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Français 166

Cote : Français 166  Réserver
Ancienne cote : Rigault 288
Ancienne cote : Dupuy 250
Ancienne cote : Regius 6829 (2)
Bible moralisée, fragment : Genèse à Isaïe, XXII, 16.
XVe s (différentes phases de décoration datant de1402 (?)-1492 : voir au f. 152, les armes de l’alliance France-Angleterre renvoyant au mariage d’Anne de Bretagne et du roi Charles VIII) ; écriture antérieure
Deux copistes principaux : copiste A : f. 1-161v ; copiste B : f. 162-169v. Pour J. Lowden, les 5 feuillets retrouvés dans les mss. BnF, Latin 17177, f. 34-35 et Latin 10399, f. 17-19, sont des deux mains (voir infra) : Lowden 2000, p. 257

Cette Bible est l’une des sept bibles moralisées écrites en latin, français ou dans les deux langues, commandées à l’époque médiévale par les rois ou la cour, aujourd’hui conservées. La décoration du ms. est due à plusieurs artistes qui se sont succédé sur une période de près de 90 ans. Le ms. a été copié sur un autre modèle bourguignon, le ms. BnF, Français 167. Le ms. est incomplet et contient 21 cahiers sur les 40 du ms. originel.

Se référant à des quittances de mai 1402 et janvier 1404 (n. st.), les historiens de l’art ont identifié le ms., dont l’illustration fut confiée par le duc de Bourgogne Philippe le Hardi aux frères Paul de Limbourg et Jean de Limbourg, à la « tres belle et notable Bible » dont les deux frères devaient « parfaire les histoires […] jusques a quatre ans prouchains [-venans] ensivant .IIII.C et cinq » (Meiss 1974, p. 72-74). Le terme « parfaire » impliquant que les Limbourg seraient intervenus sur un manuscrit en cours d’exécution a incité Jean Porcher et Charles Sterling à réfuter cette hypothèse. Les collections bourguignonnes comptaient une autre bible en français et en latin pour laquelle Philippe le Hardi aurait versé 60 francs or en 1407, illustrée par les peintres Ymbert Scannier, Jacques Coene et Hanselin de Haguenot. Patrick De Winter suggère que ces artistes auraient complété la partie du ms. Français 166 aujourd’hui perdue (De Winter 1985, cat. 41, p. 267). Le fait qu’il soit mentionné dans l’inventaire de 1518 que les deux derniers cahiers du ms. Français 166 n’étaient pas illustrés (voir infra Historique) ne permettent pas d’adopter de façon définitive cette identification. Pour J. Lowden, la copie du ms. était faite lorsque sa décoration a été confiée aux frères Limbourg et rien ne s'oppose à l’identification du ms. Français 166 avec la Bible indiquée dans les quittances de 1402 et 1404 (Lowden 2000, p. 274-276).

La première phase de décoration du ms. date des premières années du XVe siècle. Les Limbourg ont réalisé les 384 peintures des 3 premiers cahiers (f. 1-24v) et la plupart des surfaces des 128 peintures du 4e cahier (f. 25-32v), à l’exception des visages et de quelques mains peintes par le Maître du Psautier de Jeanne de Laval (voir infra), sur le modèle du ms. BnF, Français 167, bien que certaines images présentent des différences : voir Lowden 2010, p. 227-242.

Le dessin de la page frontispice, représentant s. Jérôme, a été longtemps attribué aux frères Limbourg. Il s’agit, en réalité, de la copie d’une composition par les Limbourg en 1411. L’artiste a été désigné par M. Meiss sous le nom de Maître de s. Jérôme (Meiss 1974, p. 82). E. König date la composition des années 1420 (König 2010, p. 202). Le dessin fut copié au cours du XVe siècle par Barthélémy d’Eyck, le Maître de Rohan et le Maître du Boccace de Genève.
La décoration du volume fut interrompue par la mort de Philippe le Hardi, ainsi qu’en témoigne l’absence de foliotation du 3e cahier (f. 17-24) et les initiales inachevées des f. 42 et 46v.
La 2e phase de décoration est l’œuvre d’artistes appartenant à un atelier angevin. L’illustration fut reprise vers 1440 par un premier artiste, désigné sous le nom du Maître du Psautier de Jeanne de Laval (Poitiers, BM, ms. 41), qui acheva les peintures du 4e cahier et réalisa les peintures du f. 33r du 5e cahier. L’illustration du 5e cahier est l’œuvre de deux artistes : la main du Maître de Jouvenel des Ursins se reconnaît aux f. 33v et 40. Du f. 34 au f. 39v, les peintures ont été complétées par son disciple, le Maître du Boccace de Genève (ms. Genève, Bibliothèque publique et universitaire, ms. 191) à qui E. König attribue aussi en partie la décoration du 6e cahier (f. 41r-48v : König 2010, 2, p. 241).

Une 3e phase consiste en la décoration d’une partie des 5e et 6e cahiers, dont le f. 48v, et de la totalité des 7e et 8e cahiers, attribuée à un autre artiste qui réalisa aussi les peintures des f. 65-67v, 69-72v du 9e cahier et le f. 114. Un dernier enlumineur acheva la décoration des 15e, 16e, 17e et 18e cahiers. Les trois derniers cahiers sont inachevés.

Au 16e cahier (f. 122r), numérotation des images à l’encre brune selon l’ordre alphabétique dans la justification verticale gauche comme l’indiquent les marques j, (k), l, m, n, (o), p, q au f. 122v ; numérotation alphabétique dans l’angle inférieur gauche de la peinture de c i à u iiii du f. 154r au f. au f. 164v, de aa i à uu iiii du f. 165 au f. 169v.

On reconnaît dans l’illustration du f. 48, plus tardive, la main de ,Georges Trubert successeur du groupe de Jouvenel, brillant artiste maîtrisant les paysages et les intérieurs, longtemps nommé Maître de René d’Anjou, valet de chambre du roi René I d'Anjou, connu pour la décoration du livre d’heures signé par Guiot Batelet (Avignon, BM, ms. 2595) et le diurnal du roi René (BnF, Latin 10491). Le ms. était alors la propriété d’Aymar de Poitiers, sénéchal de Provence. La mort de René d’Anjou interrompit le travail de Trubert, invité en 1391 par le duc René II de Lorraine, à Nancy, et seul le f. 48 témoigne de son œuvre.

Les armoiries peintes sur la tour de David, au f. 152, représentant l’alliance France-Angleterre (fleurs de lys sur fond bleu et hermine noire sur argent) renvoient au mariage de la duchesse Anne de Bretagne avec le roi Charles VIII le 6 décembre 1491 : la décoration du ms. fut donc poursuivie jusqu’en 1492 (König 2010, p. 218).

Décoration secondaire. La décoration secondaire reflète aussi les phases successives de la décoration.
Premiers cahiers (f. 1-32) : Initiales vignettées (2 à 4 lignes) introduisant certains livres (f. 1, 28v, 33, 42 : inachevée, 46v : inachevée). – Initiales filigranées (2 lignes) introduisant les versets bibliques et leur traduction en français. – Bouts de ligne or et bleu, fleurs de lys au f. 2r-v.
5e au 14e cahiers (f. 33-113) : Initiales (4 lignes) ornées inachevées : f. 42 (début du Deutéronome), 46v (début de Josué). – Initiale puzzle (4 lignes) au début des Juges (f. 52r). – Initiale (3 lignes) filigranée au début d’Esdras (f. 92v).
Psautier (f. 114-132) : initiale (2 lignes) filigranée introduisant les premiers versets des psaumes et la glose. – Initiale (4 lignes) ornée inachevée au début du texte (f. 114). – Nombreux espacements blancs indiquant la place d’initiales non exécutées. – Au 16e cahier (f. 122-129) changement d’ornemaniste : alternance d’initiales (2 à 4 lignes) or sur fond rouge sombre et d’initiales (2 à 4 lignes) bleues filigranées introduisant psaumes et glose.
Au 17e cahier (f. 130-137) : suppression des initiales filigranées ; alternance d’initiales (1 à 4 lignes) champies sur fond rouge sombre et bleu.
Au 18e cahier (f. 138-145) : alternance d’initiales (2 lignes) champies sur fond or et d’initiales filigranées.
À partir du f. 146 jusqu’au f. 161 (19e et 20e cahiers), vignettes (2 à 4 lignes) rouge sombre et bleues laissées vides en attente d’initiales non exécutées.
Aux f. 162-169 (dernier cahier), espacements blancs (2 lignes) en attente des initiales non exécutées.

Parchemin; 169 f. précédés de 4 feuillets de papier moderne et de 2 gardes de parchemin de parchemin, suivis de 4 feuillets de papier moderne ; contregardes en papier reliure ; 410 x 285 mm (justification : 280 x 205 mm).

21 cahiers, quaternions réguliers à l’exception des 14e et 21e cahiers : 13 cahiers de 8 feuillets (f. 1-104) ; 1 cahier de 9 feuillets (f. 105-112 + f. 113 : fin du Livre de Job) ; 6 cahiers de 8 feuillets (f. 114-161) ; 1 cahier de 7 feuillets (f. 162-169 : fin du volume incomplet).
Titres courants en majuscules or et bleu filigranées pour les 6 premiers cahiers (f. 1-48). Numérotation des feuillets en chiffres romains or et bleu sur fond filigrané, pour les 1er (1-8), 2e (f. 9-16), 4e (f. 25-32), 5e (f. 33-40) , 6e (f. 41-48) cahiers. – Foliotation moderne du f. 17 au f. 24 (3e cahier), du f. 49 au f. 169. – F. 113 : blanc. Manque l’introduction au Psautier du ms. Français 167, f. 113v ; f. 61vb blanc, à l’exemple du f. 61v du ms. BnF, Français 167 qui servit de modèle. – F. 5 monté sur onglet.
Inversion des f. 59/62 et 58/63. – Dans les 9e et 10e cahiers : lire le texte dans l’ordre suivant : f. 65, 66, 68, 67, 71, 70, 69, 72, 74, 73, 75, 76, 77 (voir Lowden 2000, p. 252-254, et Appendix 5, p. 302-304). Le texte, copié sur le ms. Français 167, ne présente que 21 cahiers et s’interrompt au chap. XXII, 16 d’Isaïe. La notice du ms. dans l’inventaire de la Librairie de Blois de 1518 mentionne cependant des « figures du Vieil Testament avec le Nouveau » (voir infra Historique) et un « résidu » non illustré avec deux cahiers de papier portant les indications destinées aux enlumineurs. Pour Lowden, 19 cahiers sont manquants (Lowden 2000, p. 255). Le « résidu » a été identifié par L. Delisle aux f. 34-35 du ms. BnF, Latin 17177 et aux f. 17-19 du ms. BnF, Latin 10399, extraits des couvertures des mss Latin 3048 et Latin 2981 (Delisle1893, p. 242 ; cité Lowden 2000, p. 256). Les 5 feuillets correspondent aux f. 177, 202, 257, 301 et 302 du ms. Français 167.

Mise en page propre aux Bibles moralisées : page divisée en 4 colonnes, 2 colonnes de texte et 2 colonnes d’images, alternant des scènes représentées dans des cadres polylobés et un décor architectural. A chaque vignette correspondent quatre ensembles de textes : 2 extraits de la Vulgate en latin et leur traduction en français, suivis du commentaire en latin et en français.

Estampille de la Bibliothèque royale (Ancien Régime) aux f. 1et 169v, modèle Josserand-Bruno type A, n° 1.

Reliure en maroquin rouge, restaurée au XVIIIe siècle, portant les armes de Louis XV sur les plats. Tranche dorée. Restauration en 1975, dossier n° 1750 (voir étiquette collée sur le contreplat inférieur).
Manuscrit en latin et français
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits

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Historique de la conservation

Le commanditaire du volume est le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, qui en confia la décoration aux frères Jean et Paul de Limbourg, sous la responsabilité du médecin du duc, Jean Durant. La Bible n’est pas mentionnée dans les inventaires de lalibrairie des ducs de Bourgogne entre 1404 et 1420, mais une note en latin dans la marge d’une quittance du 17 janvier 1404 mentionne que le livre à cette date ne se trouvait pas dans la librairie ducale : « Et caveatur quod dicta biblia reddatur domino vel… » (Lowden 2000, p. 273). Si les historiens ont parfois hésité à l’identifier à la « très belle et notable bible » commandée aux frères Limbourg en mars 1402, il ne semble pas que le ms. Français 166 corresponde à la « Bible en latin et en françoiz que ledit feu monseigneur faisoit faire, laquelle mon dit seigneur a donnee a monseigneur de Berry » (De Winter 1985, p. 266) : voir supra Décoration. Il n’est pas répertorié dans les inventaires de la librairie de Jean de Berry et le volume semble bien correspondre à la Bible commandée aux frères Limbourg.

Pour John Lowden, la copie du dessin de s. Jérôme de la page frontispice par des artistes angevins suggère que la bible se trouvait dès 1430 entre les mains du roi René d’Anjou. Il serait entré à une date antérieure dans les collections de ses parents Louis II d’Anjouet Yolande d’Aragon : le dessin était connu du peintre Pisanello, actif à la cour de Naples dans les années 1420. Le travail de décoration de la 2e phase par des artistes angevins corrobore cette hypothèse.

À la fin du XVe siècle, le ms. se trouvait chez Aymar de Poitiers, sénéchal de Provence, dont les armes et la devise « Sans nombre » sont représentées dans l’encadrement du f. 114.

On ignore à quelle occasion le ms. entra dans les collections royales : présent d’Aymar de Poitiers au roi Charles VIII, pendant qu’il le servait en Provence (Avril – Raynaud 1993, p. 115). Le ms. est mentionné dans le catalogue de la Librairie royale de Blois, issue de la fusion de la librairie royale de Charles VIII et de la librairie des ducs d'Orléans : « Une bible en parchemin, en latin et françoys, bien et richement historié des figures du Vieil Testament avec le nouveau, et est couverte à bendes de veloux cramoisi et de drap d’or, avec camaieulx de pourcelinnes » (Omont 1908, I, p. 49, n° 323). « Item, le résidu de la Bible desus dict, en parchemin, lequel n’est point historié, avec deux cayés de papier, où sont contenus la forme de faire lesdictz histoires » (Omont, 1908, I, p. 49-50, n° 326).

Les 21 premiers cahiers semblent avoir été reliés à cette époque, le résidu désignant très vraisemblablement les 19 autres cahiers sans illustration, ainsi que deux cahiers de papier portant des indications pour les enlumineurs. Le ms. est de nouveau mentionné en 1544 dans la Librairie royale de Fontainebleau rassemblant les ouvrages de la Librairie de Blois après son transfert à Fontainebleau : « Le vieil Testament, couvert de veloux cramoisy, garny de pourcelaines taillées, avec des cayers non relliez, en mesme escripture, et non enluminez » (Omont 1908, I, p. 252, n° 1747). À la fin du XVIe siècle, la Librairie de Fontainebleau est transférée à Paris. L’article 1661 du catalogue dressé alors doit sans doute être identifié au « résidu » : « Quelques cahiers imparfaits du reste des histoires du vieil Testament (Omont 1908, I, p. 343). La première partie pourrait correspondre à l’article 1659 ( ?) : « Le premier volume de la Bible » (Omont, ibid., p. 343). Le ms. Français 166 est cité dans les inventaires postérieurs de la bibliothèque royale : Rigault II [288] (Omont 1909, II, p. 276) ; Dupuy 250 (Omont 1910, III, p. 16) ; Regius 68292 (Omont 1913, IV, p. 8).

Présentation du contenu

F. 1-169. Bible moralisée. Ancien Testament (Liber Genesis – Prophetia Isaiae, chap. XXII, 16)
Chaque extrait du texte scripturaire et de la glose en latin est suivi de sa traduction en français. Sont rapportés infra les incipits et explicits du texte scripturaire latin, les incipits de la première glose en latin et l’explicit de la dernière glose en français, correspondant à l’explicit du livre de la Bible. Bien que la disposition du ms. suive feuillet par feuillet celui du ms. Français 167, se distinguent quelques différences dans le texte (mss Français 166 et 167, f. 1r, 2r, 5r) et dans l’illustration (ms. Français 167, f. 13, ms. Français 166, f. 14)). Sur le texte, sa correspondance avec les images et les bibles moralisées connues (ms. BnF, Français 167; Vienne, ÖNB, ms. 2554; Toledo Cathedral, I ; Oxford, Bodley 270b), voir Lowden 2010, 2, p. 227-242.

F. 1ra-17vb. Liber Genesis (erreur dans le titre courant). Texte : « In principio creavit Deus celum et terram. Dixitque Deus : fiat lux … -… Mortuus est Joseph et conditus aromatibus repositus est in loculo in Egipto » . – Glose : « Creatio lucis angelorum creationem, terra tenebrosa obscuram scienciam in prophetis … -… et segnefie que sa sepulture doit estre en nostre cuer par memoire tant comme nous sommes en Egipte, c’est-à-dire es tenebres de cest monde ».

F. 18ra-28vb. Liber Exodi. Texte : « Surrexit interea novus rex super Egiptum, qui ignorabat Joseph et populum Israel afflixitque …-… Moyses, mandato Domini, precepit filiis Israel ut offerent oleum, sal, et thus coctum bis tinctum, turturem et columbam, et cetera ». – Glose : « Pharao significat magistrum dyabolum qui precipit aliis dyabolis in officiis suis …-… le sel de sapience, encens d’oroison, rouge fil de tribulation ou de martire, turterele de chasteté, le coulombe de simplesce ».

F. 28vb-33ra. Leviticus. Texte : « Vocavit autem Moysem et locutus est ei Dominus de tabernaculo testimonii …-… Hec sunt precepta que mandavit dominus Moysi et filiis Israel in monte Synaï ». – Glose : « Omnis hostiarum diversitas Cristi hostiam prefigurabat …-… Ceci signifie que Jhesu Crist prescha a ses apostres en la montagne, comme tesmoingne l’euvangile, quant il leur disoit : Benoit sont les paisibles car ilz seront apelé filz de Dieu etc ».

F. 33rb-42ra. Liber Numeri. Texte : « Loquutus est Dominus ad Moysem in deserto Synaï, dicens …-… Dixit Dominus ad Moysem de oppidis que levitis dabuntur : sex erunt civitates in fugitivorum auxilio ». – Glose : « Hoc significat quod lex et sacerdotum spirituali sensu…-… Ceci signifie que Jhesu Crist a donné sainte Eglise pour le refuge et l’aide de la Trinité ».

F. 42rb-46v. Liber Deuteronomii. Texte : « Hec sunt verba que loquutus est Moyses ad omnem Israel …-… Mortuus est ibi Moyses, servus Domini in terra Moab, et jubente Domino, et sepelivit eum Dominus in valle Moab contra Phogor ». – Glose : « Per Moysem lex vetus, per Jordanem baptismus, per solitudinem sterilitas carnalis …-… que la vielle loy des uns fu en son temps haute et glorieuse, mais puisque Jhesu Crist morut pour nous en la montaigne de cauvaire fu (exponctué) basse, elle fu et ensevelie comme de pou ou de nulle valeur ».

F. 46vb-52ra. Liber Josue. Texte : « Commandat Deus Josue mandata legis et custodiam populi, precipiens ei ut transiret jordanem …-… Mortuus est Josue et filii Israel eum planxerunt et postea eum sepulture tradiderunt ». – Glose : « Hoc significat quod Jheus Cristus commendavit apostolis euvangelium et curam animarum, precipiens eis …-… La mort Josué signifie la mort Nostre Seigneur et la sepulture aussi. Ceulz qui le pleurent signifient lez devotes damez et deciplez qui lors plourerent et les devos cuers qui encore le pleurent ».

F. 52rb-61vb (inversion des f. 59/62 et 58/63) Liber Judicum : « Post mortem Josue, filii Israel consuluerunt Dominum, dicentes …-… Duodecim fuerunt judices in Israel […] qui liberaverunt Israel de septem persecutionibus». – Glose : « Deus qui eligit Judam id est tribum Jude, qui interpetratur confitens …-… Ceci signifie que lez .XII. apostres par baptesme et par predication delivrerent les vrais creans en Jhesu Crist de .VII. persecutions qui nous esmeuvent les .VII. pechies mortelz ».

F. 63ra-62ra (inversion des f. 59/62 et 58/63). Liber Ruth. Texte (f. 63ra). « In diebus Hely qui fuit judex et sacerdos, facta est fames in terra Israel …-… et vicine mulieres ei congaudentes, vocaverunt nomen pueri Obeth » (f. 62ra). – Glose (f. 63ra) : « Hoc significat quod spiritualis fames verbi Dei …-… et telz doit porter et nourrir l’autre eglize car les anges meismez en ont leescé » (f. 62ra).

F. 62vb-92va. Libri Regum. I-IV. Texte : « Fuit vir unus de Ramathaym Sophym de monte Efraym, et nomen ejus Helcana …-… et omnes domos regias igne succendit et omnes optimates judeorum captivavit ». – Glose : « Hoc significat quod Jhesu Cristus habuit duas uxores, synagogam, scilicet de Judeis, et ecclesiam, scilicet de gentibus…-…Cesti signifie l’anemi qui par les feus de charnalité, d’avarice et d’autres pechiez art et degaste une grant partie de l’eglise ».
Lire le texte dans l’ordre suivant : f. 65, 66, 68, 67, 71, 70, 69, 72, 74, 73, 75, 76, 77.

F. 92va-94ra. Liber Esdrae I. Texte : « Completis septuaginta annis post transmigrationem filiorum Israel in Babilonem …-… acceperunt Judei uxores alienigenas et eorum parvuli partum loquebantur arabicum, partim ebraicum et hoc propter conforcium loquebarum ( ?)». – Glose : « Cyrus significat hic Constantinum imperatorem et alios dominos temporales …-… Ceci signifie que ceus qui par avarice ou convoitise sont pourmeus et nourris en l’eglise, il ne parlent mie le saint langage de bonne doctrine et s’il en parlent aucun pou si est il corrumpu pour la mixtion de leur mauvaise vie ».

F. 94rb-98vb. Liber Thobias. Texte : « Thobias, cum esset in capitivitate positus in diebus Salmanasar regis …-… Thobias senior in hora mortis sue docuit filium suum […] Quocumque die sepelieris me et matrem vestram circa me, exeatis hinc ad soceros vestros et sic fecerunt ». – Glose : « Thobias significat Jhesum Cristum qui fuit in hoc mundo quasi in captivitate positus ...-… Ceci signifie que les sains hommes doivent lessier de cuer la terre de ce monde et aler vers la terre de paradis par desir pour l’amour de Jhesu Crist».

F. 98vb-100rb. Liber Judith. Texte: « Dux Holofernes, cum obsideret Betuliam, fecit obturari fontem qui influebat aque ductum Judeorum ne haberent aquam ad bibendum …-…. Mox ut ortus est dies, suspenderunt super muros caput Holofernis et egressi sunt filii Israel uno agmine, persequentes Assirios qui omnes, occiso domino suo, in fugam conversi sunt ». – Glose : « Hoc significat quod dyabolus fecit occidi sanctos predicatores etr doctores de quorum ore boni cristiana bibebant aquam verbi Dei …-… Ceci signifie que […] ne la predication ne la foy ne porra estre plus empechié ».

F. 100v-102rb. Liber Esther. Texte : « Rex Assuerus in tercio anno imperii sui fecit convivium magnum cunctis principibus suis …-… Hester autem petiit a rege ut machinationes quas exquogitaverat Aman contrea Judeos juberet irritas fieri et novis epistolis veteres epistole Aman revocarentur». – Glose : « Hoc significat quod dominus tercio anno regni sui in tempore gratie spiritualis …-… Ceci signifie que les sains peres et patriarchez requeroient a Dieu devotement que l’obligation de dampnation en laquelle nous estiens touz obligez fust despecee par la nouvele grace donnee en la loy nouvelle de Jhesu Crist ».

F. 102v-113rb. Liber Job. Texte : « Vir erat in terra Hus nomine Job. Et erat vir ille simplex et rectus et timens Deum et recedens a malo. Et erant illis septem filii et tres filie …-… Venerunt autem ad illum omnes amici sui et comederunt cum eo et consatis unt eum, et dederunt unusquisque ovem unam et in aurem auream». – Glose : « Per septem filios Job significantur omnes fideles, per tres filias tria genera fidelium …-… Ceci signifie que […] car les merites de chascun jour dieu les garde, si comme au contraire qui a esté vain et oiseus meurt vint( ?) de bons jours ».

F. 114ra-132va. Liber Psalmorum. « Incipit Psalterium (rubr.) ». Texte : « Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum (Ps. 1) …-…. Laudate dominum in sanctis ejus. Laudate eum in firmamento virtutis ejus ». – Glose : « [H]uic psalmo titulus no apponitur sicut et aliis quia psal[m]us iste principium est et prefacio …-… car la tres grant eminence de Dieu (et) est digne que en toute manière et aussi comme est tout instrument esperituel tout esperit le doibt loer ».

F. 132vb-143vb. Liber Proverbiorum. Texte : « Parabole Salomonis filii David regis Israel ad sciendam sapientiam et disciplinam ad intellegenda verba prudentie …-… Date ei de fructu manuum et laudent eam in portis opera ejus ». – Glose en français : « Ostenditur in titulo quam utilitatem habeant parabole Salomonis, ubi dicit ad sciendam sapientiam et disciplinam …-… Ceci signifie que Dieu commandera aux anges qu’il facent entrer es portes de paradis son espouse saincte eglise, c’est-à-dire chascune bonne personne et que l’en luy donne le loier de gloire selon les euvres ».

F. 143vb-145va. Liber Ecclesiastes. Texte : « Verba Ecclesiastes filii David regis Jherusalem …-…. Hoc est omnis homo cuncta que fiunt adducet Deus in judicium pro omni errato, sive bonum, sive malum sit ». – Glose : « Hebrei dicunt quod Salomon fecit librum istum quando penituit ...-… Chascun prelat doit enseigner ses subjectz a Dieu, doubter et garder ses commandemens pour entendre bon compte au jour du jugement ».

F.145vb-159rb.Canticum canticorum. Texte : « Osculetur me osculo oris sui, dicit sponsa …-… [F]uge, dilecte mi, assimilare capree, hynnuloque cervorum super montes aromatum ». – Glose : « Humanum genus quod per peccatum recesserat a Deo …-… [C’]est la voiz de sainte eglise […] et que il soit sus les montaignes de paradis ou sont toutes vives oudeurs ».

F.159va-160va. Liber sapientiae.Texte : «[ D]iligite justiciam, qui judicatis terram. Sentite de Domino in bonitate …-…. [S]i ergo, o reges populi, delectamini in sedibus et sceptris, diligite sapientiam ut in perpetuum regnetis ». – Glose : « [I]lle recte judicat terram qui recte utitur libero arbitrio …-… [O]r doivent donc roys, princes et prelas ouir et penser et estudier en la sainte escripture, car elle fait avec Dieu ou ciel pardurablement regner ».

F. 160vb-161ra. Liber Ecclesiastici. Texte : « [O]mnis sapientia a domino Deo est et cum illo fuit semper et est ante eum …-… [F]ili accedens ad servitutem Dei, sta in justitia et timore, et prepara in temptatione animam tuam ». – Glose : « [S]apientia est a domino quia christiane fons vite verum lumen nascitur a patre …-… aussi comme il font contre li mesjustice et paour nous arment et nous gardent ».

F. 161rb-169vb. Prophetia Isaiae (incomplet de la fin. Le texte est interrompu au chap XXII, 15-16). F. 161rb. Glose (Prologue). « [M]ateria Ysaie prophete decem tribus que vocantur Israel et due que vocantur Juda …-… [L]’entention espirituelle est que Jhesu Crist que devoit preschier a lesser a despiter le monde et tout pechié et faire bien et se joindre a Dieu ». – F. 161va-x. Texte : « [V]isio Ysaie, filii Amos, quam vidit (vidit: répété) super Judam et Jherusalem in diebus Ozie, Joatham, Achaz et Ezechie regum Juda …-… [H]ec dicit dominus exercituum : Vade et ingredere ad Deum qui habitat in tabernaculo, ad Sobnam, prepositum templi, et dices ad eum : qui[d] tu hic aut quasi quis hic, quia excidisti sepulcrum » (Isaie, XXII, 15-16). – Glose : « [H]oc significat quod aliquis fortis in fide et robustus in spe, videns spritualiter visionem confessionis …-… [P]ar Sobnam, qui est entendu conversion sont segnefiez les Juifz auxquieulx Jhesu Crist prescha pour eulx convertir a la foy de l’euvangille, qu’ilz laissassent leurs paroles et venissent au vray sacrifice ».

Fichier Avril

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Le fichier Avril a été constitué entre 1968 et les années 1990 par François Avril, conservateur au département des Manuscrits, à partir d’un examen systématique des manuscrits des fonds latin, français (et partiellement N.A.F.) et italiens, dans la perspective de l’élaboration d’un catalogue scientifique des manuscrits enluminés de la BnF. Cette documentation de travail est tenue à jour et complétée jusqu'en 2003.

Bibliographie

Catalogues : Henri Omont, Anciens inventaires de la Bibliothèque nationale, Paris, 1908-1903, I, p. 49-50, n° 323 et 326 ; I, p. 252, n° 1747 ; I, p. 343, n° 1659 ( ?) et 1661 ; II, p. 276, n° 288 ; III, p. 16, n° 250 ; IV, p. 8, n° 68292.

Fac-similé :Biblia moralizada de los Limbourg: De los hermanos Limbourg a Georges Trubert, commentaire par Eberhard König et John Lowden, facsimile edition, Valencia : Patrimonio Ediciones, 2010.

Études : John Lowden, The Making of the Bibles moralisées, t. I : The Manuscripts, Pensylvania States University, 2000, en particulier p. 251-284 (notice du ms.) et p. 302-304 (Appendix 5). – Id., « Beauty or truth? Making a bible moralisée in Paris around 1400 », dans Patrons, Authors and Workshops. Books and Book Production in Paris around 1400, t.LXIII, 2009, p. 197-222.

Illustration : Millard Meiss, French Painting in the time of Jean de Berry. The Limbourgs and Their Contemporaries, Pierpont Morgan Library, 1974, Text volume, en particulier p. 342-343 (notice du ms.). – Eberhard König, Französische Buchmalerei um 1450 : der Jouvenel-Maler, der Maler der Genfer Boccacio und die Anfänge Jean Fouquets, Berlin, 1982. – Willy Niessen, Pieter Roelofs et Mieke van Veen-Liefrink, « The Limbourg Brothers in Nijmegen, Bourges and Paris », dans The Limbourg Brothers. Nijmegen Masters at The French Court 1400-1416, cat. exposition Nimègue, Musée Het Valkhof, 28 août au 20 novembre 2005, [Gand], 2005, p. 13-27. – Rob Duckers et Pieter Roelofs, The Limbourg Brothers : Reflections on the Origins and the Legacy of Three Illuminators from Nijmegen , Leiden, 2009.

Codicologie :Fichier notices de François Avril : NAF 28635 (4) : Fichier n° 5.

Expositions :
Jean Favière et Jean Porcher, Chefs-d'oeuvre des peintres-enlumineurs de Jean de Berry et de l'école de Bourges, cat. exp., Bourges, hôtel Cujas, 23 juin-4 septembre 1951, Bourges, 1951, n° 25. – J. Porcher, Les manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle, cat. exposition Paris, Bibliothèque nationale, 17 décembre 1955 au 30 septembre 1956, Paris, 1955, n° 188. – L’art européen vers 1400, cat. exposition Vienne, Kunsthistorische Museum, 7 mai-31 juillet 1962, Vienne, 1962, n° 105. – François Avril, La passion des manuscrits enluminés. Bibliophiles français : 1280-1580, cat. exposition Paris, Bibliothèque nationale, 2-21 septembre 1991, Paris, 1991, p. 26, n° 8. – François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, cat. exposition Paris, Bibliothèque nationale de France, 16 octobre 1993-16 janvier 1994. Paris, 1993, n° 56. – Paris 1400 : Les arts sous Charles VI, cat. exposition Paris, Musée du Louvre, 22 mars-12 juillet 2004, Paris, 2004, p. 297 n° 184 (notice par Philippe Lorentz). – Rob Dückers et P. Roelofs, éd.,The Limbourg Brothers. Nijmegen Masters at The French Court 1400-1416, cat. exposition Nimègue, Musée Het Valkhof, 28 août au 20 novembre 2005, [Gand], 2005, n° 92. – Elizabeth Morrison et Anne D. Hedeman, dir., Imagining the Past in France. History in Manuscript Painting, 1250-1500, cat. exposition Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 16 novembre 2010-6 février 2011, Los Angeles, 2010, p. 195-198, n° 29 (notice par Anne D. Hedeman).

Documents de substitution

Microfilm en noir et blanc. Cote de consultation en salle de lecture : MF 2024. Cote de la matrice (pour commander une reproduction) : R 29801.

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Documents de substitution

Notice par Véronique de Becdelièvre (janvier 2019)

Dépouillement bibliographique

Ce dépouillement bibliographique est réalisé de façon systématique à partir des publications acquises par le département des Manuscrits. Il est issu de chargements périodiques (dernier chargement : février 2021).

2011

Susan BOYNTON and Diane J. REILLY, The practice of the Bible in the Middle Ages, New York : Columbia University Press, 2011, cité p. 314 n 52. — 8-IMPR-13042.

2017

Pieter ROELOFS, Rob DÜCKER, Elisabeth RAVAUD (dir.), Mael Wael, Amsterdam : Rijksmuseumn, 2017, cité p. 117. — C-3560.

Christine SEIDEL, Zwischen Tradition und Innovation : die anfänge des Buchmalers Jean Colombe und die Kunst in Bourges zur Zeit Karls VII. von frankreich, Simbach al Inn : Verlagsbuchhandlung Anton Pfeiler jun, 2017, cité p. 40, 108, 207, 231, 258. — 4-IMPR-3733.