Français 5256

Léopold Delisle a identifié le premier fragment (f. 1-12 : Droit et coutumes de Champagne, Ordonnances royales) à un des manuscrits donnés au nom du roi Charles V en 1371 par son confesseur Pierre de Villiers, futur évêque de Troyes (1375), au couvent des Jacobins de cette ville (Delisle 1907, I, p. 123). Dans la bordure supérieure du f. 1 se lit un ex-dono, souligné à l'encre rouge : « Istum librum, quem dedit rex Francie pro libraria communi istius conventus ordinis Predicatorum, quicumque alienaverit sententiam excommunicationis incurret ipso facto, sicut apparet per litteras papales quarum tenor est in fine hujus libri scriptus ». Le ms. étant incomplet de la fin, la bulle octroyée le 26 février 1371 par le pape Grégoire XI et transcrite à la fin de chacun des ouvrages cédés aux Frères prêcheurs est perdue. Comme l'indique l'annotation inscrite dans la bordure inférieure du f. 67v et dans la marge du f. 68, la partie centrale du ms. (Pièces annexes aux coutumes de Troyes) a appartenu à François Desmarets (16..-1697), avocat . Il y est précisé que les f. 58-67 sont de la main de son père Claude Desmarets : « Cette coppie est de la main de Me Claude Desmarés, avocat en Parlement, et a esté donnée par Me François Desmarés son fils, aussi avocat, pour estre mise au chartulaire des coustumes de Champaigne de la Bibliothèque de Monsieur Colbert, ministre et secrétaire d'Estat » (f. 67v). « Ex dono Francisci Desmarés in curia patronis et Facultatis jurium in Academia Parisiensi doctoris honorarii, domini de Palis et Luyeres (f. 68).

Selon une chronique de la fin du XVIIe, lors de la rénovation de la bibliothèque du couvent des Jacobins en 1545, les manuscrits « les plus curieux donnés par le roi Charles cinq et par frère Pierre de Villiers » avaient disparu (éd. Nebbiai 2010, p. 141).

L'ancien coutumier de Charles V entra dans la collection de Jacques-Auguste Ier de Thou . En 1617, le texte avait déjà été réuni à d'autres coutumiers pour former l'article 768 de l'inventaire établi à cette date : « Li droict et coustume de Champagne ; Coustumes du baillage de Troyes, 1493 ; Coustumes de Champagne, 1519 ; Enseignemens touchant les fiefz de Vitry ; Coustumes de Chaumont en Bassigny ; coutumes de Paris ; Coutume antienne de Poictou, 1267 » (ms. BnF, coll. Dupuy 653, p. 40v). À l'exception du dernier texte qui porte une estampille de la Seconde République, la composition du recueil est identique à l'actuel ms. Français 5256.

Peut-être le ms. avait-il été acquis vers 1596 par Jacques-Auguste de Thou avec la collection de Pierre Pithou (Catalogus bibliothecæ Thuanæ a clariss. VV. Petro & Jacobo Puteanis, ordine alphabetico primum distributus…, Paris, 1679, vol. I, p. 462).

La bibliothèque de Thou demeura dans la famille jusqu'à la mort deJacques-Auguste II de Thou en 1677. Deux ans plus tard, la bibliothèque fut divisée, et tandis que les imprimés étaient vendus à Jean-Jacques Charron, président de Ménars, la collection de manuscrits fut achetée par Jean-Baptiste Colbert par l'intermédiaire de Baluze. La cote « Cod. Colb. 2032 » figure au f. 1 du ms : cf. ms. BnF, NAL 1188, f. 32, n° 2032 : « Coustumes de Champagne. Cod. Colbertin. 2032, scripta complectens non una manu confecta nec uno seculo… ».

En 1732, Charles-Léonor Colbert, comte de Seignelay, céda les manuscrits de son aïeul à la Bibliothèque royale (Delisle 1868, t. I, p. 483-486).
Anciennes cotes inscrites dans la marge droite du f. 1 : « Codex Colb. 2032 » ; « Regius 9822.10 ».