Rothschild 2855 (586 a)

Ces rondeaux, qui forment un petit roman, sont précédés d'une épître au roi, dont voici le début :

Combien que crainte, en voulant retenir
Le mien vouloir, me mect en souvenir
Qu'entendement n'ay assez suffisant
Faire ou penser riens qui vous fut plaisant,
Ce non obstànt, par desir qui me presse, 5
En me disant que vostre grant sagesse,
Vostre valleur et vertu si treshaulte
Benignement suppourt[e] ra ma faulte,
J'ay entreprins, de honte rougissant,
A deux genoux, et la teste bessant, 10
Vous supplier que, comme tout parfait,
Me pardonnés si je prens trop grand fait
De presenter a vous, triomphant prince,
Duquel le nom bruit par toute province,
Ce petit livre auquel sont cent rondeaux 15
Et cinq avec, non pas bons, mès nouveaux...

L'épître se termine ainsi :

Et vous suppli et par vostre valleur
Avoir pitié de ma gresve douleur,
Et, comme humain signeur et pitiable,
Me faire saige et avec gens metable, 70
En me donnant estat dont puisse vivre
Pour vous servir et me faire delivre
Du grant malheur, lequel me suyt d'enfance,
Qui doibt finer par vous, hault roy de France.

L'édition décrite sous le numéro Rothschild 586 commence par un prologue intitulé : Epistre aux lisans amoureux , qui est entièrement différent :

Vous qui suivez d'amourettes la dance
Et pourchassez nuict et jour sans offence
Avoir support du sexe feminin,
Sans adviser qu'il y a du venin...
(52 vers.)

Le texte de notre manuscrit se rapproche plus du texte imprimé au XVI e siècle que de celui qu'a publié M. Edwin Tross en 1863. Par suite de l'inadvertence du copiste, deux rondeaux sont restés incomplets, le 37 :

A te gaigner je souffris grant martire...

et le 105 e :

Puys qu'elle est morte, a mourir vueil entendre ;

Mais le manuscrit contient bien les rondeaux 68 et 69 qui manquent aux anciennes éditions, lesquelles ne donnent que cent-trois rondeaux, sans doute parce qu'elles dérivaient d'un original incomplet.

Outre ces deux rondeaux :

En cest estat qu'ay receu ton messaige...
Ne veux tu pas que nous soupper icy...

notre volume renferme à la fin un 106 e rondeau qui manque aussi bien au manuscrit suivi par Edwin Tross qu'aux anciens recueils imprimés :

De mon vouloir lundi je reviendray,
Hors d'avec toy bien peu je me tiendray...

Les rondeaux sont suivis de divers morceaux transcrits par des mains différentes, savoir :

1° (fol. 38). Fragments d'un livre de raison de la famille DES HAYES, dite D'ESPINAY. Naissance de Philippe Des Hayes (24 juillet 1536) ; « parrains et marraynes : damoyselle Phelippe de Sarrebruche, dame de La Roche Guion, monseigneur Jacques de Silly, son filz, prothenotayre, et damoyselle Katherine de Silly, sa fille, famme de monsieur de Gyé ». — Naissance de Marguerite Des Hayes (9 octobre 1537) ; « le parrain : Guillaume Pilaveyne, escuier, seigneur de Vilerceaux et les marraynes : damoyselle Berthe d'Isqué, dame de Buhy, et damoyselle Marguerite de Perreau, famme de monsieur d'Isqué, grand mere maternelle de l'enfant ». — Naissance de Guillemette Des Hayes (19 novembre 1538) ; « et fut le parrain Françoys de Rohan, seigneur de Gyé, et les marraynes : madame Guillemette de Sarrebruche, dame de Sedan et mareschalle de France, et Jacqueline de Sevasme, dame de Hamicourt ».

Ces enfants avaient pour père Louis Des Hayes, baron de Boisgueroult, de Trubleville, l'un des cent gentilshommes de la maison du roi, qui prit le nom de d'Espinay, et mourut en 1557, Voy. Anselme, Hist. généal. , t. VII, p. 473.

2° (fol. 39). Signification faite par le héraut d'armes Angoulême à François de Vivonne, seigneur de La Chasteigneraye, à la requête de Guy Chabot, seigneur de Mouthiers [et de Jarnac] : « Françoys de Vivonne, pourvoyez vous des armes que vous debvez porter au jour qui sera depputé.... » La pièce se termine ainsi (fol. 41) : « Aujourd'huy. xvj. jour de juing mil v c xlvij, a la requeste de Guy Chabot, seigneur de Montlieu, je, Angoulesme, herault d'armes du roy, qui sçay [t], [me suis] transporté par devers et a la personne de Françoys de Vivonne, seegneur de La Chastaigneraye, lequel j'ay trouvé en la rue sainct Anthoyne, en la maison de Symonne Des Roches, veufve de feu Jehan de Gretz, en son vivant varlet de chambre du deffunct roy, environ de sept heures devers le soir, avant soleil couché, auquel j'ay baillé les articles signees dudict Chabot.... en la presence de messieurs le baron de Curton et de plusieurs aultres gentilz hommes, speciallement de Guillaume Paien et Jehan Trouvé, notaires royaulx a Paris. Faict les an et jour que dessus par moy herault susdict. Ainsi signé : d' Angoulesme ».

Il suffit de rappeler que le combat eut lieu le 10 juillet 1547, et que François de Vivonne fut tué.

3° (fol. 42). « Cy est l'Extraict du livre de Navarre, maistre herault du tresnoble, treschrestien et trespuissant roy de France, contenant le blason et desings des armes de tous les roys chrestiens, princes et seigneurs du sang de France.... lequel present extraict a esté faict sur ung gros livre en parchemin, d'ancienne escripture, cousu entre deux aiz, intitulé en son commencement : Cy commencent les anciennes Histoires ďoultremer , appartenant et estant en la saisie et possession des seigneurs de Rubercy, surnommez de Semilly, et aussi semblable livre en langaige picart, chez ung nommé Jehan de La Rue, bourgeoys de Bayeux, de l'art et mestier de painctre et vitrier ; aultre en la maison du seigneur de Benville, et autre entre les mains de André Le Hagaye, painctre et imaginier, demourant a Caen ».

Cette pièce se termine au fol. 97 v° ; elle est suivie de 4 f. blancs.

4° (fol. 102). « Genealogie de la tresillustre maison de Kervinch, de Reymersdale, Lodicq et Vander Mandere ». — A la fin (fol. 111) : « A Gand, le xxx e du mois d'aoust 1663. Chemondat ». Suivent 14 f. blancs.

5° (fol. 126). [Alliances de Jan De Beer.] « Joannes De Beer. Obijt[ ] 9 bris 1608, à, Bruges. Roberte d'Embermont ». 19 blasons grossièrement coloriés.

Le volume se termine par 4 f. blancs et 6 f. contenant des essais de plume. Au fol. 135, on lit : Pour Estienne Du Val, bourgois de Caen, Anne Regnault, Symon Buceloy, Jehan Du Val, Pierre Du Val, bourgeois de Caen, Denys Regnault.