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Latin 5763

C. Iulius Caesar. Commentarii de bello Gallico.
IXe s. (1ère moitié ; avant 850)
France (Fleury ou Auxerre?)
Minuscule caroline de module moyen; quelques ligatures, dont certaines archaïsantes et peu d'abréviations ; quelques capitales enclavées. Les mains des copistes, que Hering, 1987, p. X, a renoncé à distinguer, sont au nombre de quatre, voire peut-être cinq. — La première main (m.1), travaille avec une encre noire: f. 1-19r8 + 22v (?) + 25r-37r4 [peut-être une autre main?]; — m.2, à l'encre brune : f. 19r9-22r + 23r-24v + 37r5-55v ; — m.3, à l'encre noire au début, puis brune : f. 56r-81v ; — m.4 achève la copie: f. 82r-112v. — Leurs graphies montrent une formation identique suivant l'usage d'un même scriptorium (Fleury?), excepté m.3, qui pourrait avoir été formé ailleurs. — Selon Mendes da Costa, 1902, n° 73 p. 16, suivi par Mostert, 1989, n° BF1062, certaines mains se retrouveraient sur Amsterdam, Bibliotheek der Universiteit 73, autre témoin ancien du texte de la Guerre des Gaules et dans les extraits de Paris, Bnf, lat. 6842B (Hering, 1987, p. XI; voir plus bas).
Le ms. a été corrigé, ponctuation comprise, et glosé; il conserve des annotations autographes marginales et interlinéaires d'Heiric d'Auxerre (passim), reconnaissables, entre autres, grâce aux monogrammes nota caractéristiques de sa main (une ligature 'nt' dont la barre transversale du 'n' oncial est tracée horizontalement, voir f. 5r etc.). — Titres en capitales avec empattements fourchus à l'encre rouge pour les livres 1 et 4; en capitales mêlées d'onciales, à l'encre brune pour les livres 2, 3, 5, 6, 7 et 8.
Petites initiales: contours à l'encre avec rehauts de couleurs rouge, orange, jaune et verte (f. 70r) ; une initiale avec influence insulaire, à l'encre noire, panse en jaune et pointillé rouge autour (f. 96v); d'autres à l'encre uniquement (f. 14r, C avec poisson enchâssé dans la panse; cf. Berne, Burgerbibl., 280). — f. 55v, un cercle tracé au compas dans la marge inférieure ; f. 110v, un essai de plume (XIe s.) accompagné de l'esquisse d'un visage à l'encre.
Parch., 112 f. à longues lignes, 340 x 210 mm (just. 260 x 160 mm), 26 lignes.
Composé de 16 cahiers et 2 f. isolés, avec signatures contemporaines : 14 (1–4), signé « A » (f. 4v), cette signature au verso est du XIe s., lacune de 4 f. entre f. 2 et 3 ; 28 (5–12), signature effacée ; 38 (13–20), signé « c » (f. 13r) ; 44 (21–24), signé « d » (f. 21r) ; 58 (25–32), signé « e » (f. 25r) ; 68 (33-40), signature effacée ; 78 (41–48), signé « g » (f. 41r) ; f. 49 isolé ; 86 (50–55), signé « h » (f. 50r) ; 96 (56–61), sans signature, lacune d'un f. entre 55 et 56 et d'un autre entre 61 et 62 correspondant à la perte du premier bifol. de ce cahier ; 108 (62–69), signé « k » (f. 62r) ; 118 (70–77), signé « l » (f. 70r) ; 124 (78–81), signature effacée ; 136 (82–87), signé « n » (f. 82r) ; 148 (88–95), signature effacée ; 158 (96–103), signé « p » (f. 96r) ; 168 (104-111), signé « q » (f. 104r) sur recto du 1er f. du cahier ; f. 112 isolé.
Manuscrit en latin

Historique de la conservation

Cette partie du volume (ms. siglé B) conserve la plus ancienne copie du Commentaire de la Guerre des Gaules de Jules César (ci-après Gall.), contemporaine ou de peu antérieure à celle du manuscrit d'Amsterdam (Amsterdam, Bibl. der Rijksuniversiteit 73, siglé A, saec. IX2/4, selon Texts and transmission, 1983, p. 35; ou bien selon Bischoff, Kat. I, n° 44 daté du 3e ou 4e quart du IXe s.). Tous deux semblent avoir été copiés d'après un unique modèle (exemplar), qui se trouvait conservé vraisemblablement à Fleury, d'où A et B sont originaire. Qui plus est, certains scribes auraient participé à plusieurs entreprises de copie à quelques années d'intervalle. Il est intéressant de relever à ce propos que les 25 extraits de Gall. I-V figurant dans Paris, Bnf, latin 6842B, f. 82v-85v (ms. siglé E, Fleury, contemporain de B) ont été copiés par une seule main, notre main 2 ; de plus E est essentiel pour l'établissement du texte, car il permet de restituer les leçons présentées par B avant l'intervention du correcteur (en revanche, Hering se trompe en assignant la copie de E à deux mains; Hering, 1987, p. XI «excerpta scripserunt duo librarii […] librarii scripturis utebantur, quae nobis ex codicibus A et B notae sunt. […] tamen testimonium E ad textum constituendum maximi momenti esse videtur. nam cum in codice B multa verba vel litterae a correctore erasa sint, auxilio excerptorum suspicari licet, quid codicis B librarius olim scripserit»). Un examen rapide du ms. d'Amstersdam d'après microfilm (IRHT) nous incite à la prudence: si la première main de A montre une certaine ressemblance avec la main 2 de B, plusieurs détails inciteraient à rejeter le rapprochement fait par Mendes da Costa (notamment l'absence du a ouvert sur A, pourtant très fréquent sous la plume de la main 2 de B, la forme du e cédillé ou de l'abréviation de 'pro', etc.). Bien que la comparaison des écritures de A et B nécessiterait un examen plus soutenu, nous pensons A postérieur de plusieurs décennies à la production de B.
De ce fait, nous estimons la datation de B trop basse, «premier quart du IXe» s. proposée par Brown (rapportée dans Texts and transmission, 1983) et Moster, 1989 («saec. IXin»), jugeant plus cohérente la position adoptée par Bischoff, Hering (avant 850) et Munk Olsen (première moitié du IXe s.).
La localisation de sa production à Fleury, mise en doute par Brown, 1979, p. 122 — Carey (dans une liste non-publiée, IRHT) p. 3 attribuait la copie à Auxerre —, doit être considérée comme probable, car il s'y trouvait avant correction de son texte dans l'entourage de Loup de Ferrières, ainsi qu'en témoigne le Paris, Bnf, lat. 6842B.

Selon Hering, le ms. a subi au moins deux campagnes de correction. Le premier correcteur, qui a travaillé peu après la copie, serait Loup de Ferrières (il renvoie à Traube, 1910, p. 123; cf. Von Severus, 1940, p. 57 et 103). Contre cette opinion, voir E. A. Lowe, 1931, p. 64 et Pellegrin, qui confirmait (en 1957, p. 15) que les notes ne sont pas de Loup, car selon elles, l' «écriture anguleuse, aux ligatures caractéristiques, de certaines gloses marginales du Xe siècle » devait être celle d'«un abbé ou moine de Fleury féru d'histoire» (Pellegrin 1984-5, p. 164 ; cf. Traube, 1891, p. 15).
Une seconde strate de corrections montre que le texte a été collationné avec un ms. de la classe β (du début, jusqu'au livre 3, 7, 2.). Ces corrections, selon Haring, auraient été produites entre la fin du IXe s. et le XIe s.— Pourtant depuis les travaux de G. Billanovich puis B. Bischoff, qui a reconnu la parenté d'écriture entre des annotations produites dans l'entourage de Loup de Ferrières sur une vingtaine de ms. avec celles du Bède conservées à Melk (Stifstbibl., 412), il y a consensus pour attribuer au moins une partie des gloses de notre ms. à Heiric d'Auxerre.
Toutefois, la question demeure épineuse, car Bischoff, suivi par Mostert, croyait pouvoir distinguer deux mains sur les mss. du cercle de Loup: l'une à l'écriture länglische «allongée/étirée» (l’«anguleuse» de Pellegrin, qu'elle considérait à tort être du Xe s., suivi par Mostert, 1989, cf. BF339: Leyde, Bib. univ., VLQ 32), l'autre à l'écriture breite «large» serait celle d'Heiric (Bischoff, 2007, VI, p. 127 et n. 47 [= 1981, p. 66] et 2007, VII, p. 144). L'écriture «étirée» qui annote et copie les f. 7v à 17v de Paris, Bnf, lat. 2858 (Correspondance de Loup), se trouve ici en compagnie de l'écriture «large» attribuée à Heiric par Bischoff (voir au f. 12r, la glose dans la marge supérieure).
Cette opinion demande à être révisée entièrement. Pour notre part, nous nous rangeons à l'opinion exprimée par V. Von Büren (à l'IRHT, lors d'une Table ronde tenue en septembre 2011), selon laquelle les distinctions faites par Bischoff sont erronées: le ms. a été annoté par une seule et même main. Les légères variations d'écriture — étirées ou larges— sont à mettre sur le compte de la manière dont la plume a été taillée. Nous ajoutons que ce paramètre, mis de l'avant par V. von Büren pour expliquer l'erreur de Bischoff, n'est pas l'unique responsable des variations, puisque, pensons-nous, plusieurs mois ont pu s'écouler entre les deux campagnes d'annotations.
Glosé plus amplement au début, les notes contiennent rarement des explications, mais, relevant surtout les mirabilia, elles rapportent de brefs résumés ainsi que des variantes de lectures introduites par des notes tironiennes signifiant aliter (ex. f. 14v, cis Rhenum, relié en marge par une signe de renvoi: «aliter: ripas», Gall. 2, 3, 4, qui correspond à une leçon tirée de la classe β) ou alius (f. 9v), ou encore, à propos de post[t]ridie (Gall. 2, 12, 1), « aliter habet ‘pos’, non ‘post’ » (f. 17r, en notes tironiennes, sauf le mot pos); parfois, Heiric est intervenu directement sur le texte, en rayant et réécrivant des mots (ex. f. 16r1-2 où il remplace Gall. 2, 8, 2 periclitabatur (α), par la leçon sollicitationibus exquirebat, issue du texte de la classe β qu'il collationnait).
Il convient de situer le travail d'Heiric sur ce ms. entre 859 et 875, c'est-à-dire au cours des quinze années qui suivent ses 18 ans, âge où il se trouve dans l'entourage de Loup de Ferrière († 862).

En résumé, le ms. a été produit à Fleury avant 850, où des passages ont été extraits à la fin d'un exemplaire du De agricultura de Palladius par un des scribes ayant participé à sa réalisation (ms. E). Il a ensuite été déplacé pour être collationné (et peut-être recopié) par un élève de Loup de Ferrières, Heiric. Son travail a pu se dérouler à Auxerre ou Reims, mais sans certitude. Après qu'une copie ait été prise à Corbie (ms. M) durant le 3e quart du IXe s., le volume est revenu à Fleury, où il s'y trouvait au XIe s., comme en témoigne l'ex-libris de cette époque: « Hic est liber sancti Benedicti Floriacensis » (f. 49r) et la l'apographe de la charte de Macarius. Plus tard dans cette abbaye, un bibliothécaire a fait relier les Antiquités Judaïques à la suite du Commentaire de César. Il se trouvait toujours dans cette institution quand Pierre Daniel s'empara des deux copies du texte de César (A et B). C'est donc au XVIe s. que les textes furent séparé: A entra en possession de J. Bongars, tandis que B passa au collège des Carmes de Clermont.

Présentation du contenu

Ce ms. ainsi que celui d'Amsterdam appartiennent au groupe de ms. de la classe α qui transmettent le De bello Gallico seul avec les souscriptions des correcteurs — Iulius Celsus Constantinus et Flavius Licerius Firminus Lupicinus — (la classe β regroupe les ms. rapportant le corpus complets), mais chacun est membre de l'une des deux familles: famille χ pour A et φ pour B. On notera toutefois que sur B le texte (type « #1.b » de Munk Olsen, 1982, p. 44), s'achève plus loin que celui sur A (desin. Gall. 8, 52, 1, de type « #1.a » de Munk Olsen, 1982, p. 38); la fin du livre 8 est manquante dans toute la tradition.
Deux autres témoins de Gall. entretiennent une parenté avec B: Vatican, vat. lat. 3864 (siglé M, copié à Corbie après 850) et Florence, Laur. Ashb. 33 (saec. X ; siglé S), qui montrent que notre ms. a pu circuler rapidement après sa copie. Les deux tirent l'origine de leur texte de B comme le prouve un certain nombre d'indices, directement pour M et à travers un intermédiaire pour S (Hering, 1987, p. VI-VIII). Il est remarquable, par exemple, que notre ms. présente à trois reprises un ‘F’ noté dans l'interligne du texte (signifiant finis), qui correspondent exactement à des fins de cahiers de S, respectivement des second, troisième et quatrième quaternions: f. 16v2 (après adgressi, 'F' en partie gratté), f. 28r4 (après ab his erat) et f. 41r6 (après more, 'F' barré); voir Hering, 1987, p. VII. — Voir Texts and transmission, 1983 p. 35-36 (contribution de M. Winterbottom).
Au f. 49r, écrit seulement sur les deux tiers supérieurs, sous le texte, se trouve l'ex-libris du XIe s., le bas du recto et le verso sont restés vierges.

f. 1r-112v. C. IULIUS CAESAR, Commentarii de bello Gallico [avec lacunes aux livres 1, 5 et 6 ; éd. W. Hering, 1987 ; anciennement, A. Klotz, C. Iulii Caesaris commentarii, vol. I. Commentarii belli Gallici, Leipzig, 1921 (1957, 2e éd. corr.)] :

f. 1-14r. Liber primus: «Incipi>u<nt libri Gaii Caesaris Belli Gallici Iuliani de narratione temporum. Gallia est omnis divisa in partes tres (…) agendos profectus est. Iulius Celsus Constantinus v. c. legi C(ommentarius) Caesaris C. F. belli gallici liber I explicit » ; — une note du glossateur principal accompagne l'explicit: «In alio ita: Iulii Caesaris B. G. lib. I explicit. Incipit II feliciter» [ Livre 1, avec lacune de 4 f. entre f. 2 et 3, correspondant à Gall. 1, 7, 3–20, 4 locum obtinebant … a se averterentur].
f. 14r-22v. Liber secundus: «Incipit liber secundus. Cum esset Caesar in citeriore Gallia (…) id tempus accidit nulli. Iulius Celsus Constantinus vc. legi ; Flavius Licerius Firminus Lupicinus legi ; belli gallici liber secundus explicit. »
f. 22v-31r. Liber tertius: «Incipit liber III feliciter. Cum in Italiam proficisceretur Caesar (…) in hibernis conlocavit. Iulius Celsus constantinus vc. legi ; belli gallici liber tertius explicit. »
f. 31r-42r. Liber quartus: « Incipit liber IiiI; lege feliciter. Ea quae secutus est hieme (…) supplicatio a senatu decreta est. Iulius Celsus Constantinus vc. legi ; belli gallici liber IIII explicit. »
f. 42r-58v. Liber quintus: «Incipit liber V; lege feliciter in domino. Domitio Ap. Claudio conss. discedens (…) id factum Caesar quietiorem Galliam. Iulius Celsus Constantinus v.c. legi ; C. Caesari belli gallici liber V explicit . » [Livre 5, avec lacune d'un f. entre 55 et 56 : correspondant à Gall. 5, 44, 11–48, 7 illum veruto … retineat gallus].
f. 58v-70r. Liber sextus: «Incipit liber VI. [59r] Multis de causis Caesar maiorem Galliae (…) in Italiam ad conventus agendas profectus est. Iulius Celsus Constantinus v.c. lege [sic] Gai<i> Caesaris bellis gallici liber VI explicit » [Livre 6, avec lacune d'un f. entre 61 et 62: correspondant à Gall. 6, 11, 4–13,10 institutum videtur … decretis iudiciisque].
f. 70r-96v. Liber septimus: « Incipit liber VII. Quieta Gallia Caesar, ut constituerat (…) dierum viginti supplicatio redditur. Iulius Celsus Constantinus vc. legi ; commentarius Caesaris ; liber septimus explicit. »
f. 96v-112r. AULUS HIRTIUS. Liber octavus: «Incipit liber octavus feliciter. Coactus adsiduis tuis vocibus (… [111v] …) legationis esset (*) quo maiores (…) quam belligerandi contendit. Iulius Celsus Constantinus vc. legi tantum feliciter G. Caesaris pont. max. ephimeris rerum gestarum belli gallici liber VIII explicit feliciter. » [(*) Le texte présente à cet endroit une lacune textuelle sans perte matérielle (f. 111v13) allant de Gall. 8, 51, 1 à 53, 2 (exceptus est … sed admonebantur), dont une partie seulement a été suppléée par le même copiste à la suite de la souscription au f. suivant ; le texte se termine en Gall. 8, 55, 3].
f. 112r-v. Extrait du livre 8 [comble en grande partie la lacune mentionnées ci-dessus ; sans titre ; copié de la même main]: « Exceptus est Caesaris adventus ab omnibus (…) patrum conscriptorum causam suam facile obtineri nam g. Curio tr(ibunus) pl(ebis) cum [… » [Gall. 8, 51,1–52, 4].

f. 112v. Deux séquences d'alleluia notées avec proses, dont la première est inédite:
« Dom(inicialis) Mosa Mose Mos : Alleluia, Alma Christi intona magnalia (…) et semper alternant. — Item Mosella Dom(inicialis): Alleluia. Iubilans concrepa (…) quo post resurgamus secula » [éd. Analecta Hymnica medii aevi 36, Sequentiae ineditae. Liturgische Prosen des Mittelalters, Leipzig, 1901: Iubilans … saecula = n° 23 Sabbato Paschae, p. 30 ; notation musicale en neumes-accents français du XIe s., d'après la note de A. Gastoué, département des mss.].