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Français 184

Cote : Français 184  Réserver
Ancienne cote :  Regius 6845 3
Ancienne cote : Colbert 51
Jacques de Voragine , Légende dorée , traduction de Jean de Vignay ; Jean Golein , Festes nouvelles
XV e siècle (vers 1402-1410)
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits
Manuscrit copié à Paris .
Belle litera cursiva textualis copiée par au moins deux scribes. Rubriques de titre à l’encre rouge tout du long. Correction marginale au f. 21v. Jeux de plume aux ff. 290, 293, 295v. et 372v. Mentions latines soulignées à l’encre rouge aux ff. 361, 376 et 406 .
1 miniature frontispice (f. 5, 178 x 190 mm) en grisaille rehaussée de rouge et de vert sur fond vermiculé rouge, bleu et or avec initiale et encadrement, argent oxydé ; 43 miniatures de la largeur d’une colonne (65/95 x 83 mm), en grisaille sur réserve, légèrement rehaussées de vert et de rouge, accompagnée d’une initiale or sur champ rouge et bleu filigrané, sur trois lignes pour les chapitres, sur cinq lignes au ff. 1 et 415v., sur six lignes aux ff. 370 et 411. Décoration attribuée au Maître des Heures de Johannette Ravenelle .
Parchemin , A-C + 429 ff. + 3 soit 435 ff. au total (foliotés de 1 à 430) , 445 x 330 mm (just. 270 x 190 mm) .
1 cahier de 4 feuillets (1-4) + 51 cahiers de 8 feuillets (5-420) + 1 cahier de 8 + 1 feuillet (420-429), précédés et suivis d’un cahier de 4 feuillets en parchemin de l'époque de la reliure (comprenant contregardes et trois feuillets dont f. 430). Signatures visibles aux ff. 168, 232, 238, 239, 240, 246, 255, 256, 351, 408. Réclames à la fin de chaque cahier à l’encre brune. Foliotation XIX e siècle à l'encre noire.
Réglure à la mine de plomb pour deux colonnes de 40 à 42 lignes avec rubriques de titre. En bordure extérieure, présence de plusieurs réglures verticales hors texte pouvant indiquer que des bordures décorées étaient prévues .
Reliure de maroquin rouge à filets dorés aux armes et chiffre royaux de la fin du XVII e siècle ou début du XVIII e siècle. Titre « LEGENDE / DOREE » au dos ; tranches dorées peintes aux armes et devise ( d’hermine à deux bars adossés de gueule et A la premiere ) de Raoul VI de Gaucourt, chambellan de Charles d’Orléans, puis de Charles VII, roi de France .
Estampille de la bibliothèque royale avant 1735 (Josserand-Bruno, type n° 5) .

Conditions d'accès

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Historique de la conservation

Peut-être réalisé pour Raoul VI de Gaucourt ? ; Président de Blancmesnil ; Nicolas Moreau , seigneur d'Auteuil ; Henri Louis Habert de Montmor ; Jean-Baptiste Colbert (24 octobre 1682, BnF, Mss., Baluze 100, f. 155 ; coté 51) ; ancien fonds royal.
Ce manuscrit présente des tranches peintes aux armes et devise de Raoul VI de Gaucourt. Raoul de Gaucourt fut d’abord valet de Charles VI en 1388 avant de rejoindre le parti des Orléans en 1411, date à laquelle il devint chambellan de Charles d’Orléans. Bailli de Harfleur en 1415, il fut fait prisonnier durant dix ans en Angleterre et devint, à son retour en France, chambellan de Charles VII, grand maître de son hôtel et gouverneur du Dauphiné. Il mourut vers 1462. On ignore à quelle date Raoul de Gaucourt entra en possession du manuscrit, il demeure néanmoins qu’une copie de ce manuscrit fut réalisée dans la seconde décennie du XV e siècle et peinte aux armes de Charles d’Angoulême (Mss., Français 243).
Le volume est passé au XVII e siècle au Président de Blancmesnil, qui en fit présent le 1 er janvier 1676 à Nicolas Moreau, seigneur d’Auteuil, comme le prouve un autographe de ce dernier, placé en colophon (f. 428v.). Il fut ensuite acheté par Jean-Baptiste Colbert à la vente des manuscrits de l’homme de lettres Henri Louis Habert de Montmor le 24 octobre 1682 (cf. BnF, Mss., Baluze 100, Documents sur la bibliothèque de Colbert , f. 155). Il intégra la Bibliothèque royale en 1732 avec le fonds Colbert.

Présentation du contenu

Commençant par :

« Monseigneur S t Jeroisme dit ceste auctorité : Fay tousjours aucune chose... »

et finissant par :

«... tesmoingnage de verité à vous tous et le commandons à Dieu. Etc. Datum. Explicit le livre de la Legende doré et des Festes nouvelles »

. Les « Festes nouvelles » commencent à S t Éloi (f. 370).
Texte :
Le succès de la Legenda Aurea du frère dominicain Jacques de Voragine, compilation de quelques 180 vies de saints rédigée dans la seconde moitié du XIII e siècle, est à l’origine des nombreuses traductions françaises que l’on en connaît. La traduction réalisée par Jean de Vignay est celle dont on possède le plus grand nombre de témoins. Prolifique traducteur originaire de Normandie, il aurait travaillé dès les années 1330 à la cour de Philippe VI de Valois et Jeanne de Bourgogne, reine à qui il dédia de nombreuses traductions, dont celle-ci. La traduction de la Legenda Aurea intervint peu après son premier chantier (le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais ) et en tous cas avant 1348, date à laquelle Richard de Montbaston data et signa le premier exemplaire conservé de la Légende Dorée dans la traduction de Jean de Vignay (BNF, Mss., Français 241). Dès 1401-1402 apparaît à la suite de certaines Légende Dorée de Jean de Vignay un ensemble de 46 vies de saints, regroupées sous l’appellation de Festes nouvelles . On ne sait rien de leur auteur sinon qu’il était maître en théologie de l’ordre des Carmes, ce qui permit de le rapprocher de la figure de Jean Golein (décédé en 1403), théologien, nonce du pape en Avignon et traducteur renommé du roi Charles V.
Le texte de la Légende Dorée contenu dans ce manuscrit occupe une place fluctuante dans les quelques stemmata codicorum qui ont pu être définies sur la base d’une ou plusieurs vies de saints (cf. Hamer et Russell, 1989 ; Bengtsson, 1996 ; Colet et Messerli, 2008). S’il est certain que le manuscrit BnF, Mss., Français 243 fut copié sur cette version (cf. Hamer et Russell, 1989, p. 141 ; Bengtsson, 1996, p. XVI), les variations rencontrées entre les différentes versions pour chaque chapitre de la Légende Dorée incitent Olivier Collet et Sylviane Messerli à y voir les limites de la méthode. La composition de la Légende Dorée en chapitres qui ont pu être diffusés indépendamment explique l'instabilité du texte (Colet et Messerli, 2008, p. 382-385).
Pour ce qui est des Festes nouvelles , elles héritent, selon Richard Hamer, d’une source commune au manuscrit BnF, Mss., Français 242, mais cette parenté ne se vérifie pas pour autant dans les éditions critiques des chapitres de la Légende mentionnées ci-dessus.


Décoration :
Le manuscrit s’ouvre par la Préface de Jean de Vignay, illustrée d’une miniature représentant le traducteur normand dictant son œuvre au scribe (f. 1). Vient ensuite le frontispice (f. 5), entouré d’une riche bordure florale, représentant sur un fond vermiculé l’Arbre de Jessé. Il se déploie autour d’un axe central, rassemblant de bas en haut Jessé endormi, la Vierge et l’Enfant se tenant sur un croissant, argenté et oxydé, représentant la Lune, et Dieu le Père dans une mandorle. Si certains exemplaires de la Légende Dorée présentent une miniature pour chacun des saints, le cycle iconographique est réduit dans notre manuscrit à 43 miniatures. Le saint peut y être figuré avec ses attributs, lors de son martyre ou réalisant les miracles qui lui sont associés.
L’ensemble de la décoration principale a été attribuée au dit Maître des Heures de Johannette Ravenelle. Auparavant dénommé Maître du BN. fr. 159, cet enlumineur actif au tournant du XV e siècle à Paris s’est vu attribuer une quinzaine de manuscrits, pour la plupart des œuvres littéraires et des livres d’heures. Enraciné dans les formes élégantes et longilignes qui dominent dans les ateliers parisiens autour de 1400, le Maître des Heures de Johannette Ravenelle se distingue par un modelé des ombres harmonieux, des personnages assis au dos rigide (f. 4), un certain naturalisme dans l’attention aux détails (f. 45v.), et surtout un trait de contour très prononcé qui lui valut autrefois le nom de convention de Maître du Contour. C’est ce même artiste qui réalisa, selon Eva Sandgren, 173 des 221 images d’une Légende Dorée contemporaine, également conservée à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Mss., Français 242, célèbre pour le frontispice éponyme du Maître du Couronnement de la Vierge. Le maître y adapte sa maîtrise de la grisaille à des fonds quadrillés rouges ou bleus, pour des compositions souvent très proches de celles des miniatures du BnF, Mss., Français 184 (notamment celles des ff. 20, 23v., 24v., 190 et 415v.).
Hillary Maddocks insère l’œuvre dans la production d’un artiste parisien du tout début du XV e siècle, et date le manuscrit de 1402, en raison de la date des Festes nouvelles attribuées à Jean Golein.
Légende dorée : f. 1 : Préface de Jean de Vignay. L’auteur dicte son œuvre à un scribe ; f. 5 : Avent. Arbre de Jessé ; f. 9 : Saint André tient une croix décussée ; f. 13 : Saint Nicholas ressuscite trois enfants d’une baignoire d’eau salée ; f. 16 : Sainte Lucie conduite devant le consul Pascasius ; f. 17 : Saint Thomas Apôtre forcé de sacrifier aux idoles en appelle au démon qui réside dans la statue ; f. 20 : Nativité ; f. 23v. : Sainte Anastasie est brûlée sur le bûcher ; f. 24v. : Lapidation de saint Etienne ; f. 27 : Saint Jean l’Evangéliste conduit devant le roi ; f. 29v. : Massacre des Innocents ; f. 30v. : Saint Thomas Beckett assassiné sur l’autel ; f. 36 : Circoncision ; f. 39 : Adoration des Mages ; f. 42 : Saint Antoine Abbé trouve saint Paul de Thèbes mort en prière, tandis qu’à l’arrière deux lions creusent sa tombe ; f. 45v. Saint Antoine Abbé avec pour attributs un cochon et des flammes l’entourant ; f. 55 : Saint Jean l’Aumônier ; f. 58 : Conversion de saint Paul ; f. 61v. : Saint Julien l’Evêque attaqué par un soldat ; f. 74 : Sainte Agathe conduite devant le consul ; f. 79v. : Saint Matthieu tenant la massue, attribut erroné ; f. 94 : Annonciation ; f. 97 : Crucifixion ; f. 102v. : Résurrection ; f. 113v. : Saint George terrassant le dragon ; f. 116 : Saint Marc Evangéliste ; f. 128 : Saint Philippe apôtre en appelle au démon de l’idole qui s’abat alors sur ses oppresseurs ; f. 128v. Saint Jacques le Mineur est lapidé et frappé d’un gourdin à la tête ; f. 136v. : Saint Jean devant la Porte latine est précipité dans une cuve d’huile ; f. 139 : Ascension du Christ ; f. 156 : Nativité de saint Jean-Baptiste. Saint Jean baptisant le Christ. f. 162 : Saint Pierre tenant les clefs du Paradis ; f. 167v. : Saint Paul tenant l’épée de son martyre ; f. 176v. : Sainte Marguerite d’Antioche émerge intacte du ventre du dragon ; f. 180 : Sainte Marie-Madeleine tenant le pot à onguents ; f. 186v. : Saint Jacques le Majeur et saint Josias le scribe décapités ; f. 190 : Saint Christophe portant le Christ Enfant ; f. 215v. : Saint Laurent sur le gril de fer ; f. 239 : Saint Bartholomé exorcise le démon de la fille du roi ; f. 242v. : Saint Augustin, inspiré par le Saint-Esprit, dicte à un scribe ; f. 281 : Saint Michel l’Archange terrassant le démon.
Festes nouvelles : f. 370 : Saint Eloi, évêque de Noyon, tient le marteau d’or, son attribut. Son roi Clotaire II se tient à ses côtés ; f. 411 : Saint Sacrement. Célébration de la Messe ; f. 415v. : Légende du Saint Voult, le pauvre musicien joue devant une image de la Sainte-Face de Lucques.

Fichier Avril

Consulter la fiche numérisée (Français 184)

Le fichier Avril a été constitué entre 1968 et les années 1990 par François Avril, conservateur au département des Manuscrits, à partir d’un examen systématique des manuscrits des fonds latin, français (et partiellement N.A.F.) et italiens, dans la perspective de l’élaboration d’un catalogue scientifique des manuscrits enluminés de la BnF. Cette documentation de travail est tenue à jour et complétée jusqu'en 2003.

Bibliographie

Texte :
Anders BENGTSSON, La vie de sainte Bathilde. Quatre versions en prose des XIIIe et XVe siècles , Lund, 1996, p. XVI .
Olivier COLLET et Sylviane MESSERLI, Vies médiévales de Marie-Madeleine , Turnhout, 2008, p. 382-385 .
Richard HAMER et Vida RUSSELL, « A critical edition of four chapters from the Legende Doree”, dans Mediaeval Studies , 51, 1989, p. 141, 156-157 .
Richard HAMER, « Jean Golein’s Festes nouvelles : a Caxton source », dans Medium Aevum , 55 :1 , 1985, p. 255-257 .
Vida RUSSELL, « Evidence for a stema for the De Vignay MSS : St. Nicholas, St. George, St. Bartholomew, and All Saints”, dans Legenda aurea : sept siècles de diffusion. Actes du colloque international sur la Legenda aurea : texte latin et branches vernaculaires à l’Université du Québec à Montréal, 11-12 mai 1983 , édité par Brenda Dunn-Lardeau, 1986, p. 131-154 .

Décoration :
Hillary MADDOCKS, The Illuminated Manuscripts of the "Légende Dorée" : Jean de Vignay's translation of Jacobus de Voragine's "Legenda aurea" , thèse de doctorat, Melbourne, 1990, p. 111-112, 182-184 .
Eva Lindqvist SANDGREN, The book of hours of Johannette Ravenelle and Parisian book illumination around 1400 , Uppsala, 2002, p. 45-54, 62-65 .
Laurent UNGEHEUER, Le maître de la Légende dorée de Munich. Un enlumineur parisien du milieu du XVe siècle. Formation, production, influences et collaborations , thèse de doctorat sous la direction de Michel Pastoureau, Ecole pratique des hautes études, 2014, cité p. 222, 501, 508,

Historique :
Léopold DELISLE, Le Cabinet des Manuscrits de la Bibliothèque impériale , t. 1, Paris, 1868, p. 149.
Paulin PARIS, Les manuscrits françois de la bibliothèque du roi , t. 2, Paris, 1838, p. 88-91, n°6845 3 .

Informations sur le traitement

Notice rédigée par Elliot Adam, sous la direction de Maxence Hermant (octobre 2014).

Dépouillement bibliographique

Ce dépouillement bibliographique est réalisé de façon systématique à partir des publications acquises par le département des Manuscrits. Il est issu de chargements périodiques (dernier chargement : février 2021).

2014

Chloé MAILLET, La parenté hagiographique (XIIIe-XVe siècle) : d'après Jacques de Voragine et les manuscrits enluminés de la « Légende dorée » (c. 1260-1490), Turnhout : Brepols, 2014, cité p. 152 n. 67, 153, notice p. 329-330. — 8-IMPR-12094.