texte du De re militari et machinis bellicis consiste en des explications de machines de guerre, adressées à un chef d’armée, « dux bactaliarum », avec des recommandations pour lui faciliter les opérations militaires. Il existe plusieurs états de cette œuvre (d’après J. Beck, cf. Rose, art. cit., p. 338) : - les manuscrits les plus anciens sont deux carnets de notes contenant des extraits de textes et des dessins de machines de guerre (Staastbibliothek de Münich, ms. Clm 197 ; Biblioteca Nazionale Centrale de Florence, ms. Palatinus 766). L’exemplaire de Florence a été présenté dès 1433 à l’empereur Sigismond lors de son séjour à Vienne, mais la composition des deux premiers livres du De re militari et machinis bellicis semble postérieure à cette date. Certains dessins du manuscrit Clm 197 sont de la main de Francesco Giorgio Martini (1439-1502, actif à partir de 1460).
Conservé lui aussi à Munich sous la cote Clm 28800, le manuscrit autographe définitif de Taccola, inspiré des deux carnets de notes, peut, bien qu’incomplet du début et de la fin, être daté de 1449 : le colophon du manuscrit conservé à New-York (Public Library, Spencer Collection, ms. 136), a en effet été copié sur cet exemplaire quand il était encore complet et indique la date de 1449 (cf. Rose, art. cit., p. 339-342). Le nom de Taccola y apparaît dans le prologue et dans le texte.
L’auteur n’est pas attesté dans le ms. latin 7239. La dédicace du f.
Avant la dorure et la ciselure des tranches correspondant à une reliure disparue du XVe ou du XVIe siècle, on a ajouté au texte de Taccola les deux cartes représentant Constantinople et les Balkans, ainsi que les quatre cahiers contenant des traités en italien, dont la graphie indique une origine vénitienne.
Paulus Santinus est-il l’auteur de la carte des Balkans ? Ajoutée, comme la carte de Constantinople, sur des feuillets indépendants, elle ne fait pas matériellement partie du traité de Taccola. La date de sa réalisation est difficile à déterminer, puisqu’elle peut être une copie d’une carte antérieure et contenir des éléments sans rapport avec l’époque de sa confection.
L’analyse de son contenu est tout aussi complexe. L’opposition des villes chrétiennes et musulmanes, ainsi que les légendes, suggèrent que la carte représente l’espace de confrontation entre les armées chrétiennes et l’invasion ottomane. Le pavillon chrétien sur la capitale byzantine et la présence de celui-ci sur certaines villes d’Europe occidentale suggère dans un premier temps une date bien antérieure à 1453 pour cette carte ou son modèle. Il ne faut toutefois pas exclure des archaïsmes, comme sur les cartes marines où des villes et des îles de l’Orient conservent le pavillon chrétien bien après la conquête musulmane. Franz Babinger en 1951, avançait l’hypothèse que la carte avait été réalisée lors des opérations précédant la chute de Constantinople aux mains de Mehmet II. Il donnait pour preuves de cette datation, en plus du drapeau chrétien sur Constantinople, la représentation d’une forteresse construite en 1452, le château de Rumeli Hisar (la forteresse de Rumili-Hissar a été construite entre le printemps et l’été 1452 ; Constantinople fut conquise le 29 mai 1453). Florio Banfi, en 1954, dans la même revue, critiqua ses arguments : il affirma qu’une forteresse existait déjà au bord du Bosphore avant la construction de celle de Rumeli Hisar, en s’appuyant sur le témoignage des plans de Constantinople dans le Liber Insularum archipelagi de Buondelmonti. Sur ce point précis nous émettons de fortes réserves : il existait en effet à l’emplacement où fut construite Rumeli Hisar, non pas une forteresse, mais plutôt des monastères et des églises qui furent démolis pour le remploi de morceaux de maçonneries (cf. S. Runciman, La chute de Constantinople, Paris, 1968, p. 85). De plus, le plan de Constantinople du Liber Insularum consulté par Banfi (le ms latin 4825 de la BnF) est postérieur à 1453 (cf. notre notice).
Les légendes de la carte font allusion au passage d’un « roi » chrétien dans la région. F. Banfi l’identifia avec Ladislas Jagellon, roi de Pologne, et donna une date très précise à la carte : octobre 1443, replaçant ainsi le document dans le contexte de préparation de l’expédition de Varna. Besevliev (1963) penchait quant à lui, pour une représentation de l’expédition de Nicopolis en 1396, où fut défaite l’armée chrétienne conduite par Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie. Dans le fac-similé du ms. latin 7239, commenté en roumain, Dumitriu-Snagnov croit comprendre que l’ensemble du manuscrit a été composé par Paulus Sanctinus Ducensis, dans la région du Banat et même exactement à Timisoara, durant les préliminaires de la croisade de Nicopolis (défaite du 26 septembre 1396): « L’offensive chrétienne a été organisée par Sigismond de Luxembourg, roi de Hongrie (1387-1437) (…) Le conseiller militaire Paulus Sanctinus Ducensis a connu et présenté dans son œuvre toutes les conditions de la région Carpatho-Danubienne où les armées ennemies pourraient évoluer. » Mais cela paraît tout à fait fantaisiste car le nom de Paulo Santini apparaît dans le traité, copié 60 ans après la défaite de Nicopolis, et non sur la carte qui est indépendante. Babinger (1964) critiqua sévèrement son analyse paléographique, mais admit que la carte pouvait être antérieure à 1453, et maintenait, à juste titre, qu’elle avait été insérée tardivement dans le manuscrit. Il existe cependant un lien entre l’œuvre de Taccola et le roi Sigismond, puisque la première version du traité militaire (ms. de Florence) avait été offerte au roi en 1433. Mais ce manuscrit ne contient pas de carte.
De fait, les hypothèses, qui placent la réalisation de la carte avant 1453, sont toutes contradictoires avec la date du manuscrit lui-même, réalisé vraisemblablement cinq à six ans plus tard. La carte insérée à la suite du traité de Taccola est-elle antérieure au traité, ou bien n’est-elle qu’une copie plus tardive d’un modèle disparu ? Pour ce qui est du destinataire de ce manuscrit complexe, l’état des feuillets portant la dédicace et le prologue ne permettent pas de trancher entre les avis divergents émis sur ce sujet par différents auteurs : le condottiere Bartolomeo Colleone, qui s’est trouvé au service de la République de Venise de 1454 jusqu’à sa mort en 1475 ? Francesco Sforza, dont la médaille due à Pisanello sert de modèle au cavalier du f.
La manière dont ce recueil est arrivé en France est mieux connue. Il est acquis à la fin du XVIIe s. à Istanbul par l’ambassadeur français auprès de la Sublime Porte, le sieur Pierre de Girardin (mort en 1689). Celui-ci signale en effet dans une lettre du 10 mars 1687 adressée à Louvois, ministre de Louis XIV et père de l’abbé de Louvois (1675-1719), maître de la Librairie et garde de la bibliothèque depuis 1684 (BnF, ms. français 7168, f. 84-87, éd. en partie par Jacobs, op. cit., p. 121), un manuscrit latin « composé apparemment dans le dernier siècle et qui contient quantité de figures d’instruments et machines de guerre, et est apparemment tombé entre les mains des Turcs au commencement des conquêtes qu’ils ont faites en Hongrie ». Ce manuscrit a été ajouté par Girardin à un lot de 15 manuscrits grecs, sélectionnés par le père Jésuite Pierre Besnier (1648-1705) et le sire Guillaume Marcel (1647-1708), tous deux membres de l’ambassade de France à Istanbul sur un ensemble de plus de deux cent obtenus (dérobés ?) avec l’aide d’un « rénégat Italien, homme d’esprit qui est au service du seliktar », le premier officier du sérail et favori du sultan. Le « Memoire mentionné en la lettre cy dessus de Manuscrits grecs anciens tirez du seral » ajouté à sa lettre par Girardin cite en effet en dernière position: « Anonyma machinae et tormenta militaria cum figuris volumen latine scriptum, folio ». Ce lot de livres a été reçu à la Bibliothèque royale au mois de février 1688 (BnF, département des Manuscrits, ms. Archives Ancien Régime 18, p. 254-255). L'ancienne cote de la Bibliothèque royale Regius 5015/2 est visible par transparence sous la contregarde supérieure.
Le manuscrit latin 7239 provenait aussi du sérail, comme l’indique le sceau du feuillet 1, mais rien ne prouve en revanche qu’il ait fait partie du butin du siège de Budapest en 1526, comme le laissait déjà supposer Girardin. La mention de Mustafâ sur le sceau noir visible au f.
Documents de substitution
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Présentation du contenu
Au f.
Fichier Avril
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Le fichier Avril a été constitué entre 1968 et les années 1990 par François Avril, conservateur au département des Manuscrits, à partir d’un examen systématique des manuscrits des fonds latin, français (et partiellement N.A.F.) et italiens, dans la perspective de l’élaboration d’un catalogue scientifique des manuscrits enluminés de la BnF. Cette documentation de travail est tenue à jour et complétée jusqu'en 2003.
Bibliographie
Catalogues: Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae regiae, IV, Paris, 1744, p. 330 : "1.°
ANSE DE VILLOISON (D’), « Notice des manuscrits Grecs et Latins qui, de la Bibliothèque des anciens Empereurs Grecs et de celle du sérail de Constantinople, sont passés dans la Bibliothèque Impériale », Notices et extraits de la Bibliothèque Impériale, VIII, 1810, p. 9-21. DELISLE (L.), Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Impériale, I, Paris, 1868, p. 296-298.
Texte et cartes: BABINGER (F.), « An Italian Map of the Balkans, presumably owned by Mehmet II the Conqueror (1452-53), Imago Mundi, VIII, 1951, p. 8-14. Reproduction en noir et blanc de la carte et du frontispice. BABINGER (F.), « Eine Balkankarte aus dem Ende des XIV. Jahrhunderts », Zeitschrift für Balkanologie, Jahrgang II, Wiesbaden, 1964, p. 1-5 (avec une reproduction de la carte en noir et blanc). BANFI (F.), « Two Italian Maps of the Balkan Peninsula », Imago Mundi, XI, 1954, pp. 17-24. BECK (J.), « The Historical « Taccola » and Emperor Sigismund in Siena », Art Bulletin, 50, 1968, pp. 309-320. BESEVLIEV (V.), Linguistique Balkanique, VII/2, Sofia, 1963. DUMITRIU-SNAGOV (I.), Târile Române în Secolulal XIV-lea, Codex Latinus Parisinus. Pauli Sancini Ducensis Tractatus de re Militari et Machinis Bellicis, Bucarest, 1979, commentaire en roumain. JOMARD (E. F.), Les Monuments de la Géographie, Paris, 1862, pl. VIII-35. Reproduction en noir et blanc. KNOBLOCH (E.), Mariano Taccola, De Rebus Militaribus (De machinis, 1449). Mit dem vollständigen Faksimile der Pariser Handschrift herausgeben, übersetzt und kommentiert von Eberhard Knobloch, Baden-Baden, Verlag Valentin Koerner, 1984 LABORDE (A. DE), « Un manuscrit de Marianus Taccola, revenu de Constantinople », dans Mélanges offerts à M. Gustave Schlumberger, Paris, 1924, p. 494-505. ROSE (P. L.), « The Taccola manuscripts », Physis (Rivista Internazionale di Storia della Scienza), 10, Florence, 1968, p. 337-346. SCAGLIA (G.), Mariano Taccola, De Machinis. The Engineering Treatise of 1449 (Fac-simile of Codex Latinus Monacensis 28 800 in the bayerische staatsbibliothek, München, with additional reproductions from Codex Latinus 7239 in the Bibliothèque nationale, Paris, etc.), Wiesbaden, 1971, plus spécialement I, p. 37-50 et II, p. 177-206 (planches). La carte n’est pas reproduite. VENTURI (G. B.), Dell’origine e dei primi progressi delle odierne artiglierie, Verona, 1815.
Décor et codicologie: DEGENHART (B.) ET SCHMITT (A.), Corpus der Italianischen Zeichnungen (1300-1450), t. II-4 : Mariano Taccola, Berlin, 1982. JUREN (V.), « La fortune critique de Pisanello médailleur (XVe-XIXe s.). Essai de bilan », Pisanello, actes du colloque organisé au musée du Louvre 26-28 juin 1996, Paris, 1998, I/2, p. 427-457.
Histoire: CSAPODI (Cs.), The Corvinian library, Budapest, 1973, p. 343-350 n° 584. JACOBS (E.), « Cyriacus of Ancona und Mehemmed II », Byz, Zeitschrift, XXX, 1929, 197-202. JACOBS (E.), Untersuchungen zur Geschichte der Bibliothek im Serai zu Konstantinopel, I, Heidelberg, 1919, p. 120-134. JOSSERAND (P.) et BRUNO (J.), « Les estampilles du département des Imprimés de la B. N. », Mélanges d’histoire du livre et des bibliothèques offerts à F. Calot, Paris, 1960, p. 264-265, n° 1. OMONT (H.), Missions archéologiques françaises en Orient aux XVIIe et XVIIIe s., I, Paris, 1902, 251- 278.
Expositions: AVRIL (F.), Dix siècles d’enluminure italienne (VIe-XVIe siècles), Paris, 1984, n° 113.
Bibliographie
1998
Mariano di Jacopo Taccola, De machinis bellicis ;
cité t. I, p. 431 n.23, reproductions p. 453, 454
Vladimir JUREN, " La fortune critique de Pisanello médailleur (XVe-XIXe). Essai de bilan ", Pisanello, Actes du colloque organisé au musée du Louvre par le Service culturel les 26, 27, 28 juin 1996, Paris : La Documentation française, 1998, t. 1/2, pp. 427-457.
Mss. [ 8° Pièce 6424
2006
cité p. 259
[Françoise FERY-HUE, « Notes et matériaux. étude de recettes et d'indications de couleurs relevées sur un manuscrit d'Adémar de Chabannes (Leiden, voss.Lat. O. 15). L'exemple de la couleur Gladius », in
F. 21v, 41v, 42, 42v, 44, 47
1992
M. Taccola, De Machinis bellicis (1459 ?), illustrations de puits (à balancier et butée, à roue, à pompe, à bielle), planches VII, X, XI, XII, XIII, XIV/a + pp. 532, 537, 539, 541
Danièle ALEXANDRE-BIDON, " Archéo-iconographie du puits au Moyen Age (XIIe-XVIe siècle) ", Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen Age 104/2 (1992), pp. 519-543
Mss. [ 8°pièce 6305
Fol. 39v
1998
voir c.r. dans bulletin codicologique, art. n° 469,
[
Mss. [ P 91
Bibliographie
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Informations sur le traitement
Notice rédigée par Emmanuelle Vagnon et Marie-Pierre Laffitte (août 2004).
Documents de substitution
Microfilm en couleur. Cote de consultation en salle de lecture : MFC 672. Cote de la matrice (pour commander une reproduction) : ICR 718.
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