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Fonds Pelliot chinois

Collection Pelliot chinois : présentation
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits
Notice en français.

Présentation du contenu


À l'exception de quelques feuillets trouvés par Paul Pelliot dans les ruines de Douldour-âqour ou sur le site voisin de Hiçar en avril et mai 1907, les manuscrits en chinois de la mission Pelliot proviennent des Grottes des Mille Bouddhas (Qianfodong) de Dun huang.


Située à l'extrême ouest de la province du Gansu, la commanderie de Dun huang fondée au ier siècle avant J.-C. marquait le point de départ des Routes de la soie vers l'Occident ; celle du nord conduisait au Ferghana par Tourfan et Koutcha, celle du sud en Bactriane par Khotan. Ces routes commerciales, empruntées aussi par les pèlerins, apportèrent à Dun huang les sources textuelles et iconographiques du bouddhisme indien et sérindien qu'elles mirent au contact de la tradition chinoise. De nombreux monastères furent établis à Dun huang ; on en compte jusqu'à 17 aux ixe et xe siècles et les études bouddhiques y prospéraient. À partir du milieu du ive siècle, la falaise de loess du site de Mogao à une trentaine de kilomètres au sud-est de Dun huang fut creusée de sanctuaires troglodytes. Il en subsiste près de cinq cents, établis et décorés entre le ive et le xive siècle. Le site était connu mais n'avait pas encore fait l'objet de fouilles lorsque Paul Pelliot l'atteignit en février 1908. Mark Aurel Stein y avait passé quelques jours en 1907 et avait acquis manuscrits et peintures auprès du moine taoïste Wang Yuanlu qui avait fortuitement découvert un réduit muré plus de neuf siècles auparavant où avaient été entassés plusieurs milliers de documents.


Pelliot s'attacha d'abord à l'étude archéologique des grottes dont il avait su apprécier l'intérêt. Le 27 février, il installa son campement sur le site où il resta jusqu'au 27 mai. La mission effectua alors un énorme travail : relevé topographique et numérotation des grottes, relevé des inscriptions, prises de vues par Nouette. Retardée par la guerre, la publication des clichés et du plan en six grands volumes s'échelonna de 1920 à 1924, inaugurant la série in-quarto de la Mission Pelliot en Asie centrale, alors que la publication de la transcription du Carnet de notes de Paul Pelliot, inscriptions et peintures murales, ne parut, en six volumes également, qu'entre 1986 et 1992.


Ayant eu accès à la grotte murée le 3 mars, Pelliot entreprit d'ouvrir chaque liasse et de parcourir chaque manuscrit afin d'en évaluer l'intérêt historique ou philologique. Dès le soir du 3 mars, après avoir « passé le mardi gras entier, dix heures de rang, accroupi dans la niche aux manuscrits, dix pieds sur dix pieds, avec deux et trois profondeurs de livres sur trois côtés », il eut une idée assez juste du contenu de la grotte : « À côté du chinois et du tibétain, on trouve encore, en moindre abondance, de la brahmi et du ouïgour. J'ai trouvé dès ce premier jour pas mal de pièces de comptes, de notes et de colophons datés ; tout remet à une époque qui s'étend du vie au xie siècle. [...] Aussi quelques images imprimées [...] ce seront les doyennes des imprimés de la Nationale. »


Jour après jour, jusqu'au 25 mars, il consacra tout son temps à l'examen et à la sélection des documents. Le 26, il rédigea sa fameuse lettre de 75 pages à Émile Senart, relatant « la plus fameuse découverte de manuscrits chinois que l'histoire de l'Extrême-Orient ait jamais eu à enregistrer [...] », et le 27 mars il reprit l'étude des grottes. Il quitta le site le 27 mai, la veille de ses trente ans.


Environ 4 000 documents dont environ 700 « pièces » récupérées par décollement constituent le fonds Pelliot chinois. S'y trouvent quatre estampages, des impressions xylographiques (quelques textes du xe siècle, mais surtout des images), des manuscrits avant tout. Ce sont des copies de textes « connus », antérieures aux éditions imprimées, mais surtout des textes « retrouvés », ou même jamais soupçonnés : la découverte d'une littérature « populaire » fut une des grandes révélations de Dun huang. Autre révélation que celle de documents d'archives vieux de mille ans : pièces administratives officielles, mais aussi archives de monastères ou archives personnelles qui permirent le développement d'études sur l'histoire économique et juridique de la Chine médiévale.


Paul Pelliot procéda à la cotation des manuscrits, dressant un premier inventaire sommaire pour une grande partie des documents. Cet inventaire fut complété par le professeur Naba Toshisada lors de son séjour à Paris en 1932 et 1933.

Venu à Paris où il séjourna entre 1936 et 1939 grâce à un échange entre la Bibliothèque nationale de Pékin et la Bibliothèque nationale, Wang Zhongmin entreprit d'établir le catalogue du fonds. Il poursuivit la cotation et l'inventaire et termina la rédaction des notices des manuscrits cotés 2001 à 2488. Son travail fut complété et poursuivi de 1952 à 1955 par Jacques Gernet, alors attaché au CNRS, et par Wu Chiyu, collaborateur technique au CNRS, pour les manuscrits cotés 2001 à 2500. Il restait à rédiger la description codicologique des manuscrits, effectuée par Michèle Cousin puis Hélène Vetch, et à préparer l'index, ce que fit Marie-Rose Séguy avant que ne paraisse en 1970 le volume I du Catalogue des manuscrits chinois de Touen-houang (Fonds Pelliot chinois). Pour les notices suivantes, le travail d'inventaire fut poursuivi par Dzo Ching-chuan dès son entrée au CNRS, en 1955, jusqu'en 1973. Ensuite, la rédaction des volumes III à V fut confiée à une équipe de recherche associée au CNRS spécialement créée en 1971 à l'instigation du professeur Paul Demiéville et dirigée par M. Michel Soymié, puis par Paul Magnin et enfin par Jean-Pierre Drège.

A la faveur du projet de numérisation des manuscrits, les catalogues papier ont été rétroconvertis et constituent l'actuelle version du catalogue en ligne. Dans le cadre de ce projet, quelques corrections et additions ont été apportées à un certain nombre de notices, ce qui explique les différences entre cette version en ligne et la version d'origine sur support papier citée en bibliographie.

Bibliographie

Catalogues imprimés

  • Catalogue des manuscrits chinois de Touen-houang (Fonds Pelliot-chinois), vol. I, nos 2001-2500, d'après les notes de P. Pelliot et de Wang Zhong min, par J. Gernet et Wu Chi-yu, M.-R. Séguy, H. Vetch et M.-R. Guignard, Paris, Bibliothèque nationale, 1970.
  • Catalogue des manuscrits chinois de Touen-houang. Fonds Pelliot chinois de la Bibliothèque nationale, vol. III, nos 3001-3500, sous la direction de Michel Soymié, Paris, Fondation Singer-Polignac, 1983. (Publication de l'Équipe de recherche sur les manuscrits de Dun huang et matériaux connexes, EPHE, IVe section associée au CNRS, ERA 438.)
  • Catalogue des manuscrits chinois de Touen-houang. Fonds Pelliot chinois de la Bibliothèque nationale, vol. IV, nos 3501-4000, sous la direction de Michel Soymié, Paris, « Publications hors série de l'École française d'Extrême-Orient », 1991.
  • Catalogue des manuscrits chinois de Touen-houang. Fonds Pelliot chinois de la Bibliothèque nationale, vol. V, 2 tomes, nos 4001-6040, sous la direction de Michel Soymié, Paris, « Publications hors série de l'École française d'Extrême-Orient », avec le concours de la fondation Singer-Polignac, 1995.
  • Wang Zhong min, « Répertoire des manuscrits Pelliot. Nos 2001-5579 », p. 253-313, dans Dun huang yishu zong mu suo yin, [Index général des manuscrits chinois de Dun huang dispersés dans le monde], Pékin, 1962.

Inventaire manuscrit

  • « Collection Pelliot. Manuscrits. Inventaire sommaire des rouleaux Pelliot-Chinois 2001-4521 et 5522-5544 ».

Documents de substitution

Les manuscrits de la collection Pelliot chinois sont tous microfilmés. Les microfilms sont en N&B. Ils portent la même cote que les manuscrits.

Les manuscrits sont tous numérisés et sont accessibles en ligne.

Informations sur le traitement

Présentation du contenu

PRÉFACE au premier volume :

I. LA TROUVAILLE.

Lesmanuscrits chinois de Dun huang, décrits dans ce catalogue et dans ceux qui suivront, furent rapportés à Paris par la Mission en Asie centrale (1906-1908) que dirigeait Paul Pelliot (1878-1945), mission qui fit entrer dans lescollections nationales d'inestimables trésors. Les manuscrits chinois, tibétains, sogdiens, khotanais, koutchéens, sanscrits, ouïgours et même un fragment en hébreu, en même temps que la matière d'une riche bibliothèque d'érudition acquise à Shanghai et à Pékin composée d'imprimés en langue chinoise et de quelques manuscrits (Fonds Pelliot A et B) entrèrent en 1910 au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale par décision du Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, sur avis de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Dans l'esprit de Pelliot, l'acquisition desouvrages imprimés était le complément indispensable à la mise en œuvre des manuscrits, et il a pu dire avec fierté : « Nous rapportons à la Bibliothèque nationale une bibliothèque d'imprimés chinois comme il n'y en avait pas enEurope, et une collection de manuscrits chinois qui n'a pas d'équivalent même en Chine » (BEFEO, X, 1910,p. 281). Des bois sculptés, des bronzes, des céramiques, des sculptures d'argile et des peintures enrichirent les collections du Musée du Louvre avant d'être définitivement installés au Musée Guimet.

Le site de Dun huang,dernier bastion chinois de la province du Gan su aux confins du désert de Gobi, était bien connu. La commanderie fondée vers l'an 100 av. J.-C. avait été le point de départ de deux routes (puis de trois sous la dynastie Tang) vers les «régions occidentales », xi yu. Placé au débouché des sources indiennes et sérindiennes, Dun huang devint un centre d'études bouddhiques important pendant plusieurs siècles. D'après Shen Tsu lung,La vie et les œuvres de Wou-tchen, 816-895, contribution à l'histoire culturelle de Touen-Houang, Paris, 1966, il faut faire remonter à l'an 353 ap. J.-C. l'ouverture de la première grotte. Oasis prospère et de forte culture chinoise, Dun huang devait subir cependant les invasions desOuïgours et des Tibétains. La domination de ces derniers se prolongea presque un siècle durant, de 781 (ou 787) à 848 ; mais, gouvernants et gouvernés ayant la même religion, l'entente se fit sans trop de peine grâce à l'organisation d'un enseignement bilingue dans lequel les moines bouddhistes jouèrent un rôle important. L'énorme masse et la nature des textes tibétains et chinois sont une preuve de l'importance des études monastiques locales et de l'ouverture des écoles aux laïcs désireux de se préparer aux services publics dans l'administration du royaume tibétain. A Dun huang, moines et nonnes formaient un fort pourcentage de la population. Ils étaient groupés dans des monastères dont le nombre avait atteint 17 aux IXe et Xe siècles.

Cette grande prospérité sombra sous le raz de marée d'une nouvelle invasion barbare, celle des Tangouts ou Xi xia en 1035. En hâte les trésors des couvents furent rassemblés, entassés et murés dans une cachette creusée dans la falaise le long d'une des innombrables grottes sculptées et peintes offertes par de pieux donateurs. C'est du moins l'explication préconisée par P. Pelliot, tandis qu'Aurel Stein y voyait plutôt un dépôt de rebuts sacrés (« a deposit of sacred waste »,Serindia, II, p. 820), opinion partagée par le savant japonais Fujieda Akira (The Tunhuang manuscripts, a general description, Part I. Memoirs of the Resarch Institute for Humanistic Studies. Zinbun, 9, Kyōto University,1966). Le nom de ces grottes sous la dynastie Tang était Mo gao ku, grottes de hauteur inégalée, et nonQian fo dong, grottes des mille Buddhas, comme on les appelle maintenant. Neuf siècles durant, toute trace de la bibliothèque emmurée fut perdue et ce n'est qu'en 1899 qu'un moine taoïste nommé Wang Yuan lu fit tomber, par hasard, la cloison crépie et ornée qui obstruait la cachette.

Des manuscrits furent offerts en cadeaux aux mandarins locauxet commencèrent à circuler. La nouvelle se répandit. Un explorateur britannique d'origine hongroise : Aurel Stein, lors de sa seconde expédition en Asie centrale, financée par le Gouvernement des Indes et les Trustees du British Museum (1906-1908), fut le premier étranger à avoir accès à la grotte. Il acheta une partie de la trouvaille, la plus brillante sinon la plus intéressante ; il était archéologue et non sinologue. Les manuscrits chinois ainsi acquis entrèrent au British Museum en janvier 1909. Un catalogue, qui comporte 8102 notices descriptives (dont 6794 bouddhiques), en a été rédigé par Lionel Giles, Descriptive catalogue of the Chinese manuscripts from Tunhuang in the British Museum, Londres, 1957. 3000 fragments environ n'ont pas été inclus dans ce catalogue et l'identification n'en est pas achevée.

Un compte rendu détaillé de sa mission avait été donné par Aurel Stein en cinq grands volumes in-folio : Serindia, Detailed Report of Explorations in Central Asia and Westernmost China, carried out and described..., by Aurel Stein...,Oxford, Clarendon Press, 1921. Une première ébauche des deux premiers tomes d'un catalogue méthodique de la collection Stein, plus détaillé que celui de Giles, d'après un microfilm intégral rapporté du British Museum au Japon en 1952 a paru par les soins d'un Institut de Touenhouangologie ayant son siège au Tōyō Bunko de Tōkyō, Stein Tonkō bunken oyobi kenkyūbunken ni inyō shōkai seraretaru Seiiki shutsudo kambun bunken bunrui mokurokushokō, I, 1964, II, 1967 ; ces volumes portent sur les pièces documentaires non bouddhiques découvertes à Dun huang et en Sérinde.

Un an après la visite de Sir Aurel Stein, Paul Pelliot put passer trois mois à Dun huang et y trier, grâce à sa compétence sinologique inégalée, les spécimens les plus intéressants de la grotte-bibliothèque. A cela il faut ajouter la documentation recueillie sur l'ensemble du site : relevés d'inscriptions et de graffiti localisés dans près de quatre cents grottes, estampages de stèles, photographies de fresques, tirages des planches xylographiées consacrées à la description officielle locale. Rien ne peut mieux manifester l'importance de la trouvaille que l'enthousiasme qui paraît dans la lettre de Paul Pelliot adressée de Dun huang à Émile Senart, le 26 mars 1908 (P. Pelliot,Une bibliothèque médiévale retrouvée au Kan-sou,in BEFEO, VIII, 1908, pp.505-529) :

« M. Stein avait travaillé dans la grotte pendant trois jours,et acheté officiellement un certain nombre de manuscrits, au su du mandarin local... Le 3 mars, pour le mardi gras, je pus entrer dans le saint des saints; je fus stupéfié. Depuis huit ans qu'on puise à cette bibliothèque, je la croyais singulièrement réduite. Imaginez ma surprise en me trouvant dans une niche d'environ 2 m 50 en tout sens, et garnie sur trois côtés, plus qu'à hauteur d'homme, de deux et parfois trois profondeurs de rouleaux. D'énormes manuscrits tibétains serrés entre deux planchettes par des cordes s'empilaient dans un coin : ailleurs des caractères chinois et tibétains sortaient du bout des liasses. Je défis quelques paquets. Les manuscrits étaient le plus souvent fragmentaires, amputés de la tête ou de la queue, brisés par le milieu, parfois réduits au seul titre : mais les quelques dates que je lus étaient toutes antérieures au XIe siècle, et dès ce premier sondage, je rencontrais quelques feuillets d'un pothī en brahmi et d'un autre enouïgour. Mon parti fut vite pris. L'examen au moins sommaire de toute la bibliothèque s'imposait, où qu'il dût me mener. De dérouler d'un bout à l'autre les quelque 15000 à 20000 rouleaux qui se trouvaient là, il n'y fallait pas songer ; je n'en eusse pas vu la fin en six mois. Mais je devais au moins tout ouvrir, reconnaître la nature de chaque texte, et quelles chances il offrait d'être nouveau pour nous ; puis faire deux parts l'une de crème, de gratin, de ce qu'il fallait se faire céder à tout prix, et l'autre qu'on tâcherait d'obtenir tout en se résignant, le cas échéant, à la laisser échapper. Malgré que j'aie fait diligence, ce départ m'a pris plus de trois semaines. Les dixpremiers jours, j'abattais près de 1000 rouleaux par jour, ce qui doit être un record : le 100 à l'heure accroupi dans une niche, allure d'automobiliste à l'usage des philologues. J'ai ralenti ensuite... Toutefois je ne pense pas avoir rien négligé d'essentiel. Il n'est pas seulement un rouleau, mais un chiffon de papier — et Dieu sait qu'il y avait de ces loques — qui ne m'ait passé par les mains, et je n'ai rien écarté qui ne m'ait paru sortir du cadre que je m'étais tracé... Aussi malgré tous les cadeaux faits, malgré le passage de notre confrère Stein, ai-je trouvé la grande majorité des liasses encore cousues, intactes, telles en un mot qu'elles furent déposées dans la grotte il y a plus de huit siècles. »

Lorsque Pelliot, après avoir à la fin de 1908 renvoyé en France ses compagnons chargés du fruit de la mission, revint à Pékin en 1909 après un séjour en Indochine, il apportait avec lui plusieurs dizaines de manuscrits à seule fin de les montrer aux savants de la capitale. KandaKiichirō dans son Tonkōgaku goju nen (Cinquante années de Touenhouangologie, Tōkyō, 1960), raconte d'après la presse pékinoise de l'époque le banquet organisé en son honneur le 4 septembre 1909, avant son départ, par une dizaine de savants parmi les plus célèbres et chargés de fonctions officielles pour le féliciter et le fêter. Dès novembre 1909, les éditions de Tōkyō et d'Ōsaka du journal Asahishimbun commencent à parler de la découverte de Dun huang.

Le passage de Pelliot fut suivi de celui d'une mission japonaise (1910-1914), la troisième de celles dirigées puis patronnées en Asie centrale, à partir de1902, par le comte Ōtani Kōzui (1867-1947), abbé du Nishi Honganji de Kyōto et chef de la secte Shin. Le résultat de cette mission fut l'arrivée au Japon, en1914, de 4 à 500 rouleaux cédés par le taoïste Wang. Essentiellement bouddhiques, ces manuscrits après des fortunes diverses semblent avoir été oubliés dans le kura du Nishi Honganji (magasin du Bureau des affaires intérieures du temple) jusqu'à l'année 1949 où,redécouverts, ils furent transférés dans la bibliothèque de l'université Ryūkoku adjointe au Nishi Honganji. Un centre pour l'étude de la civilisation sérindienne a été créé en 1950 sous la direction de Ishihama Juntarō et on entrouve l'inventaire dans les Monumenta Serindicapubliés en six beaux volumes in-folio par cet institut : Seiiki bunka kenkyū, I, Chinese Buddhist Texts from Tunhuang ; II et III, Chinese Fragmentary Manuscripts on Social and Economie History ; IV,Buddhist Manuscripts and Secular Documents in Ancient Languages of Central Asia ; V, Buddhist Arts ; VI, Miscellanies ; Kyōto, 1958-1963. De son cōté, le gouvernement impérial chinois cependant avait pris sur les instances de deux ministres, Li Sheng de et Liu Ding shen, la décision de ramener à Pékin les restes de la bibliothèque et de mander cinq sinologues de Kyōto pour aider à les lire dès octobre 1910. Pendant le trajet de nombreux textes disparurent de sorte qu'à l'arrivée, les deux ministres bibliophiles furent accusés par les savants du piètre état de la collection ; seuls les troubles de la fin de la dynastie mandchoue et la révolution les sauvèrent d'une dénonciation infamante. La collection, essentiellement bouddhique (70 pour 100), conservée maintenant à la Bibliothèque nationale de Pékin compte d'après Xu Guo lin environ 9871 pièces. Seul un inventaire très sommaire en a été publié : Chen Yuan, Dun huang jie yu lu,Pékin, 1931.

L'indianiste russe Serge d'Oldenbourg, lors de sa deuxième expédition en Asie centrale (1914-1915), put encore faire une récolte extraordinairement abondante — une dizaine de milliers de documents — soit par achats dans la région, soit en fouillant le sol de la grotte (?). La publication du journal de cette mission, annoncée depuis plusieurs années, nous en dira davantage sur les conditions dans lesquelles fut constituée cette collection. Plusieurs sinologues d'Orient et d'Occident eurent la révélation de celle-ci à l'occasion du Congrès international d'Orientalisme qui se tint àMoscou en 1960. Une équipe de jeunes sinologues russes, sous la direction de L.N. Men'sikov, a donné depuis lors les deux premiers volumes d'un excellent catalogue des manuscrits du fonds de Dun huang conservé à l'Institut des Peuples de l'Asie de l'Académie des Sciences à Leningrad (Opisanie kitaïskih rukopiseï Dun'huanskogo fonda Institutanarodov Azii, Moscou, I, 1963 et II, 1967).

II. LA COLLECTION.

Les grandes collections de Londres, de Paris, de Pékin, de Kyōto, de Leningrad, auxquelles s'ajoutent quelques collections numériquement plus faibles (surtout au Japon ; en Europe, la plus importante est celle de la Bibliothèque royale de Copenhague avec 13 manuscrits) forment un ensemble d'une importance capitale. Pelliot l'a bien exprimé, lors de la réception solennelle donnée en son honneur dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 10 décembre1909 (BEFEO, X, 1910, pp.272-281) :

« Vous vous imaginez sans peine quelle émotion poignante m'a saisi : j'étais en face de la plus formidable découverte de manuscrits chinois que l'histoire d'Extrême-Orient ait jamais eu à enregistrer... Les anciens manuscrits chinois étaient très rares en Chine et il n'y en avait aucun en Europe. De plus, nous ne pouvions travailler que sur des livres, jamais sur des documents qui n'eussent pas été expressément rédigés en vue de la publicité. Pour la première fois, les sinologues pourront, à l'imitation des historiens de l'Europe, travailler sur des archives... »

En effet, la découverte de l'imprimerie en Chine, sept siècles avant Gutenberg, avait eu pour effet la disparition des textes manuscrits. C'est du reste dans la bibliothèque de Dun huang qu'apparaissent quelques-uns des premiers témoins connus d'imprimés xylographiques.

Les grandes révélations de Dun huang restent cependant la masse des documents d'archives et la découverte d'une littérature populaire en langue vulgaire, jusqu'alors ignorée.

Les documents d'archives, quels sont-ils ? Ce sont des pièces officielles : édits, proclamations, nominations, pétitions, mémoires qui jettent un jour nouveau sur l'histoire de la Chine médiévale en un point marginal mais important de son territoire ; des archives de monastères : actes d'ordination, comptes, contrats (prêts ou achats),circulaires d'association bouddhiques, règlements des fondations pieuses ; des archives personnelles : correspondances, contrats, qui constituent un matériel inestimable pour l'histoire juridique et économique. Après les travaux du savant japonais Naba Toshisada, la thèse de Jacques Gernet :Les aspects économiques du bouddhisme dans la société chinoise du Ve au Xe siècle, Saïgon, 1956, nous présente une centaine de ces documents.

Quant à la littérature populaire en langue vulgaire, M. Paul Demiéville n'a pas consacré moins d'une dizaine d'années de ses cours au Collège de France (1951-1962) à l'expliquer. Les savants chinois et japonais s'intéressent vivement à cette littérature qui annonce et prépare le mouvement littéraire moderne.

M. P. Demiéville a déjà publié et traduit quelques-uns de ces textes. Les chansons retrouvées à Dun huang font l'objet d'une importante publication de M. Rao Zong yi et de M. Demiéville sous presse aux éditions du Centre national de la recherche scientifique (C.N.R.S.) :Airs de Touen-houang (Touen-houang k'iu), textes à chanter du VIIIe-Xe siècle (Mission Paul Pelliot, documents conservés à la Bibliothèque nationale, II).

A côté de ces deux grands centres d'intérêt, la collection de Paris offre une extrême variété de textes du Ve auXe siècle : traités d'éducation populaire, manuels d'enseignement élémentaire, dictionnaires, textes classiques, historiques, topographiques, bouddhiques, taoïques, un fragment manichéen. Les fragments du Ben ji jing, ouvrage taoïste inédit du VIIe siècle, ont été publiés par M. Wu Chi-yu aux éditions du C.N.R.S. en 1960 (Mission Paul Pelliot..., I).

On y trouve encore nombre de documents importants pour l'histoire du livre : quelques exemples des rouleaux de soie enduite de cire, qui longtemps formèrent un des supports des livres, des rouleaux peints (Śāriputra et les Six maītres d'erreur, publié par Mme Vandier-Nicolas en 1954, le Sūtra des dix rois del'Enfer, le Guan yin jing), des estampages dont l'un, « l'empereur des estampages », est le plus ancien actuellement connu, des images et textes des débuts de l'imprimerie xylographique, une des grandes inventions chinoises.

Le papier, support de la majorité des documents, offre un champ d'étude dont l'intérêt n'est pas encore épuisé malgré les recherches de R. H. Clapperton :Paper. An historical account of its making by hand from the earliest times down to the present day..., Oxford, 1934. Les composantes de la pâte, selon Clapperton qui a étudié des manuscrits du British Museum datés de 405 à 991, sont le liber du mûrier à papier broussonetia papyrifera, ou un mélange de ces fibres avec celles du liber de la ramie. La prédominance de la fibre du mûrier à papier est aussi le résultat auquel arrive Mme FrançoiseFlieder, attachée de recherches au C.N.R.S. qui, en 1967, a procédé à notre demande à l'étude microscopique d'échantillons de papier assez tardifs, tirés de pièces de réparation décollées de nos manuscrits.

Dès 1960, le Prof. Dr. Ing. Georg Jayme, directeur de l'Institut für Cellulosechemie mit Holzforschungsstelle der Technischen Hochschule Darmstadt, obtenait par l'entremise du Dr. Meisezahl de Bonn l'autorisation de faire l'analyse microscopique de papiers décollés de 8 manuscrits tibétains et de 13 manuscrits chinois de nos collections (ces derniers étudiés également par Mme F. Flieder). Les résultats de l'analyse entreprise sous sa direction ont paru à l'occasiondu 70e anniversaire du Prof. Dr. Ing. Georg Jayme sous le titre :Mikroskopische Untersuchung einiger früher ostasiatischer Tun-huang-Papiere von Marianne Harders-Steinhaüser, dans la revueDas Papier, 23 (4, 5) avril et mai 1969, pp. 210-212, 272-276. Cette analyse très poussée accuse la prédominance des fibresdu mûrier, mais décèle aussi l'addition de fibres minces de thymeleacées, de chanvre ou de ramie, enfin de chiffons broyés. Parmi les papiers examinés,aucun n'est de pur chiffon. Presque tous les papiers portent des traces d'encollage à l'amidon de riz, plus ou moins fort et plus ou moins régulier. Cependant les papiers faits de pur broussonetiatiennent l'encre sans encollage grâce aux propriétés du suc de la plante.

Fujieda Akira, dans The Tunhuang manuscripts, a general description, Part I, Zinbun, 9,Kyōto, 1966, avance que jusqu'à la fin du VIIIe siècle la pâte du papier de bonne qualité est faite de tissus de chanvre broyés, tandis que les documents administratifs des IXe et Xe siècles sont écrits sur papier du liber du mûrier à papier.

Des prélèvements systématiques seront encore faits pour arriver à un approfondissement souhaitable de la question. Le simple examen des manuscrits permet de constater que la qualité du papier très belle jusqu'à la moitié du VIIIe siècle, va se détériorant après la situation trouble créée par la rébellion de An Lu shan et par l'occupation tibétaine qui coupait Dun huang de ses sources d'approvisionnements en Chine propre. De mince, lisse, résistant, nerveux, à fines vergeures et pontuseaux, le papier devient épais, irrégulier, mou, poreux, à vergeures grossières.

La forme matérielle desmanuscrits, du Ve siècle à l'an 993 (dernier nian hao de la collection à ce jour) est celle de rouleaux plus ou moins longs, formés de feuilles de papier collées bout à bout, d'un format de un pied chinois sur un pied chinois et demi ou deux, soit très approximativement de 26x 39 cm, 26 x 52 cm ou 30 x 45 cm (documents officiels), la longueur du pied ayant varié de 26 cm (IIIe siècle) à 30 cm (dynastie Tang).

Quelques rares rouleaux sont d'un format plus petit. Le papier est souvent imprégné de teinture pour le protéger des insectes. L'orpiment ou sulfure de mercure lui donne en particulier une teinte jaune au reflet verdâtre bien caractéristique.

Les feuilles sont le plus généralement réglées soit par pliage, soit à la pointe sèche, soit à l'encre pour former des colonnes de 18 à19 cm de haut d'un écartement de 1,5 à 1,8 cm. La feuille de couverture estfaite de papier plus épais ou redoublé et maintenue rigide en son bord extérieur par une fine lamelle de bambou, de bois ou une tige de céréale. L'attache du rouleau est faite d'un lien de soie cousue (taffetas, sergé broché) ou d'un ruban tissé en fils de soie de plusieurs couleurs. Le bâton de roulage est collé dans la feuille extrême dont les coins sont coupés en biais. Ses extrémités sont souvent peintes ou laquées, brun, rouge, noir, ou rouge etnoir, ou faites de bois fin poli, travaillé, incrusté de nacre et de turquoise, par exemple.

Les rouleaux étaient groupés par dix dans des enveloppes rectangulaires d'environ 30 cm de hauteur et de longueur variable, faites soit en fines lamelles de bambou reliées ensemble par des fils de soie formant des galons brodés, soit en taffetas de soie, bordé de brocart et soutenu par des bandes de ke si. Fujieda Akira, dansZinbun, 9, 1966, p. 19 dit n'en avoir pas vu de spécimen complet sauf dans le trésor du Shōsō-in de Nara où ils mesurent 30 x50 à 60 cm. En fait le Musée Guimet en possède cinq magnifiques exemplairesprovenant de Dun huang, trois en lamelles de bambou (cotés E.O. 1200, E.O. 1208,E.O. 1209) et deux en soie (E.O. 1207, E.O. 1199). L'enveloppe cotée E.O. 1208semble complète car ses deux extrémités sont renforcées chacune par 4 lamellesde bambou plates et larges d'environ 3 mm. Elle est entièrement doublée de papier couvert de caractères et d'empreintes de sceaux et mesure 29 x 43,5 cm. Les deux enveloppes de soie sont complètes. E.O. 1207 (28 x 55,5 cm) est formée d'un rectangle de taffetas de soie beige entièrement doublé de papier recouvert de gros pongé de soie jaune verdâtre. Le début est renforcé par une baguette plate en bois. Un large lien est cousu par son milieu, sur le côté doublure au centre du panneau. L'enveloppe est entièrement bordée d'une large bande de grosse soie sergée brochée et ornée transversalement de deux bandes d'un très beau ke si. E.O. 1199 (28 x 46 cm) est également complète, disposée selon le même plan, mais trois larges bandes du même sergé broché que la bordure sont disposées en triangle pour faciliter l'enroulement et le serrage.

Les fragments de tissus de soie et les enveloppes de rouleaux du Musée Guimet, les liens de soie et les couvertures de quelques manuscrits des fonds chinois et tibétains de la Bibliothèque nationale font l'objet d'études de M. Gabriel Vial et de Mme Krishnā Riboud, avec la collaboration de Mlle M. Hallade, dont un volume : Tissus de Touen-houang, vient de paraître dans la collection « Mission PaulPelliot, Documents archéologiques publiés sous les auspices de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres », XIII, Paris, 1970. Consacré aux méthodes de tissage, il sera suivi de deux volumes de reproductions et de description systématique des documents.

L'histoire du livre chinois est illustrée dans notre collection par les premiers témoins de la transformation du rouleau en livre en accordéon dit xuan ye zhuang « broché en tourbillon » ou en cahier hu die zhuang «broché en papillon ». La forme des livres sanscrits et tibétainspothī y est aussi représentée pendant la domination tibétaine de Dun huang.

L'art calligraphique enfin trouve,grâce aux manuscrits de Dun huang, matière à études brillamment inaugurées par Fujieda Akira dans la revue Bokubi : « Les beautés de l'encre », qui paraît à Kyōto avec une illustration somptueuse.

Notre collection peut encore donner lieu à multiples découvertes : textes inédits, études de la langue parlée pendant quelques siècles en ces contrées éloignées de la capitale et des graphies particulières des caractères dont on pourrait dresser un véritable répertoire. Le dénombrement de ces richesses ne pourra être fait qu'à l'aide de catalogues détaillés et d'index dont la préparation avance lentement, mais pour lesquels une mine de documentation est déjà rassemblée.

III. LES INVENTAIRES.

Premieri nventaire dressé par Paul Pelliot. — Au cours des années qui suivirentson retour à la fin de 1909, Paul Pelliot rédigea des notices sur les manuscrits chinois de Dun huang et les écrivit de sa main sur le recto de feuilles volantes, tantôt doubles, tantôt simples. Montées sur onglets et reliées par la suite, elles constituent un grand registre de toile grise, qui fut complété après la mort du savant en 1945 par des notices sur les Pelliot chinois 3512 à 3592, retrouvées dans ses papiers. Le travail de Pelliot semble avoir été achevé en 1920 après l'interruption de la guerre. Ce registre n'est pas à la disposition du public. C'est une copie moins complète de la main d'Edgard Blochet qui figure dans les catalogues de la Salle orientale du Département des manuscrits.

Ces notices sont très brèves, d'une à dix lignes ; souvent elles donnent une appréciation sur l'importance du texte, sur la date et la qualité de l'écriture, sur la beauté du manuscrit. Parfois elles portent les mentions « photographié » ou « à photographier », « à publier », «à remonter et reproduire ». Les textes manuscrits ou imprimés particulièrement précieux par leur rareté ou leur beauté portent les cotes 4500 à 4516 et les notices concernant ces pièces sont suivies de la mention « Réserve ».

Le premier numéro donné par Pelliot dans son inventaire est 2001, fait qui intrigue tout le monde. Il s'explique par le désir de réserver une tranche de2000 numéros pour la collection de manuscrits tibétains (Fonds Pelliot tibétain), dont Jacques Bacot avait été chargé à l'origine de rédiger un inventaire sommaire. Cette tranche s'est révélée bien insuffisante, puisque le troisième volume de l'Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-houang conservés à la Bibliothèque nationale par MarcelleLalou, publié en 1961, s'achève sur le Pelliot tibétain 2216 et que le travail n'est pas terminé.

La dernière cote de l'inventaire chinois de Pelliot est 5544. Des lacunes apparaissent dans la numérotation des documents. Certaines ont déjà été comblées, comme il sera dit plus loin ; il en subsiste deux d'importance, de 4100 à 4499 et de 5044 à 5521.

En plus de ces grandes lacunes, il y a dans l'inventaire de Pelliot absence totale de description pour plusieurs centaines de documents, et plus de trois cents textes n'y sont pas identifiés.

De nombreux manuscrits bilingues sont restés dans le fonds Pelliot chinois, surtout chinois-tibétain,chinois-khotanais. D'autres, en plus petit nombre, sont tantôt restés dans le fonds chinois, tantôt ont été intégrés dans les fonds Pelliot sogdien, Pelliot sanskrit, Pelliot koutchéen, Pelliot ouïgour.

L'inventaire du fonds chinois établi par Pelliot a été partiellement traduit en chinois par Luo Fuzhang (Guo xue qi kan, nouvelle série, I, 4, 1923) et par Lu Xiang (Guo li Bei ping tu shu guan guan kan, VII, 6, 1933 et VIII, 1, 1934). La Bibliothèque nationale de Pékin possède une collection considérable de photographies de ce fonds (plus de 90 pour 100 de l'ensemble, d'après le « Catalogue-index » de Pékin, 1961, post-scriptum de Wang Zhongmin, p. 543). Photographies et microfilms ont été exécutés sous la direction de Wang Zhongmin à partir de 1937 lors de son séjour à la Bibliothèque nationale de Paris de 1934 à 1939 (cf. Yuan Tongli, «Catalogue général des photographies de documents écrits de Dun huang conservés outre-mer, actuellement déposées à la Bibliothèque nationale de Bei ping »,dans Guo li bei ping tu shu guan guan kan,nouvelle série, II, 4, 1940, postface).

Complément à cet inventaire par Naba Toshisada, (alors) professeur à la Faculté des Lettres de l'Université impériale de Kyōto. — Ce sont des notes succinctes en français, laissées par le professeur Naba après un séjour d'études à Paris en 1932 et 1933. Elles portent sur les Pelliot chinois 3511 à 5541, avec de nombreuses lacunes.

Catalogue de Wang Zhongmin, (alors) bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de Pékin, venu à Paris comme bibliothécaire d'échange de 1934 à 1939. — en quittant Paris après cinq années d'un labeur acharné, cet éminent bibliographe, devenu depuis lors directeur de la Bibliothèque nationale de Pékin, nous laissait des notices sur les manuscrits 2001 à 2488 ; il emportait les brouillons (corrigés pour le français) des notices sur la suite du fonds. Son séjour ultérieur à la Library of Congress de Washington, où il fut surchargé de travaux bibliographiques, ne lui permit d'envoyer à Paris, en 1946, que des photocopies des brouillons des notices 2480 à 4099 et 4526 à 4649, avec d'assez nombreuses lacunes. Son travail, traduit en chinois et complété, a été publié depuis dans le «Catalogue général et index des reliques écrites de Dun huang »(Dun huang yi shu zong mu suo yin), Pékin, Commercial Press, 1962, pp. 253-313, qui décrit les manuscrits 2001 à 5579, moins les lacunes 4100 à 4499 et 5044 à 5521 et 28 lacunes dispersées dans la suite des cotes. D'autres notices, plus détaillées, ont été publiées par Wang Zhongmin en deux fascicules intitulés Ba li dun huang can juan xu lu (Introduction aux rouleaux fragmentaires de Dun huang à Paris), Bibliothèque nationale de Pékin, 1936 et 1941. La plupart de ces notices sont rééditées dans un ouvrage plus récent du même auteur, qui en contient une série d'autres dues à divers auteurs antérieurs : « Introduction aux documents anciens de Dun huang » (Dun huang gu ji xu lu), Pékin, Commercial Press, 1958.

Aux temps héroïques où la collection fut déposée par Pelliot à la Bibliothèque nationale, c'étaient les restaurateurs du Musée du Louvre qui nettoyaient, défroissaient et remontaient les rouleaux à la demande de Pelliot et par l'intermédiaire du conservateur enchef du Département des manuscrits, Henri Omont. Depuis lors, grâce au développement de l'atelier de restauration de la Bibliothèque nationale, Wang Zhongmin eut la chance de collaborer directement avec restaurateurs et restauratrices. Ainsi furent démontés et remontés nombre de documents. Des manuscrits qui avaient été collés face à face pour obtenir de nouvelles surfaces à écrire lors de la pénurie de papier à Dun huang ont été décollés, des feuilles de renfort ou de réparation d'origine provenant de manuscrits sacrifiés ont été récupérées, multipliant les manuscrits.

Ainsi ont été comblées par Wang Zhongmin la plupart des lacunes du fonds de 4691 à 5043 en particulier, sauf les deux grands vides subsistant de 4100 à 4499 et de 5044 à5521. Le fonds a même été augmenté par lui de 46 numéros de 5545 à 5590, et par nous de 6 numéros. Les fragments ainsi récupérés ne portent pas tous un numéro distinct, mais sont souvent regroupés sous un seul numéro avec sous-cotes et sous-sous-cotes. Leur étude donnera peut-être lieu à de nouveaux rapprochements qui pourront amener des changements de cotes.

Notes en français du professeur Yang Liansheng de Harvard. — Lors d'un court séjour à Paris en 1951, ce savant a bien voulu nous laisser des notes concernant les manuscrits 5543 à 5590.

Une nouvelle série a été ouverte il y a quelques années lorsque des restaurations plus poussées ont permis de décoller des pièces de réparations d'origine en vue de dégager les textes qu'elles recouvraient. A toutes ces pièces a été affectée la cote du document dont elles proviennent suivie de la mention « pièce 1 », « pièce 2 », etc. (voir par exemple sous le Pelliot chinois 2161).

La statistique du fonds Pelliot chinois s'établit actuellement ainsi :

Manuscrits cotés 2001-4099 2099Inoccupés Pelliot chinois 4100-4499.Manuscrits cotés 4500-5043 544Inoccupés -Pelliot chinois 504-45521.Manuscrits cotés 5522-5596 75Les cotes 4514, 4517, 4518 comportent à elles seules 167 documents classés sous 71 sous-cotes 167Sous 21cotes (4525, 4690, 5023-5025, 5028, 5029, 5031, 5546, 5557bis, 5561, 578, 5579, 5581, 5582, 5584, 5586-5590)sont regroupés 315 fragments manuscrits. 315Pièces récupérées par décollement et classées comme « pièces » sous lesnuméros des manuscrits dont elles proviennent, environ. 700TOTAL ENVIRON3900

Cette statistique est sujette à être révisée en fonction de nouveaux décollements, de rapprochementsde fragments et d'autres modifications qui pourront survenir au cours des recherches futures.

Catalogue Jacques Gernet --Wu Chi-yu. — Pour refondre tant d'éléments épars en un catalogue enfin complet et cohérent, il a été fait appel à M. Jacques Gernet, alors attaché au C.N.R.S.(aujourd'hui professeur à l'Université de Paris VII) et à M. Wu Chi-yu, alors collaborateur technique (actuellement chargé de recherches) au C.N.R.S. De 1952 à 1955, ces deux savants mirent au point, en collaboration, le texte dactylographié d'un premier volume du catalogue, portant sur les Pelliot chinois 2001 à 2500. Ce travail a été couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Prix du Budget, 1957).

Le présent volume. — La description minutieuse de l'aspect matériel des textes selon les normes catalographiques de la Bibliothèque nationale a entraîné depuis 1955 des recherches complémentaires qui ont porté sur les Pelliot chinois 2001 à 2500. Ces recherches ont donné lieu à de nouveaux rapprochements et identifications de textes. Elles ont été menées à bien, sous ma direction, par Mlle Marie-Rose Séguy, conservateur à la Section orientale du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale, assistée à partir de 1961 par Mlle Hélène Vetch, collaborateur technique au C.N.R.S. M. Wu Chi-yu a également participé à ce travail. M. Dzo Ching-chuan, collaborateur techniqueau C.N.R.S., excellent érudit affecté depuis 1955 à l'Inventaire du fonds Pelliot chinois a bien voulu identifier les pièces décollées des manuscrits restaurés. Un temps considérable a dû être consacré à l'addition de références bibliographiques aux nombreux travaux érudits qui ont paru sur les textes chinois de Dun huang depuis un demi-siècle, surtout en Chine et au Japon ; il a fallu réunir et dépouiller des publications souvent difficilement accessibles. Mlle Marie-Rose Séguy est d'autre part responsable de la table méthodique et de l'index dont l'utilité n'est pas à souligner pour l'utilisation de ce volume, comme pour l'élaboration des volumes à venir.

La nécessité d'une description serrée des documents, qui justifie pour une part le retard apporté à la publication de ce premier volume, est d'autant plus impérieuse que les matériaux provenant de Dun huang ont été dispersés entre les bibliothèques deParis, de Londres, de Pékin, de Leningrad, de Kyōto, de Taipei et ailleurs encore dans diverses collections, et que les fragments d'un même manuscrit disloqué peuvent se retrouver aux quatre coins du monde.

Tous et toutes ont collaboré à ce volume dans des conditions difficiles, les fonctionnaires de la Bibliothèque nationale tout spécialement, absorbées par la création et l'équipement d'une Section orientale au Département des manuscrits et par la tenue de nombreux fonds manuscrits et imprimés. Les restauratrices de laBibliothèque nationale, soigneusement guidées, ont fait effort pour reconstituer certains textes dispersés et pour remettre en état des documents dont Marcelle Lalou a pu dire qu'ils étaient « un magma que selon son humeur [le lecteur] trouve rebutant ou excitant... ».

Ce premier volume devra être suivi dans les années qui viennent de cinq à six autres volumes pour lesquels une abondante documentation est déjà rassemblée. II convient de remercier ici les professeurs Shokoh Kabutogi, directeur de la bibliothèque de l'Institut pour l'étude du Sūtra du Lotus de la bonne loi de l'Université Risshō de Tōkyō, et Taigun Inokuchi de l'Université Ryūkoku de Kyōto qui, au cours de leurs séjours à Paris, en 1967 et 1969 respectivement, ont bien voulu nous aider à identifier plusieurs centaines de fragments épars qui résistaient à toute analyse.

Il faut remercier ici la Fondation Singer-Polignac et tout particulièrement son président, M. Roger Heim, ainsi que M. Julien Cain, membre du Conseil d'administration, dont le généreux concours a permis l'impression de ce travail si longtemps attendu du monde savant.

Octobre1970.

Marie-Roberte Guignard, Conservateur de la Section orientale du Département des manuscrits.

INTRODUCTION

Ce volume contient des notices des 500 premiers manuscrits du fonds Pelliot chinois, cotés 2001 à 2500. Les manuscrits sont analysés au double point de vue de leur contenu (description scientifique) et de leur aspect (description matérielle).

Chaque texte donne lieu à une description scientifique comprenant :

1° Le titre donné en vedette. C'est généralement celui donné dans l'édition imprimée, porté entre crochets s'il ne figure pas sur le manuscrit. Ce titre est donné en transcription (système del'École française d'Extrême-Orient) puis en caractères chinois, suivi, s'il y alieu, du nom de l'auteur, du traducteur, du compilateur, etc.

2° La portion du texte représentée (début, fin, complet...) et sa localisation dansune édition imprimée. Dans les références à T., l'indication a, b, c, correspond aux trois registres figurant sur chaque page de l'édition du Taishō shinshū Daizōkyō de Tōkyō, le chiffre donné en exposant indique le numéro de la colonne. Pour les références à Dao, sont donnés successivement le numéro du texte dans l'édition du Zheng tong Dao zang de Shanghai, l'indication du juan, le numéro du fascicule, les caractères chinois désignant la localisation du texte dans le fascicule et la mention du folio. Pour les références au SPTK, sont notés également le numéro du texte dans l'édition de la Commercial Press de Shanghai, le juan et le folio.

3° Mention du titre initial oufinal, s'il est différent du titre figurant en vedette, et éventuellement dessous-titres, du colophon ou de la note finale.

4° S'il y a lieu, sont données quelques indications relatives au contenu du manuscrit, aux textes apparentés, aux publications dont le manuscrit a pu faire l'objet. La mention «Version A, B, C,... » désigne des textes portant le même titre mais dont les recensions sont différentes ou comportent des variantes très notables.

5° Si un manuscrit contient plusieurs textes, ceux-ci ont reçu un numéro d'ordre (1, 2, 3...) et chacun est décrit comme un texte isolé.

6° Description de l'écriture, indications des particularités graphiques (caractères taboués,caractères propres au règne de l'Impératrice Wu Ze tian,...), qualité et couleur de l'encre, s'il y a lieu indication des notes marginales, additions, corrections, nombre de colonnes dans le manuscrit ou par feuille (toutes les colonnes sont décomptées, même les mutilées), nombre de caractères par colonne, hauteur des marges, types de réglures.

A la fin de chaque notice, figure la description matérielle du manuscrit (rouleau, cahier,...), le nombre de feuilles ou de feuillets et leurs dimensions, la qualité et la couleur du papier ainsi que son état de conservation. Étant données les restaurations nombreuses auxquelles ont été soumis les documents depuis leur entrée à la Bibliothèque nationale il y a soixante ans, l'évaluation de l'épaisseur du papier a été faite approximativement en tenant compte, autant que faire se peut,des interventions visibles. Pour la désignation des couleurs, une gamme simple a été établie avec références à des échantillons : bis, ocre pâle, ocre clair, ocre, ocre assez foncé, ocre foncé, ocre bruni, beige clair, beige, beige rosé, chamois clair, chamois, chamois foncé, papier teinté à l'orpiment. Lesdimensions du manuscrit (hauteur et longueur totales en centimètres) achèvent la notice.

Lorsqu'un rouleau porte un ou plusieurs textes inscrits au verso, ceux-ci sont analysés après la description scientifique et la description de l'écriture des textes inscrits au recto. Si plusieurs textes du verso sont inscrits en sens inverse, ils sont analysés successivement sous les indications verso A et verso B.

Les pièces sont des fragments plus ou moins importants de manuscrits qui ont été décollées du rouleau dont ellesportent le même numéro ; leur notice se présente de la même façon que celled'un manuscrit ordinaire. Seules sont cataloguées, les pièces portant descaractères chinois.

Index : Les notices font l'objet d'un double index :

1. Index alphabétique comprenant les titres chinois et éventuellement sanskrits, les noms d'auteurs et de personnes mentionnés dans les notices, les titres de fonction, les noms de lieux. Sous les titres d'ouvrages, les références sont classées non selon l'ordre numérique, mais selon l'ordre de déroulement du texte, les textes complets étant mentionnés les premiers.

2. Index des textes classés par matières. Dans la section « particularités diverses », les chiffres gras désignent les références aux manuscrits particulièrement caractéristiques.

N. B. — La mention recto n'est indiquée que lorsque le manuscrit comporte un verso.

ABRÉVIATIONS

  • abr.
    abréviation
  • add.
    addenda
  • art.
    article
  • call.
    calligraphique
  • car.
    caractères
  • cm.
    centimètre
  • col.
    colonne
  • déb.
    début
  • écr.
    écriture
  • éd.
    édité
  • éd.*
    édité enromanisation
  • env.
    environ
  • fasc.
    fascicule
  • fo
    folio
  • f., ff.
    feuille, feuilles
  • im.
    image
  • inf.
    inférieur
  • j., J.
    juan
  • jia
  • ms.
    manuscrit
  • numéro
  • p., pp.
    page, pages
  • pap.
    papier
  • bing
  • pl.
    planche
  • repr.
    reproduit
  • rev.
    revers
  • S. ms.
    Stein
  • sup.
    supérieur
  • ding
  • trad.
    traduction
  • verg.
    vergeures
  • vol.
    volume
  • yi

SIGNES

  • [ ]
    Restitution de titres, de noms d'auteur, etc.
  • [—]
    Caractère manquant.
  • [ ?]
    Caractère illisible.
  • ( ?)
    Lecture de caractère et transcription douteuses.

Sigles

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Avant-propos du volume III

Avertissement concernant l'édition électronique : la transcription EFEO utilisée dans l'édition imprimée du catalogue a été convertie pour l'édition électronique en transcription pin yin. Les sigles utilisés pour les références bibliographiques ont été conservés tels quels.

Ce volume III du Catalogue des manuscrits chinois de la collection Pelliot est l'œuvre d'une Équipe de recherche associée au Centre national de la recherche scientifique, créée il y aura bientôt dix ans à la demande du regretté maître des études de Dun huang en France, Paul Demiéville.

L'objectif principal assigné à cette équipe était, précisément, de hâter et de poursuivre la rédaction de ce Catalogue. Ce n'était pas un souhait inutile. On se souvient, en effet, que le volume I, entrepris dès 1950 et achevé pour l'essentiel en 1955 par deux chercheurs du CNRS, ensuite normalisé et complété, n'a été publié que quinze ans plus tard, en 1970. Il était donc indispensable d'organiser différemment le travail en le confiant à un groupe plus nombreux qui pourrait s'y consacrer avec efficacité. Il fallait pour cela former tout d'abord de jeunes spécialistes capables de prendre le relais et mener l'œuvre jusqu'à son terme dans des délais raisonnables.

Il aura néanmoins fallu beaucoup plus de temps qu'il n'était initialement prévu pour achever et publier le présent volume. Deux raisons expliquent ce retard. La première est que l'équipe chargée de la rédaction ne s'est que progressivement constituée. Très petite, elle n'avait tout d'abord que peu de moyens. Il a fallu aux chercheurs et collaborateurs, dont le nombre s'est accru au cours des années, le temps de se familiariser avec le fonds des manuscrits chinois de Dun huang et d'acquérir les connaissances et l'expérience indispensables. L'autre raison a été l'hypothèque qu'a fait peser sur notre entreprise l'inachèvement du volume II. Déclaré presque terminé en 1973, ce volume avait été exclu du champ de nos activités, non sans toutefois continuer à bénéficier de l'aide des collaborateurs du CNRS qui y avaient travaillé avant la création de notre équipe, à laquelle ils ont été rattachés, M. Dzo Ching-chuan dès l'origine, Mlle H. Vetch quelque temps plus tard. Mais les années ont passé sans que paraisse ce volume tant attendu qui faisait obstacle à la publication de celui dont nous avions entrepris la rédaction.

La difficulté a été soudain aplanie grâce à Mme Monique Cohen qui, en 1981, avec l'accord de la Bibliothèque nationale, a jugé préférable de faire paraître le présent volume sans plus attendre le second retardataire, lequel sera d'ailleurs vraisemblablement publié peu de temps après celui qu'il aurait dû normalement précéder. L'interversion provisoire des deux volumes ne présente, en effet, guère d'inconvénient puisque les notices y suivent l'ordre des cotes données jadis aux manuscrits par Pelliot sans souci de classement analytique. Les volumes IV et V suivront, à leur tour, rédigés collectivement comme l'a été celui-ci.

Ce Catalogue est le résultat d'un travail collectif auquel les chercheurs et collaborateurs de notre équipe ont participé activement. Il n'est donc pas fait de distinction entre eux dans la liste donnée en tête de l'ouvrage. Mais tous n'ont pas contribué de la même façon à l'œuvre commune. Ils n'y ont pas non plus consacré le même temps : les uns étaient membres de l'Équipe dès sa création, les autres s'y sont joints plus tard et parfois récemment. L'injustice commise à l'égard des chercheurs les plus compétents, les plus actifs et les plus anciens n'est qu'apparente. Les spécialistes des manuscrits de Dun huang, assez peu nombreux dans le monde, reconnaîtront sans peine, s'ils ne le savent déjà, la part de chacun d'entre eux. Mais je dois dire que tous ont pris leur tâche à cœur et s'y sont dévoués au point que la rédaction de ce volume du Catalogue aura puissamment contribué à cimenter notre équipe et à en faire un corps diversifié mais solidaire, préparé à poursuivre sa tâche dans de bonnes conditions.

Par exception, parce qu'il a pris sa retraite, je signalerai ici l'importance de notre dette à l'égard de M. Dzo Ching chuan, dont les vastes connaissances nous ont été d'un précieux secours, en particulier pour l'identification des manuscrits et fragments difficiles.

Je mentionnerai également l'aide apportée par MM. James Hamilton, Yoshiro Imaeda et Jean-Claude Martzloff en matière, respectivement, de ouïgour, tibétain et mathématiques. Qu'ils en soient ici sincèrement remerciés.

M. Fujieda Akira, l'un des meilleurs spécialistes japonais des manuscrits de Dun huang, nous a très utilement conseillés quand il était parmi nous, en 1977, à l'invitation du CNRS. Nous lui en sommes particulièrement reconnaissants.

*

* *

Pour ne pas rompre l'unité de l'ouvrage que constituera le Catalogue, dans son ensemble, ce volume III a été construit d'après le modèle du volume I. Il en suit, notamment, les normes de rédaction, telles qu'elles sont brièvement décrites dans son introduction. Quelques améliorations, toutefois, y ont été apportées, mais elles ne modifient nullement la structure des notices.

C'est ainsi que, partout où cela a été possible, les localisations des copies manuscrites par rapport aux éditions imprimées ont été précisées jusqu'aux caractères du début et de la fin, alors que le volume I se contente d'indiquer les colonnes. Une référence telle que pp. 2 a 4. 5-3 c 16. 10 signifie que, dans l'édition indiquée, le texte du manuscrit est situé entre les pages 2 a, colonne 4, 5e caractère et 3 c, 16e colonne, 10e caractère (inclus).

Pour éviter des confusions dans les références, les chiffres romains ont été, autant que possible, éliminés au profit des chiffres arabes. Une indication telle que « 6, 2 (1970) » suivant le titre d'un périodique signifie que l'article cité se trouve au volume 6 (ou VI), fascicule (livraison, numéro) 2, daté de 1970 (qui n'est pas nécessairement l'année de la parution effective). Quand des revues comportent deux tomaisons, la numérotation continue a été adoptée de préférence à la division en volumes et fascicules. En revanche, la pagination par fascicule a été choisie, plutôt que la pagination continue, par volume ou année, quand elles sont toutes deux utilisées simultanément dans certaines revues, heureusement assez rares. De toute façon, l'année indiquée sur le fascicule et le nom de l'auteur suffisent généralement à identifier facilement l'article cité.

La liste des sigles est partiellement différente de celle du volume I : les sigles de certains ouvrages ou périodiques auxquels il n'est pas fait référence ici ont été supprimés, quitte à les faire réapparaître dans les volumes suivants, si nécessaire. D'autres sigles, en revanche, ont été ajoutés. Mais il va de soi que les ouvrages et périodiques utilisés dans les deux volumes, I et III, conservent sans modification les sigles qui leur ont été attribués dans le volume I.

Enfin, par souci d'économie, les caractères des noms des auteurs chinois et japonais mentionnés plus de deux fois dans le volume ont été regroupés en une liste. On y trouvera tout nom chinois ou japonais donné sans caractères dans le corps du texte.

Le même souci d'économie a fait supprimer des notices les caractères spéciaux de l'impératrice Wu. Ils sont simplement signalés. Le lecteur les retrouvera dans l'index du volume I, à la p. 400.

Pour la même raison, il n'a pas semblé indispensable de faire reproduire les formes vulgaires, abrégées, fautives ou cursives que l'on rencontre souvent dans les manuscrits. Les unes sont bien connues et n'offrent guère d'intérêt. D'autres sont plus rares et d'ailleurs, parfois, difficilement lisibles, mais leur reproduction convenable aurait été difficile et coûteuse. Or, d'une part, le Catalogue n'est pas un dictionnaire de paléographie. D'autre part, la large diffusion du microfilm complet de la collection Pelliot permet désormais aux spécialistes de consulter facilement les manuscrits. C'est pourquoi les notices se bornent à signaler la présence de caractères particuliers, le cas échéant. Il n'a pas non plus été jugé nécessaire d'ajouter des planches au volume.

Bien qu'il ait été rédigé avec le plus grand soin, le volume aujourd'hui publié n'est pas parfait. Les rédacteurs en sont parfaitement conscients. En particulier, plusieurs défauts de méthode subsistent qui seront évités ou corrigés dans les volumes suivants.

Parmi les difficultés qui n'ont pas pu être surmontées, la plus grave est sans doute celle de la description de l'écriture des manuscrits. Pour éviter les appréciations de nature assez subjective du volume I, il a été jugé préférable ici de s'en tenir aux trois types traditionnels de l' écriture chinoise : kai, xing et cao, auxquels sont ajoutées les écritures de type archaïque ou archaïsant. En principe, les adjectifs portant un jugement sur la qualité de l'écriture ont été bannis du vocabulaire des notices. Les seules appréciations conservées sont « calligraphique » (qui désigne une écriture très appliquée, employée surtout pour des copies destinées, semble-t-il, à des bibliothèques) et « d'écolier » (écriture très maladroite, de la main d'enfants ou semi-illettrés). Le résultat, cependant, n'est pas satisfaisant. Les écritures sont rarement d'un type bien défini, de sorte que les « écritures kai à tendance xing » et autres définitions bâtardes le plus souvent mentionnées dans les notices n'ont pas grande signification. Il faudrait, pour faire mieux, procéder à une étude objective et systématique beaucoup plus approfondie des écritures couramment employées. Les paléographes de l'Équipe tenteront de le faire avant la rédaction définitive du volume IV du Catalogue.

Des remarques analogues doivent être formulées à propos de la description du papier. Les appréciations subjectives de qualité ont été proscrites sans qu'il ait toujours été possible de les remplacer par des observations suffisamment concrètes et précises, à cause souvent des restaurations.

Les dates apparaissant dans les manuscrits sont données, dans les notices, sous leur forme d'origine. Autant que possible, elles sont, en outre, converties en dates du calendrier occidental. La question s'est posée de l'utilité des conversions complètes, incluant le mois et le jour. La précision peut sembler superflue. Elle l'est, sans aucun doute, dans la plupart des cas. On sait néanmoins qu'il est parfois indispensable de procéder au calcul complet pour déterminer l'année du calendrier julien correspondant à une date chinoise. C'est pourquoi, et pour suivre l'usage adopté dans le volume I, il a paru préférable de fournir les conversions complètes partout où il était possible de le faire. De toute façon, il a toujours fallu consulter les tables de conversion pour s'assurer que tous les éléments d'une date à la chinoise s'accordent entre eux selon le calendrier officiel. Il est notoire que ce n'est pas toujours le cas, soit que le scribe se soit trompé, soit que le calendrier en usage à Dun huang n'ait pas été, temporairement, conforme au calendrier officiel. On sait que les erreurs et les décalages sont fréquents depuis l'époque de l'occupation tibétaine, à partir de 781. Il en découle que les dates établies de façon précise d'après les tables de conversion sont parfois fausses. Elles sont néanmoins données, faute de mieux, le lecteur étant averti qu'elles ont une valeur conventionnelle, à partir de cette époque, et sont sujettes à caution.

*

* *

Au terme de cet avant-propos, je tiens à adresser mes remerciements aux deux Institutions qui se sont associées pour créer l'Équipe de recherche sur les manuscrits de Dun huang, chargée de la rédaction de ce volume : à l'École pratique des Hautes Études, IVe Section, Sciences historiques et philologiques, notre efficace et bienveillante autorité de tutelle, et à son Président, M. Michel Fleury ; au Centre national de la recherche scientifique, sans qui l'Équipe n'aurait jamais pu se développer ni même survivre, et au directeur scientifique de son secteur des Humanités, M. Jean Pouilleux, qui a, maintes fois prouvé son intérêt pour nos travaux. Mes remerciements vont aussi au Collège de France et à son administrateur, M. Yves Laporte, qui a bien voulu, par convention avec le CNRS, accepter d'héberger l'Équipe dans les locaux des Instituts d'Asie du Collège de France.

Je remercie tout particulièrement la Fondation Singer-Polignac et son Président, M. Etienne Wolff. Elle a pris entièrement à sa charge la coûteuse édition de ce volume, comme elle avait déjà, en 1970, assumé seule les frais de la publication du volume I.

Michel Soymié

Avant-propos du volume IV (Pelliot chinois 3501-4000)

Des événements imprévus et diverses difficultés ont retardé de près de deux années la parution de ce volume IV de notre Catalogue. Nous le regrettons autant que nos lecteurs. Les volumes II et V paraîtront, je l'espère, dans des délais plus raisonnables. La rédaction du Cinquième, en tout cas, est déjà commencée.

Le plan de ce volume est identique, pour l'essentiel, à celui des deux volumes déjà publiés. Il est important, en effet, que l'ouvrage puisse être consulté commodément, d'un volume à l'autre, sans qu'il faille changer de mode d'emploi. L'unité de l'ouvrage est d'autant plus nécessaire que les manuscrits sont donnés dans l'ordre des cotes, en vrac si j'ose dire, et non pas, comme dans le Catalogue de Giles, classés par matières. Il est vrai que l'index analytique remplace avantageusement, dans notre ouvrage, le classement des manuscrits. Il n'empêche que, le Catalogue une fois complet, le lecteur devra consulter les cinq volumes pour y trouver ses matériaux. Des changements trop importants dans la présentation ne pourraient avoir que des inconvénients. C'est pourquoi je crois bon de consacrer quelques lignes à la forme donnée au volume, dans le corps du texte, c'est-à-dire dans les notices, aussi bien que dans les différents appendices qui en facilitent la consultation.

1) Les notices. Leur rédaction obéit à des règles contraignantes. Elles imposent d'abord l'emploi d'un vocabulaire simple mais précis et constant. Elles fixent, d'autre part, l'ordre de l'énoncé et la structure générale des notices. Il n'est pas toujours facile ni même possible de les respecter scrupuleusement car les cas particuliers sont nombreux. Cependant, malgré leurs imperfections, elles sont l'indispensable garde-fou qui empêche la dérive de la rédaction et maintient l'unité de forme de cet ouvrage collectif dont la réalisation s'étend sur un si grand nombre d'années.

Il n'est pas nécessaire d'en donner ici le détail. L'idéal serait d'ailleurs qu'elles ne se remarquent pas. L'une d'elles, néanmoins, qui semble n'avoir pas été toujours bien comprise, mérite quelques mots d'explication. Chaque notice est accompagnée d'une description du texte (écriture, encre, nombre de colonnes, marges, etc. dans un ordre strictement défini). Dans les notices simples, c'est-à-dire celles des manuscrits ne comportant qu'un seul texte, cette description, imprimée en petits caractères, suit le corps de la notice et en est séparée par un interligne. Dans les notices plus complexes, analysant des manuscrits où se trouvent copiés plusieurs textes, l'interligne n'apparaît que quand la description est celle des deux ou plusieurs textes qui la précèdent. Il n'y a pas d'interligne quand la description est celle et seulement celle du texte qui la précède immédiatement. Par exemple, dans le Pelliot chinois 3876, deux textes différents sont copiés à la suite l'un de l'autre par la même personne : il n'y a qu'une seule description. Placée dans la notice après ce qui se rapporte au second texte, elle est mise en vedette par l'interligne. Au verso du même manuscrit deux textes aussi sont copiés. Mais ils font chacun l'objet d'une description, sans interligne, ce qui signifie qu'ils sont de mains différentes. Le Pelliot chinois 3727 offre une combinaison des deux modes de présentation.

Malgré tout, quelques innovations ont été introduites dans les notices de ce volume IV, mais elles n'en modifient ni la structure ni l'aspect général. Les deux principales sont les suivantes.

En premier lieu, la façon de décrire le papier des manuscrits a été entièrement revue, sur les indications de M. J.-P. Drège. Tout, cependant, n'a pas été modifié, et les changements apportés ne sont pas d'égale importance. Les dimensions du manuscrit (incluant, le cas échéant, celles des feuilles entières ou supposées telles, qui le composent et qui, seules, offrent de l'intérêt), la texture du papier ou son aspect (essentiellement homogène ou irrégulier), sa couleur enfin sont exprimés comme précédemment, sans modification notable. Sur les problèmes posés par l'appréciation des couleurs et la terminologie employée, je renvoie à J.-P. Drège, « Les couleurs des papiers des manuscrits de Dun huang » in Cahiers d'Extrême-Asie, n° 3, 1987, pp. 147-150, n° 4, 1988, p. 187.

Il n'en va pas de même de deux autres données essentielles de l'analyse codicologique, l'épaisseur du papier et ses vergeures. La première n'est plus simplement évaluée à l'œil (papier mince, assez mince, épais, etc.) mais mesurée en mm à l'aide du micromètre. Les vergeures ne sont plus « très apparentes », « à peine visibles », « fines », etc. Elles sont comptées : il y a tant de vergeures par cm. Il est vrai que le nombre donné peut n'avoir qu'une valeur indicative. En effet, il est parfois difficile, voire même impossible, de les distinguer nettement. Dans ce cas, mention en est dûment faite sous la forme « Vergeures non mesurables ». L'expression ambiguë « papier à vergeures » des volumes précédents a été proscrite car elle laisse supposer, à tort évidemment, qu'il existe des papiers sans vergeures dans nos manuscrits.

A ces mesures nouvelles s'ajoute, s'il y a lieu, la description des restaurations effectuées par la Bibliothèque nationale : montages (parfois montages partiels) sous mousseline ou (exceptionnellement : et) sur feuille de restauration. Il est indispensable de signaler ces réparations, notamment parce qu'elles empêchent de mesurer l'épaisseur du papier.

La seconde amélioration importante est la datation approximative, en siècles, indiquée en bas à gauche de chaque notice. De façon générale, peu nombreux sont les manuscrits de Dun huang portant des dates précises. Il n'est pourtant pas possible de laisser sans aucune indication d'époque des matériaux aussi précieux dont les plus anciens remontent au début du Ve siècle (du VIe seulement dans le présent volume) et les plus récents, qui sont aussi, et de loin, les plus nombreux, datent de la fin du Xe siècle et des premières années du XIe. Pour des raisons d'objectivité et de prudence, le volume I et, à sa suite, le volume III s'abstiennent de donner des dates, même quand il aurait été facile ou peu risqué de le faire. Ce parti pris de neutralité n'est plus de mise. L'expérience acquise lors de la préparation du volume précédent nous permet à présent d'adopter une autre politique.

Pour ne pas alourdir les notices, il a été jugé préférable de ne pas y inclure d'explications justifiant les datations proposées. Celles-ci découlent, d'une part, des renseignements qui apparaissent éventuellement dans le texte, et d'autre part de critères matériels tels que le style de l'écriture, la disposition du texte et les caractéristiques du papier. Ces deux modes de datation, interne et externe, se recoupent en principe, mais il n'est pas rare qu'ils se révèlent défaillants et ne laissent que peu de prise à une évaluation précise. C'est le cas d'un grand nombre de manuscrits tardifs que nous datons du IXe-Xe siècle, faute de savoir comment les départager entre ces deux siècles. Quelques manuscrits plus anciens ont aussi été datés de façon imprécise (VIe-VIIe, VIIe-VIIIe, VIIIe-IXe siècle; cf. ci-dessous, p. 543). Très rares sont ceux qu'il a fallu se résoudre à considérer comme étant « d'époque indéterminée ». Mais, par ailleurs, des points d'interrogation signalent nos hésitations. Enfin, la plupart des pièces sont laissées sans datation. Elles sont souvent de trop petites dimensions pour se prêter à un examen sérieux.

La bibliographie est dans ce volume comme dans les précédents un élément important des notices, mais le lecteur voudra bien se souvenir qu'elle est, en principe, sélective. Sont toujours citées en premier lieu les reproductions de nos manuscrits, quoique la diffusion du nouveau microfilm du fonds Pelliot ait rendu cette rubrique moins importante que dans le passé. Viennent ensuite les éditions de première main ou offrant un certain intérêt. N'ont été retenus, parmi les travaux divers à signaler en troisième lieu, que ceux qui se rapportent directement aux manuscrits étudiés ou leur donnent un éclairage nouveau. Sont restées dans nos fichiers de nombreuses références, jugées trop générales ou sans originalité, relevées dans l'abondante littérature sur Dun huang publiée au cours de ces dernières années.

La bibliographie proprement dite est mise en vedette par des interlignes et des alinéas appropriés. Dans les notices des manuscrits simples, elle est donnée, sans problème, à la suite du corps de la notice mais avant la description du texte (Écriture, encre, etc.). Quand, dans celles des manuscrits complexes, comportant plusieurs textes numérotés, les références bibliographiques ne concernent qu'un seul texte, celles-ci sont posées avant la localisation de ce texte dans l'ensemble du manuscrit (par exemple, le Pelliot chinois 3777). Quand elles concernent deux ou plusieurs textes, elles se trouvent après la localisation du dernier texte (par exemple, le Pelliot chinois 3613).

Outre les indications de la bibliographie proprement dite, qui se rapportent aux manuscrits en tant que tels, d'autres références sont parfois incluses dans le texte même des notices. Elles sont consacrées à des problèmes annexes ou, notamment, à des personnages. Je signale à ce propos que les renvois aux histoires dynastiques donnent la pagination de l'édition ponctuée publiée à Pékin par le Zhong hua shu ju à partir de 1959. Le Zi zhi tong jian est cité d'après l'édition ponctuée de Pékin, Gu ji chu ban she, 1956.

2) Les appendices. Ce sont essentiellement les deux index, alphabétique et analytique. Ils sont, tous les deux, des pièces maîtresses de l'ouvrage. Il ne serait guère utilisable sans eux.

L'index alphabétique est aussi complet que possible, même s'il n'est pas absolument exhaustif. Un effort particulier a été fait dans le découpage des titres de fonction composés d'éléments attachés les uns aux autres. Il fallait éviter, en effet, que la fonction principale d'un personnage soit, dans un long titre composite, masquée par un préfixe tel que chi, « nommé par décret », ou occultée par des titres secondaires. Les découpages effectués se limitent toutefois aux éléments significatifs de la titulature. Pour ne pas surcharger inutilement l'index, ont été omis les titres purement honorifiques tels que shang zhu guo « grand pilier de l'État ». Tel qu'il a été conçu cet index alphabétique rendra, je l'espère, davantage de services que celui du volume précédent.

L'index analytique est pour sa part, comme l'ensemble du volume, pour la commodité du lecteur, soumis à l'exigence d'uniformité et de continuité évoquée dans les premières lignes de cet Avant-propos. Mais cependant, de la même façon qu'un pêcheur utilise un filet approprié à la taille et à l'espèce du poisson qu'il veut prendre, des aménagements lui ont été nécessairement apportés pour tenir compte de la nature des manuscrits figurant dans le lot de ce volume. En outre, quelques améliorations de forme ont été introduites. Ces changements, somme toute mineurs, n'altèrent pas la physionomie générale de l'Index. L'utilisateur des volumes précédents ne s'y trouvera pas dépaysé. En cas de difficulté, la table des matières l'aidera à s'orienter.

Dans les sections I et II, « Bouddhisme » et « Taoïsme », les rubriques sont intégralement conservées, dans leur ordre, malgré des retouches dans les libellés et d'inévitables différences dans les subdivisions. Une rubrique supplémentaire, portant le n

8 est ajoutée faute de mieux au Taoïsme: c'est celle des Religions diverses, Nestorianisme, Manichéisme et Mazdéisme, qu'il a fallu introduire dans ce volume (p. 533).

Davantage de modifications ont été apportées à la section III, « Textes divers ». Cinq rubriques sont ajoutées: 3, Codes juridiques, 4, Dictionnaires et lexiques, 5, Ouvrages de caractère encyclopédique, 7, Géographie et toponymie, 9, Musique et chorégraphie. En revanche, la rubrique Mesures et arithmétique qui se trouvait dans les volumes I et III ne figure plus ici, faute de matériaux. A été supprimée aussi mais pour une tout autre raison la rubrique des Exercices d'écriture. Elle comprend dans le volume III un nombre exceptionnellement important de Numéros. Beaucoup de manuscrits sont écrits hâtivement, ou de façon peu soigneuse ou maladroite. Il est excessif de les considérer tous systématiquement comme des exercices d'écriture. Il est probable que certains méritent effectivement cette appellation, mais la plupart sont plus vraisemblablement des copies, des extraits, des aide-mémoire, des brouillons. La vérité est que nous n'en savons rien. C'est pourquoi, dans ce volume-ci, ne sont appelés exercices d'écriture que les copies d'apprentissage dans lesquels des caractères sont écrits plusieurs fois, de façon telle que leur nature d'exercice ne fait aucun doute. Peu nombreux, ils sont reportés à la section IV, en 12, Écritures (p. 546). Toutes les autres rubriques sont conservées sans modification notable.

La section IV, « Particularités », présente moins de différences par rapport à celle des autres volumes. La rubrique 2, Datations, est divisée en deux parties. La première, « par années » (p. 541), répertorie les dates effectivement inscrites dans les manuscrits, soit de façon précise, avec nian hao, soit en caractères cycliques seulement. La seconde, « estimations » (p. 543), découle de l'innovation introduite à ce sujet à la fin de toutes les notices. Les manuscrits des IXe, Xe et IXe-Xe siècles sont très nombreux. La liste n'en est pas donnée car elle aurait été trop longue et sans intérêt. Une nouvelle rubrique, 4, Textes et images imprimés (p. 544), a été ajoutée. Enfin, dans ce Catalogue consacré à des manuscrits chinois, il a semblé plus logique de repousser les Textes et inscriptions en langues diverses à la fin de cette section, juste avant les « Particularités matérielles » (p. 547).

En dernier lieu, la section V de cet index analytique est une nouveauté. Elle donne la liste, classée par collections et dans l'ordre des cotes ou numéros, de tous les manuscrits et autres matériaux de Dun huang mentionnés dans les notices (p. 549 et suivantes). C'est un instrument de recherche qui, j'en suis convaincu, aura son utilité.

Deux listes sont placées en tête de volume. La première donne les noms en caractères chinois des auteurs chinois et japonais apparaissant plusieurs fois dans les notices. Ces auteurs-là ne sont pas plus importants que beaucoup d'autres dont les noms ne figurent pas dans la liste. Celle-ci n'a qu'un caractère purement pratique : elle permet de réduire le nombre des caractères imprimés dans le texte. J'en dirai autant de la liste des sigles bibliographiques, qui ne doit absolument pas être considérée comme une bibliographie. Elle serait, si tel était le cas, singulièrement incomplète et déséquilibrée. Elle n'a, comme la première liste, qu'un rôle utilitaire et n'a pour but que d'économiser de la place dans les notices.

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Ce volume est le fruit des efforts d'une Équipe de recherche de l'École pratique des Hautes Études, IVe Section, associée au CNRS. C'est la même Équipe que celle du volume III. Ses membres les plus anciens sont devenus des experts-ès-manuscrits, chacun dans son domaine.

Quelques autres ont cessé leur activité. Des chercheurs plus jeunes ont heureusement rejoint le groupe et participeront à l'élaboration du cinquième et dernier volume de ce grand Catalogue.

Je remercie les personnes qui ont apporté leur concours, d'une façon ou d'une autre, à la réalisation du volume. Je citerai en tout premier lieu M. Hou Ching lang, l'un de nos meilleurs spécialistes, tombé gravement malade en 1984. Certaines de nos notices portent la trace de ses travaux. M. Wu Chi yu a pris sa retraite la même année, mais sa compétence et son expérience nous ont été d'un très grand secours. Je n'oublie pas non plus que nous avons utilisé avec profit dans ce volume un grand nombre de notices provisoires rédigées jadis par M. Dzo Ching-chuan, à la retraite depuis 1982.

Un témoignage de reconnaissance doit être formulé à l'égard de Mme Carole Morgan, spécialiste des textes de divination et d'astrologie. Je remercie aussi le Dr Serge Franzini, pour son aide dans la lecture et l'analyse de certains textes médicaux, M. Yoshiro Imaeda, le tibétisant bien connu, Mme Kuo Li ying et Mlle Christine Mollier, qui ont prêté la main à l'élaboration de l'index analytique, et Mme Françoise Toutain Wang, qui a fort efficacement travaillé à la mise au point définitive du volume. Mes remerciements s'adressent également à M. Zhang Guangda, professeur à l'Université de Pékin. Il nous a donné de très précieux conseils pendant l'année 1987-88 qu'il passa parmi nous en qualité de directeur d'études associé à la IVe Section de l'École des Hautes Études. Je n'oublie pas, enfin, les services rendus par Mme Marie-Pascale Monnier. Avant de clore, je tiens enfin à souligner le dévouement et le soin apportés par Mme Kuo, déjà mentionnée, à la tâche délicate de la correction de nos épreuves.

Au nom de tous, enfin, j'exprime mes sentiments de vive gratitude à l'égard de M. Léon Vandermeersch, directeur de l'École française d'Extrême-Orient, qui a accepté de publier ce coûteux ouvrage, à l'identique des précédents, en dehors des collections usuelles de l'Ecole, et à la Fondation Singer-Polignac, qui a généreusement couvert une partie des frais de l'entreprise.

Michel Soymié.

INTRODUCTION au volume V

En hommage à Jacques GERNET

Ce cinquième volume du Catalogue des manuscrits chinois de Dunhuang, fonds Pelliot, se différencie de ceux qui l'ont précédé par le fait, tout d'abord, qu'il est plus épais. Il analyse, en effet, et décrit plus de mille manuscrits contre cinq cents seulement dans chacun des autres volumes. Cependant, malgré le doublement de la matière traitée, il n'aura guère fallu plus de quatre ans pour en achever la rédaction. Ce gros travail effectué en un si bref laps de temps est le résultat des progrès accomplis et de l'expérience acquise par les rédacteurs au cours de vingt années de patientes recherches et de labeur assidu dans les divers domaines abordés dans les manuscrits. Je dois leur rendre cet hommage et les remercier de m'avoir suivi dans le fructueux et passionnant, certes, mais aussi très ingrat travail de catalogage.

Le volume V n'est pas seulement plus gros que les autres. Il est aussi le dernier du Catalogue. Cela signifie qu'il répertorie les derniers numéros de la collection Pelliot chinois. C'est ce volume qui aurait dû normalement parachever et clore l'ouvrage. Il n'en est hélas rien, car le volume II n'est toujours pas paru. Il était pourtant presque achevé en 1973, lors de la création de l'Equipe de recherche chargée de poursuivre et mener à son terme l'œuvre entreprise dès 1951 par MM. Jacques Gernet et Wu Chi-yu. Il avait alors été demandé par la responsable du Cabinet Oriental de la Bibliothèque, Mlle Séguy, de confier à Mlle Vetch, individuellement, la rédaction des quelques notices qui manquaient encore et la mise au point de celles qui avaient été auparavant établies. Cependant, ce deuxième volume n'est toujours pas achevé aujourd'hui, vingt et un ans plus tard. Je déplore très vivement cette situation. Elle préoccupe également mon successeur M. Jean-Pierre Drège et les membres de l'équipe. Il est absolument nécessaire que cette regrettable lacune soit comblée dans les plus brefs délais.

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Dans les volumes précédents sont catalogués les manuscrits que Pelliot lui-même avait classés en premier dans son inventaire et qui constituaient en un certain sens la crème de sa collection : les manuscrits les plus volumineux et ceux qui lui semblaient les plus intéressants à des titres divers. On sait du reste que les manuscrits des premiers volumes, du volume I surtout, sont ceux qui ont en priorité retenu l'attention et ont fait l'objet des travaux les plus importants et les plus novateurs.

S'il est vrai que la dernière partie de la collection recueillie dans le présent volume comporte quelques fonds de tiroir d'un intérêt assez limité, elle n'est pas pour autant un reliquat. Il est au contraire manifeste que, lors du tri des manuscrits et de l'attribution des cotes, tout ce qui présentait des caractéristiques exceptionnelles et sortait de l'ordinaire a été reporté vers la fin de l'inventaire. Il y a en tout cas dans cette dernière tranche, tout particulièrement dans la série des numéros 4500 à 4525, certains des manuscrits les plus précieux de toute la collection. C'est pourquoi il paraît intéressant d'attirer dans cette introduction l'attention du lecteur sur les aspects essentiels de ce volume V, différent des autres à bien des égards.

1) Les manuscrits et matériaux exceptionnels.

Ce sont ceux qui, par leur facture plutôt que par leur contenu, sont différents des manuscrits habituels. Il y a d'abord plusieurs rouleaux sur soie. Le plus précieux est le Pelliot chinois 4505, texte de vinaya en tout point comparable au fameux manuscrit de Londres S. 797 daté de 405, bien connu car il est le plus ancien manuscrit daté de tous ceux qui ont été découverts dans la grotte 17. Le ms. Pelliot pour sa part ne porte pas de date mais il n'est guère douteux qu'il est, lui aussi, du début du Ve siècle et qu'à ce titre il est le plus ancien ou l'un des plus anciens de la collection. Le premier qui comporte une date précise est le numéro suivant, 4506, muni d'un colophon de 471. D'autres mss. sur soie n'ont pas d'indication de date mais sont probablement, eux aussi, fort anciens. Plus tardif, du Ve ou VIIIe siècle, le Pelliot chinois 4500 est un exemple unique de rouleau sur soie dont le texte, brodé en fils de soie au lieu d'être tracé à l'encre, est de surcroît celui d'un sūtra apocryphe dont il n'existe qu'un seul autre exemplaire, sur papier, dans la collection Ōtani.

On classera en outre dans le trésor de la collection quelques manuscrits sur papier mais d'exécution particulièrement luxueuse : deux copies de sūtra en caractères d'or sur papier teint en bleu, les Pelliot chinois 4511 et 4512. Tout aussi remarquable est le Pelliot chinois 4998 dont les caractères sont écrits à l'encre noire et à l'encre dorée alternativement par groupes de trois colonnes.

Paraissent de même dignes d'être mis dans le lot des manuscrits précieux une très belle copie d'une calligraphie de Wang Xi zhi exécutée au temps des Tang sur du papier teint en bleu clair, le Pelliot chinois 4642, ou encore un fragment du « Texte en mille caractères », en colonnes doubles, selon l'usage des modèles de calligraphie, l'une en écriture régulière kai, l'autre en sigillaire zhuan : le Pelliot chinois 4702 dont un autre fragment est catalogué dans le volume IV sous le Pelliot chinois 3658.

Contrastant avec les belles copies de bibliothèque évoquées ci-dessus, mais non moins exceptionnelle, j'ajouterai une simple planchette de bois munie d'un manche auquel est resté fixé un lacet de cuir. Le texte inscrit au recto et au verso en colonnes de gauche à droite est le très court sūtra du Cœur dans la traduction abusivement attribuée à Fa cheng, célèbre religieux du temps de l'occupation tibétaine dont les œuvres furent en vogue au IXe siècle. Ce modeste objet était sans aucun doute destiné à l'usage personnel et journalier d'un dévot.

Sont décrits dans ce volume comme dans les précédents, en plus grand nombre peut-être, divers matériaux tels que des enveloppes et étiquettes, en papier ou en tissu, montrant comment étaient conservés les manuscrits quand ils étaient utilisés, ou bien encore les vestiges du montage des dessins et peintures que sont les rubans, languettes et baguettes. On en trouvera la liste à l'index analytique sous la rubrique des Particularités matérielles. L'une des pièces les plus intéressantes est une enveloppe de livre en lamelles de bambou. S'y trouve collé, à titre de renfort, un fragment d'une copie du Shang shu qui semble remonter au VIIe siècle (Pelliot chinois 4509). D'autres enveloppes de ce type sont conservées au Musée Guimet et au Shôsô-in de Nara, mais celle-ci est la seule qui appartienne à la Bibliothèque.

2) Estampages, impressions et xylographies.

Deux estampages sont dignes d'être comptés parmi les pièces les plus précieuses de la collection. L'un est le Pelliot chinois 4508, un grand morceau du Wen quan ming ou « Inscription de la source d'eau chaude » rédigée et calligraphiée par l'empereur Tai zong, estampée semble-t-il au milieu du VIIe siècle, peu de temps après la gravure de la stèle. L'autre est le Pelliot chinois 4510, du VIIe siècle, dont un autre fragment se trouve à Londres sous la cote S. 5791. L'inscription commémorative est due à Ou yang Xun, l'un des meilleurs calligraphies du temps de Tai zong. Une autre pièce de choix est le Pelliot chinois 4503, estampage d'une copie sur pierre en écriture régulière de la Vajracchedikā dans la traduction de Kumārajīva, exécutée en 824 par un haut fonctionnaire et calligraphe réputé. Le texte a joui d'une grande faveur aux IXe et Xe siècles à en juger par les nombreuses copies qui nous sont parvenues.

A la différence des estampages, très rares, les impressions et xylographies sont présentes en grand nombre dans le volume. Les premières sont produites par des pièces de bois gravées, d'assez petite dimension, sans inscriptions, représentant des buddha, parfois accompagnés d'acolytes, apposées côte à côte un grand nombre de fois afin de créer sur papier les « mille buddha » si souvent représentés sur les peintures murales des grottes. Dans l'ensemble de la collection Pelliot, la plupart des impressions de ce genre sont regroupées dans ce volume, mais il y en a aussi, moins nombreuses, tirées d'après les mêmes planches des différents types, dans le volume III ainsi que dans la collection Stein conservée au British Museum et dans plusieurs collections mineures. Le grand nombre de ces images parvenues jusqu'à nous et leur relativement bon état de conservation, sans trous d'affichage ni salissures, nous font supposer que c'était le fait de les imprimer qui constituait un acte de dévotion et qu'elles étaient ensuite mises de côté sans qu'il en soit fait aucun usage de décoration ou de piété.

Les xylographies sont fondées sur le même principe que les impressions de figures bouddhiques, mais elles en sont un développement. Elles sont d'ailleurs plus tardives car elles datent du Xe siècle tandis que les impressions que nous possédons remontent, par hypothèse, au VIIIe. Elles comportent le plus souvent des inscriptions qui sont nécessairement gravées en inversion dans la planche de bois, comme la trace de l'écriture sur le buvard, de sorte que leur empreinte sur le papier fasse apparaître des caractères lisibles. Comme les impressions, la majeure partie des xylographies conservées sont des illustrations de figures bouddhiques, mais elles sont plus variées et plus élaborées. Accompagnées le plus souvent d'inscriptions indiquant le nom de la divinité représentée, de dhāraṇī ou prières et, parfois, de textes votifs datés, elles sont de très précieux témoignages de la dévotion bouddhique de l'époque. Certaines semblent avoir été affichées par les fidèles pour manifester leur foi ou adresser leurs prières.

Beaucoup moins nombreux sont les textes xylographiés. Il est bien connu que la xylographie a d'abord été utilisée pour imprimer soit des ouvrages d'usage courant soit des œuvres de piété. Sont à ranger dans la première catégorie deux fragments, les Pelliot chinois 4747 et 5531, d'un dictionnaire de rimes très répandu, le Qie yun. A la seconde appartient un opuscule de dhāraṇī, le Pelliot chinois 4501, datant peut-être du IXe siècle. Le fait même qu'il ait été ainsi reproduit révèle l'importance qui lui était attribué. Un autre xylographe intéressant est celui de l'un des sūtra les plus populaires de ce temps, la Vajracchedikā dans son nouvel arrangement en 32 sections : les Pelliot chinois 4515 et 4516, fragments d'un livret imprimé en 949 aux frais de Cao Yuan zhong, le potentat local. C'est ce même sūtra, mais sans la division en sections, qui fait l'objet d'une impression avec frontispice datée de 868 et qui est le plus ancien xylographe chinois connu (à Londres, S. printed 2). C'est d'ailleurs ce même sūtra qui se trouve reproduit sur l'un des estampage mentionnés plus haut.

3) Les dessins et peintures.

Les termes français dessins et peintures employés ici sont quelque peu trompeurs car ils évoquent des procédés européens de représentations picturales. Nous appelons ici dessins, faute de mieux, des images tracées à l'encre. Certaines sont ensuite rehaussées de couleurs. Celles-ci ne sont parfois que de simples taches appliquées légèrement mais elles peuvent aussi recouvrir entièrement le tracé de base de couleurs variées d'une palette parfois très riche. On passe ainsi insensiblement du dessin à la peinture. Les oeuvres qui se rapprochent le plus des peintures au sens occidental du terme sont les peintures sur soie. Elles sont, pour ce qui est de la collection Pelliot, conservées au Musée Guimet. Les dessins et peintures dont il est question ici sont exclusivement sur papier. C'est en effet la différence de support qui a présidé au partage : au Musée, les peintures sur tissu, exceptionnellement sur papier, à la Bibliothèque, les œuvres sur papier. Ces dernières sont pour l'essentiel regroupées dans la dernière partie de la collection et sont par conséquent cataloguées dans ce volume.

Numériquement moins important et moins somptueux que la collection du Musée Guimet, l'ensemble des dessins et peintures de la Bibliothèque n'en est pas moins d'un très grand intérêt. Il est aussi très varié, encore qu'il appartienne en sa quasi-totalité au domaine bouddhique. Sans entrer ici dans les détails ni tenter de répartir les œuvres en diverses catégories, je me bornerai à rappeler quelques-unes des pièces maîtresses de l'ensemble. En tout premier lieu, l'un des joyaux de la collection Pelliot, le célèbre rouleau Pelliot chinois 4524 offrant au recto de magnifiques illustrations des joutes de magie entre Śariputra et Raudraksa, et, au verso, des passages en vers se rapportant aux scènes du recto, extraits de la chantefable (bian wen) dans lequel l'histoire est contée. C'est le seul témoignage concret qui nous soit parvenu de l'un des procédés utilisés lors des séances de prédication vulgaire, le maître montrant au public les images qu'il expliquait tout en ayant sous les yeux les morceaux versifiés qu'il devait réciter.

Des pièces d'une toute autre nature sont les esquisses. Parmi les plus intéressantes, je signalerai d'abord le Pelliot chinois 4021, assemblage d'une série d'études destinées selon toute vraisemblance à préparer l'exécution de peintures murales dans certaines grottes et représentant précisément le combat magique évoqué plus haut. Elles en sont étonnamment proches par le style et les attitudes des personnages. De la même façon, un splendide dessin représentant le roi Vaiśravaṇa, en deux modèles différents, le Pelliot chinois 5018, se compare trait pour trait, jusque dans de minuscules détails, d'une part à une belle peinture sur soie conservée à Londres, d'autre part à une peinture murale tout aussi intéressante. Parmi bien d'autres esquisses, il faut mentionner celle du Pelliot chinois 4049 dont le sujet est « Mañjuśri traversant la mer ». Aucun autre exemple de ce motif ne se trouve à présent ni dans les grottes de Dunhuang ni ailleurs en Chine, autant qu'on sache, mais il a certainement joui d'une certaine popularité, au Wu tai shan tout au moins, à en juger par sa transmission au Japon où il s'est perpétué.

La plus grande partie des images sont des œuvres de piété de diverses sortes, exécutées parfois par un maître ou dans un atelier sous sa direction. Le meilleur exemple d'images faites en série mais à la pièce, sans moyen mécanique de reproduction, sont les Guan yin aux mille bras et mille yeux, simples ou doubles, dont il y a ici plusieurs exemplaires (voir le Pelliot chinois 4030), d'autres se trouvant au Musée Guimet et au British Museum. Ces planches exécutées en nombre d'une forme d'Avalokiteśvara connue aussi par des peintures sur soie beaucoup plus élaborées montrent à l'évidence qu'elle jouissait d'une grande faveur au Xe siècle. Une peinture sur papier représentant Ksitigarbha, offerte à titre de dévotion par un savetier, le Pelliot chinois 4518 (35), donne lieu elle aussi à des réflexions intéressantes. Il existe en effet dans la collection Stein une autre image offerte par le même personnage et réalisée par le même artiste. Mais cette seconde image, qui fait manifestement la paire avec la première, représente Avalokiteśvara. Cela confirme qu'à cette époque Ksitigarbha et Avalokiteśvara ont joui d'une égale ferveur populaire. Bien d'autres exemples tout aussi révélateurs des actes de dévotion pratiqués à Dun huang pourraient être évoqués. Aux images proprement dites s'ajoutent un certain nombre de poncifs rassemblés sous la cote 4517. Ce sont des silhouettes de buddha dont les contours sont constitués d'un pointillé de trous d'aiguille percés dans la feuille de papier, à la façon d'un stencil. De la craie, selon M. Rao Zong yi, ou quelque autre substance, de l'encre par exemple, appliquée sur les perforations devait permettre de reproduire l'image sur une autre surface, feuille de papier ou paroi de grotte. Ce n'est qu'une hypothèse, car les pièces de cette nature qui se trouvent dans les collections Pelliot et Stein sont comme neuves et ne semblent pas avoir servi en tant que poncifs.

S'y ajoutent encore quelques découpages et ajours. Les premiers surtout sont intéressants parce qu'ils sont les premiers témoins d'un art populaire encore très florissant de nos jours en Chine. Le plus remarquable est un stûpa découpé dans une feuille pliée en deux pour faciliter le travail et obtenir la symétrie, puis collée sur une autre feuille teintée en noir. Les trous des quatre coins et la baguette fixée au bord inférieur montrent que l'objet a été affiché, pour la décoration, probablement, plutôt que par piété.

4) Le fonds général des manuscrits.

Mis à part les pièces sortant de l'ordinaire évoquées plus haut, la grande masse des textes catalogués dans le volume est constituée de manuscrits comparables à ceux des volumes précédents. Ce sont pour la plupart des copies bouddhiques ou, en beaucoup moins grand nombre, taoïques. Les copies sont en majorité celles de textes canoniques connus, mais aussi d'œuvres rares ou inconnues. Je citerai, par exemple, un fragment inédit d'un grand sūtra apocryphe (Pelliot chinois 4825), ou bien encore un commentaire inédit du sūtra du Lotus dans une copie du VIe siècle dont il existe un autre fragment à Londres (Pelliot chinois 4567). Il va sans dire que beaucoup de copies canoniques apparemment banales offrent des renseignements utiles par leurs variantes, la disposition du texte, les corrections et les styles d'écriture, d'autant mieux que bon nombre d'entre elles sont anciennes. Aux copies s'ajoute un très riche éventail de manuscrits de caractère historique, littéraire, économique ou social. Il suffit pour s'en convaincre d'un coup d'oeil sur l'index analytique sans oublier la table des matières qui en facilite la consultation.

Il y a, enfin, dans ce volume un très grand nombre de minuscules fragments. Certains d'entre eux provenant de copies de sūtra très connus peuvent être identifiés sans grand effort et parfois rapprochés les uns aux autres quand ils ont une origine commune. Cependant, beaucoup de ces petits fragments n'ont pu être identifiés. La perte à vrai dire n'est pas bien grave. Ils constituent ce qu'il faut bien appeler le rebut de la collection.

La mention « Manuscrit de provenance inconnue » inscrite sur quelques fragments (Pelliot chinois 6011 et suivants) a été reportée en tête des notices qui leur sont consacrées. D'après nos informations, ce sont des fragments sans cote retrouvés dans une boîte après le décès de Mme Guignard. S'il est probable mais non pas absolument certain qu'ils proviennent de la grotte 17, ce sont en tout cas des fragments découverts par Pelliot en Asie centrale. Ils sont anciens. Certains semblent être du VIIIe siècle. Le plus vraisemblable est que ce sont des pièces détachées mises de côté avant remontage ou reclassement.

Par ailleurs, M. Moriyasu Takao signale l'existence d'une note manuscrite accompagnant le Pelliot chinois 5592 : « Fragment provenant de la grotte 181 (les fragments chinois provenant de la grotte 181 seront cotés à partir de 5592) ». Selon Mlle Séguy, consultée par M. Moriyasu, l'indication aurait été recopiée par Mme Guignard d'après des notes de Pelliot. Entreraient dans cette catégorie les Pelliot chinois 5592 à 5596 (cf. KZ-6, p. 4). Le Carnet de notes de Pelliot mentionne effectivement la découverte de fragments en chinois et langues diverses dans les grottes 181 et 182, 464 et 465 dans la numérotation actuelle (cf. Grottes de Touen-houang, Carnet de notes de Paul Pelliot, volume 6, Paris, 1992, pp. 34 et 38). Toutefois, la note trouvée par M. Moriyasu a disparu. Il n'y est fait nulle part allusion dans les registres. C'est pourquoi nous n'en faisons pas état dans les notices. De toute façon, les manuscrits en question ont toutes les caractéristiques de ceux qui proviennent de la cachette de la grotte 17 et sont tout aussi anciens. S'ils ont été trouvés dans une autre grotte, c'est probablement qu'ils y ont été déposés après l'ouverture.

A la collection proprement dite de manuscrits de Dunhuang provenant de la grotte est ajoutée une liasse de xylographies datant au mieux du début de ce siècle. Acquise par Pelliot à Pékin en 1935, elle porte le Pelliot chinois 6039. La raison pour laquelle Pelliot l'a incorporée dans la collection est, probablement, que la 18e et dernière image xylographique du lot est comparable à une autre image mais provenant, quant à elle, de la grotte 17 (Pelliot chinois 4077). Il se trouve malheureusement que la 18e xylographie du Pelliot chinois 6039 est un faux dont il y a d'ailleurs d'autres exemplaires dans des collections américaines. Quoiqu'il en soit, la liasse, qui n'est d'ailleurs pas dénuée d'intérêt, est prise en compte dans le Catalogue.

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Afin de préserver l'unité de l'ouvrage, ce volume a été rédigé selon les normes de présentation précédemment établies. Les règles essentielles ayant été évoquées dans l'avant-propos du volume IV, je n'y reviendrai pas ici. L'expérience cependant et certaines difficultés d'ordre matériel nous ont conduits à apporter quelques améliorations et modifications dans la rédaction des notices et des appendices. J'en donne ci-dessous un bref aperçu avec quelques informations pratiques.

1) Les alinéas

Nous avons cru bon de mentionner dans les copies de textes canoniques bouddhiques et taoïques la présence d'alinéas, mais seulement quand ils sont différents de ceux qui se trouvent dans les éditions de référence, essentiellement le canon de Taishō et le Dao zang. Ce détail nous a semblé digne d'être signalé même si les espoirs mis dans cette recherche n'ont pas donné de résultats concluants.

2) Les couleurs

Pour pallier dans une certaine mesure l'imprécision des termes par lesquels nous désignons les couleurs des papiers, beige, chamois, ocre, etc. nous y ajoutons un numéro extrait de l'Atlas des couleurs des sols, Revised standard soil color charts, 5e éd., Tōkyō, 1976, d'après le système d'Albert H. Munsell. L'appréciation des couleurs reste malgré tout difficile. Elle dépend de l'éclairage et, parfois, de l'humeur de l'observateur. En outre, les restaurations, nécessaires, effectuées par la Bibliothèque assombrissent les teintes d'origine ou les modifient. Il serait à cet égard intéressant de comparer les couleurs de certains fragments d'un même manuscrit, les uns restaurés, à Paris, les autres non, à Londres.

3) Les cotes

a) Lacunes et déficits. Les notices indiquent clairement les anomalies de la succession des cotes. Ce sont en premier lieu des lacunes, intentionnelles ou accidentelles. Les plus importantes parmi les premières sont celles des Pelliot chinois 4107 à 4499 (primitivement 4100 à 4499) et 5044 à 5521. Nous en ignorons l'origine. Les lacunes accidentelles ou de circonstance résultent soit de raccordements effectués après l'attribution des cotes, soit de redistribution ou réaffectation de cotes. Il y a aussi les « déficits ». Quelques-uns ont été constatés à des dates diverses : dès 1911 pour le Pelliot chinois 4054, en 1945 et 1947 pour d'autres. Peut-être certains sont-ils des emprunts effectués par des lecteurs inattentifs ou indélicats. Je crois plus probable qu'ils sont le résultat de raccordements, regroupements ou changements de cote dont la trace a été perdue.

b) Cotes complexes. Les cotes données aux manuscrits sont parfois assez compliquées. C'est le cas, notamment, des lots de xylographies et d'impressions de figures bouddhiques où nous avons le plus souvent une cote générale suivie d'une sous-cote et d'un n° d'ordre. La succession des trois nombres inscrits sur les manuscrits n'obéit pas à un système uniforme : les sous-cotes sont tantôt mises en exposant, tantôt reliées à la cote par un tiret, tantôt mises entre parenthèses. Pour faciliter l'impression du volume et améliorer la présentation nous avons préféré uniformiser le système en adoptant les parenthèses pour les sous-cote, les n°s d'ordre étant placés en tête de chaque subdivision et centrés. La modification n'entraîne aucune difficulté dans les demandes de communication.

c) Montages. Il arrive que sous une même cote se cachent en réalité deux ou plusieurs manuscrits fragmentaires différents rapprochés et montés sur feuille de restauration. Pour la clarté de la rédaction, nous les avons divisés dans les notices en leur donnant des numéros d'ordre en lettres capitales ou en chiffres romains, placés en tête de division et centrés. Une note liminaire au début de la notice précise bien entendu que la division a été introduite par nous.

d) Doubles cotes. Il est bien connu que certains manuscrits de la collection Pelliot ont reçu des cotes dans le fonds chinois et dans le fonds tibétain, de sorte qu'il existe des doubles, voire même des triples cotes. On en trouvera la liste établie par Marie-Rose Séguy dans le Choix de documents tibétains conservés à la Bibliothèque nationale, tome Ier, Paris, 1978, Introduction, pp. 11-13. Toutefois, l'expression est un abus de langage. Chaque manuscrit porte une cote et une seule, celle sous laquelle on doit en demander communication à la Bibliothèque. C'est pourquoi nos notices portent clairement, en tête, s'il y a lieu, la mention « Devenu Pelliot tibétain 0000 », c'est-à-dire qu'il faut le demander sous cette cote. Dans les autres cas, nous nous contentons d'indiquer dans le corps de la notice « Cf. IMTT » [pour Marcelle Lalou, Inventaire des manuscrits tibétains de Touen-houang conservés à la Bibliothèque nationale], vol. 00, p. 00, n° 0000, ce dernier numéro étant celui de la pseudo-cote double.

4) Les annexes

a) Abréviations. La liste reproduit à peu de chose près celle des volumes précédents. Sans doute aurait-il fallu y ajouter la liste des caractères cycliques, car ils ne sont donnés dans les notices que sous leur transcription EFEO, passée de mode mais néanmoins très compréhensible. Je signalerai seulement que nous transcrivons mou le 5e tronc qui se lit habituellement wu afin d'éviter la confusion avec la 7e branche qui se lit également wu. Par précaution, le caractère mou est donné dans la liste des abréviations.

b) Liste des sigles et bibliographie. En réponse à certaines critiques, je dirai à nouveau que les sigles ne sont qu'un moyen d'alléger les notices. Leur liste ne doit absolument pas être considérée comme une bibliographie, même sommaire. Par principe, les notices ne comportent dans leur bibliographie que ce qui se rapporte directement aux manuscrits qu'elles décrivent : reproductions, éditions, études.

c) Index. Sans être exhaustifs, ils sont, bien entendu, aussi complets que possible. Comme dans l'index alphabétique du volume IV, les titres de fonction ont été découpés en segments mais de façon plus fine. Quelques règles typographiques ne semblent pas avoir été bien comprises. Je les rappelle comme suit. Sont en capitales les noms de famille chinois, les noms religieux, les noms sanscrits ou tibétains et les noms des empereurs. Sont en italiques, sans traits d'union, avec majuscule à l'initiale, les noms des ouvrages et intitulés de textes. Sont en italiques également mais avec traits d'union, sans majuscule à l'initiale, les noms de fonction et les termes du vocabulaire chinois. Sont en lettres ordinaires les noms de lieu, avec majuscule à l'initiale et suivis éventuellement, en italique, d'un terme générique, monastère, circonscription ou autre.

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Avant de clore cette introduction, j'exprime au nom de tous mes sincères remerciements à Mme Kuo Li ying qui nous a rendu des services extrêmement appréciés et a prêté la main à plusieurs notices, au Dr Serge Franzini qui nous a donné des renseignements fort utiles sur des termes de botanique et de médecine. M. Alain Thote de son côté a bien voulu examiner à la Bibliothèque l'ensemble de nos dessins et peintures. Les dénominations des couleurs des peintures, notamment, lui sont dues, ainsi que certaines mesures et des appréciations d'ordre esthétique hors de notre compétence. Je l'en remercie vivement. M. Zhang Guang da nous a fait bénéficier de sa grande connaissance des textes administratifs et historiques. Ses conseils et indications nous ont toujours été d'un grand secours. Qu'il veuille bien accepter ici le témoignage public de notre reconnaissance et de notre estime.

Il convient en outre d'adresser nos remerciements et nos félicitations à Mlle Michela Bussotti. Elle a consciencieusement et très efficacement recueilli les noms, termes et autres renseignements qui forment la base de nos deux index. Je dois signaler enfin que M. Hubert Delahaye s'est associé à notre collègue Richard Schneider pour convertir, au prix de grands efforts, nos textes informatisés et les nombreux caractères chinois qu'ils comportent en un système utilisable pour l'impression de l'ouvrage selon les procédés actuels. Nous leur en sommes redevables et leur en savons le plus grand gré.

Mme Monique Cohen, Conservateur général à la Bibliothèque nationale de France, responsable de la Division des manuscrits orientaux, nous a accordé divers avantages qui nous ont facilité la tâche. Qu'elle trouve ici l'expression de notre gratitude.

Le directeur de l'École française d'Extrême-Orient, M. Denys Lombard, a bien voulu faire paraître ce volume sous forme de Publication hors série, comme l'avait fait son prédécesseur pour le volume IV, afin de maintenir l'unité de présentation de l'ouvrage. Nous lui en sommes très sincèrement reconnaissants. Des liens parfois anciens unissent plusieurs d'entre nous à la prestigieuse institution qu'il dirige, mais je rappellerai seulement que Paul Pelliot était un jeune membre de l'École quand il acquit à Dun huang en 1908 les manuscrits infiniment précieux étudiés dans notre ouvrage.

M. Jean Leclant, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, avait accepté d'apporter le concours de son Académie à la publication de cet ouvrage. Ainsi que je l'ai dit plus haut, les procédés de publication assistée par ordinateur utilisés ici ayant considérablement réduit les frais d'impression initialement prévus, le soutien qu'il nous avait généreusement accordé n'a finalement pas été nécessaire. Je tiens néanmoins à lui exprimer notre profonde gratitude et à le remercier de l'honneur qu'il nous a fait en cette circonstance.

Mes remerciements les plus vifs et les plus chaleureux s'adressent à la Fondation Singer-Polignac, à son Président, M. Édouard Bonnefous, Chancelier de l'Institut de France, et aux membres de son Conseil d'Administration, qui ont généreusement accordé, de nouveau, les moyens financiers nécessaires à la publication de ce coûteux ouvrage. Je n'oublie pas et j'ai plaisir à rappeler que la Fondation a déjà dans le passé pris intégralement à sa charge la publication des volumes I et III du Catalogue et contribué en large partie à celle du volume IV. Elle a aussi organisé en février 1983 un colloque sur « Les Peintures et les Manuscrits de Dunhuang » dont elle a publié les actes en décembre 1984. Il n'est pas excessif de dire qu'elle a, au cours de ces vingt-cinq dernières années, exercé une influence décisive sur l'essor et le développement des études se rapportant à Dunhuang.

En dernier lieu, je rappellerai que le Collège de France nous a dès l'origine permis de travailler dans d'excellentes conditions en nous hébergeant dans ses locaux des Instituts d'Extrême-Orient, avec toutes les facilités matérielles que nous pouvions souhaiter. Je ne crois pas que, sans cet avantage inestimable, il nous aurait été possible de mener à bien notre tâche. Je remercie donc très vivement les Administrateurs du Collège de France, MM. Yves Laporte et André Miquel, ainsi que M. Jacques Gernet, leur Délégué aux Instituts d'Extrême-Orient, à qui est dédié cet ouvrage. M. André Miquel, a bien voulu en outre se faire notre avocat auprès de la Fondation Singer-Polignac.

A Paris, le 24 avril 1994

Michel Soymié

Introduction au volume ‘Fragments chinois du fonds Pelliot tibétain

En hommage à Michel Soymié

Le fonds des manuscrits tibétains de Dunhuang conservés à Paris compte environ quatre mille manuscrits. Plus de la moitié ont été catalogués par Mlle Lalou qui, en 1937, publiait le premier des trois volumes de l'Inventaire des manuscrits tibétains de Dunhuang conservés à la Bibliothèque nationale (Fonds Pelliot tibétain). Son dernier volume qui s'arrête au numéro 2216 parut en 1953.

Avec l'aide de M. Lin Li guang et, pour cinq manuscrits du vol. 2, de Mme Guignard, bibliothécaire au Cabinet des manuscrits, Mlle Lalou avait déjà, dans chacun des volumes, mentionné et parfois identifié, les parties chinoises de ces manuscrits. Dans les volumes 2 et 3, les documents concernés sont annexés sous la rubrique Textes chinois.

En 1978 et 1979, Ariane Spanien et Yoshiro Imaeda publiaient deux volumes de Choix de documents tibétains conservés à la Bibliothèque nationale, complété par quelques manuscrits de l'India Office et du British Museum dans la collection Mission Paul Pelliot de la Bibliothèque nationale de France. L'identification d'un certain nombre de parties chinoises, notamment de sceaux, y était donnée ainsi que l'analyse de plusieurs manuscrits où la juxtaposition de textes tibétains et de textes chinois était complexe (Pelliot tibétain 1286, Pelliot tibétain 1287, Pelliot tibétain 1288).

Il restait malgré tout des ombres et des incertitudes, et les parties chinoises de ces manuscrits tibétains méritaient qu'on leur consacrât un travail à part entière. C'est l'objet du présent ouvrage.

Ce travail a également été conçu comme une suite ou un complément au Catalogue des manuscrits chinois de Dunhuang, fonds Pelliot chinois, dont le premier volume fut l'œuvre de MM. Gernet et Wu Chi-yu et dont les trois derniers volumes ont été rédigés sous la direction de M. Soymié (la publication du volume 2, par la Bibliothèque nationale de France étant attendue avec impatience par tous). Il reprend, dans sa forme, les règles et conventions utilisées dans le Catalogue du fonds Pelliot chinois. Tous ceux qui, dans le monde, s'intéressent aux manuscrits de Dunhuang, et ils sont de plus en plus nombreux, se sont habitués au style précis des notices de cet ouvrage. Il était bon que les lecteurs puissent passer d'un catalogue à l'autre sans être obligés de s'adapter à une nouvelle présentation. Une seule nouveauté a été introduite : la mesure de l'espace entre les marges supérieure et inférieure. Elle avait été suggérée par M. Drège alors que nous procédions à la rédaction du dernier volume du Catalogue du fonds Pelliot chinois et il m'a semblé qu'elle permettait de mettre plus clairement en évidence les règles suivies par les copistes dans la préparation de leur manuscrit.

Le chinois est transcrit selon le système EFEO, quant au tibétain, ce sont les règles suivies par Jäschke (H. A. Jäschke, A Tibetan-English Dictionary, London, 1881, XXII + 671 p., [rééd. 1934, 1949, 1958]) dans son dictionnaire qui ont été adoptées. Le plan du présent travail est également identique à celui du Catalogue du fonds Pelliot chinois. On trouvera, à la suite des notices, des appendices dont les plus importants sont un index alphabétique et un index analytique. Du fait du nombre limité de documents concernés, l'index analytique est évidemment moins riche ou moins élaboré que celui des différents volumes du Catalogue du fonds Pelliot chinois (beaucoup de rubriques qui auraient été vides ont été supprimées). Les références bibliographiques ont été également considérablement réduites. Le nombre de travaux publiés sur Dunhuang depuis les dix dernières années est en constante augmentation, et il m'a semblé qu'il était préférable de terminer ce catalogue dans des délais raisonnables afin d'offrir le plus rapidement possible une vue globale des manuscrits aux chercheurs, qui pourront ainsi en étudier les aspects particuliers.

Le présent volume est d'une taille relativement plus réduite que ceux cités précédemment puisqu'il ne comporte que 196 notices. Cependant, sa rédaction a permis de découvrir un certain nombre de copies du Sūtra du Lotus qui n'avaient pas été remarquées par Kabutogi Shōkō dans son inventaire des copies de ce texte parmi les manuscrits de Dunhuang (cf. TKHK). L'étude de certains versos chinois a également permis de compléter l'identification des parties tibétaines, comme par exemple dans le cas des manuscrits Pelliot tibétain 162, Pelliot tibétain 423, Pelliot tibétain 571 et Pelliot tibétain 746.

L'un des documents chinois les plus précieux de ce fonds tibétain est probablement le manuscrit Pelliot tibétain 609 sur lequel est copié un commentaire du Lañkāvatāra-sūtra. Ce texte chinois ne nous était connu que par la copie du manuscrit S. 5603 et par les traductions tibétaines conservées dans le bsTan-'gyur.

Bien que la plupart des textes soient de nature bouddhique, on trouve également une vingtaine de textes de nature économique et un nombre équivalent de lettres, rapports et textes littéraires. Il est fort dommage que ces documents soient très souvent dans un état de conservation assez mauvais ; ils ont pu malgré tout apporter des informations qui ne sont pas sans intérêt.

Les listes de textes chinois établies par Mlle Lalou m'ont été d'une grande aide dans la préparation de cet ouvrage. Cependant, il est bon de noter qu'elles ne correspondent plus tout à fait à la situation actuelle des manuscrits. En effet, un certain nombre d'entre eux qui, du temps de Mlle Lalou, appartenaient au fonds tibétain, sont passés depuis dans le fonds chinois. Ils ont donc, de ce fait, avec une nouvelle cote, été déjà catalogués dans les volumes du Catalogue du fonds Pelliot chinois. Par ailleurs, certains manuscrits, qui faisaient partie de ce fonds, ont été intégrés dans le fonds tibétain après que l'Inventaire de Mlle Lalou ait été publié. Afin de clarifier cette situation, j'ai donné en annexe une liste des manuscrits ayant plusieurs cotes.

Les lecteurs ne pourront que noter la brièveté d'un certain nombre de notices. La « partie chinoise » de certains manuscrits est en effet limitée à quelques, voir un seul caractère chinois. Il arrive, en outre, que ces caractères ne soient que de simples graffiti totalement illisibles. Dans ces cas-là, il m'a semblé qu'il n'était pas nécessaire de donner une description matérielle détaillée de ces manuscrits, qui sont très souvent de très longs rouleaux de plusieurs feuilles.

Le fonds tibétain comporte un grand nombre de copies en tibétain du Sūtra d'Amitāyus ou la Śatasāhasrikā-prajńāpāramitā, deux textes majeurs du bouddhisme mahayanique. Les parties chinoises de ces manuscrits sont extrêmement courtes puisqu'elles se réduisent à la mention d'un numéro d'enveloppe, mais elles témoignent de la façon dont les textes étaient classifiés et conservés.

Les notices de ce catalogue ont été rédigées dans le cadre des activités d'une Équipe de recherche de l'École pratique des hautes études associée au CNRS. Cette équipe, connue jusqu'en 1996, sous l'intitulé « Équipe de recherche sur les manuscrits de Dunhuang », a depuis élargi le champ de ses activités et a pris le nom de Centre de recherche « Civilisation chinoise ».

Les documents de nature économique ont été identifiés et analysés par Éric Trombert, spécialiste en la matière. Richard Schneider s'est consacré à l'étude des pièces littéraires ainsi qu'au travail fastidieux et ingrat de déchiffrement des inscriptions qui parsèment les manuscrits. Jean-Pierre Drège a apporté toute son expérience dans la description matérielle des documents. La plupart d'entre eux furent d'abord utilisés pour copier un texte chinois, puis furent coupés, collés, pliés, etc. afin d'inscrire un texte en tibétain. La description de ces différents cas était donc fort délicate et les conseils de M. Drège ont été extrêmement précieux.

Mais une grande partie des documents étudiés ici sont de nature bouddhique et ce catalogue n'aurait pu voir le jour sans la participation active de M. Soymié, qui, bien qu'ayant pris sa retraite, a accepté, avec la même passion et la même détermination, de s'occuper de l'identification de nombreux textes. C'est avec une profonde sincérité que je tiens ici à lui exprimer ma gratitude.

Qu'il me soit permis également de remercier Mme Monique Cohen, conservateur général du Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, qui m'a permis d'examiner ces documents extrêmement précieux, ainsi que tout le personnel de la salle de lecture de ce département pour la gentillesse et la patience dont il a fait preuve.

Je remercie enfin M. Drège, directeur de l'EFEO, qui a bien voulu accepter cet ouvrage parmi les publications de l'École.

J'espère vivement que ce catalogue, malgré peut-être quelques imperfections, pourra contribuer au développement des études portant sur les manuscrits de Dunhuang et que, de façon indirecte, il permettra de relancer l'attention des chercheurs sur ce fonds moins connu des documents en tibétain.

Françoise Wang-Toutain