Historique de la conservation
Cette partie du volume (ms. siglé
B ) conserve la plus ancienne copie du Commentaire de la Guerre des Gaules de Jules César (ci-aprèsGall .), contemporaine ou de peu antérieure à celle du manuscrit d'Amsterdam (Amsterdam, Bibl. der Rijksuniversiteit 73, sigléA , saec. IX2/4 , selonTexts and transmission , 1983, p. 35; ou bien selon Bischoff, Kat. I, n° 44 daté du 3e ou 4e quart du IXe s.). Tous deux semblent avoir été copiés d'après un unique modèle (exemplar), qui se trouvait conservé vraisemblablement à Fleury, d'oùA etB sont originaire. Qui plus est, certains scribes auraient participé à plusieurs entreprises de copie à quelques années d'intervalle. Il est intéressant de relever à ce propos que les 25 extraits deGall . I-V figurant dans Paris, Bnf, latin 6842B, f. 82v-85v (ms. sigléE , Fleury, contemporain deB ) ont été copiés par une seule main, notre main 2 ; de plusE est essentiel pour l'établissement du texte, car il permet de restituer les leçons présentées parB avant l'intervention du correcteur (en revanche, Hering se trompe en assignant la copie deE à deux mains; Hering, 1987, p. XI «excerpta scripserunt duo librarii […] librarii scripturis utebantur, quae nobis ex codicibus A et B notae sunt. […] tamen testimonium E ad textum constituendum maximi momenti esse videtur. nam cum in codice B multa verba vel litterae a correctore erasa sint, auxilio excerptorum suspicari licet, quid codicis B librarius olim scripserit»). Un examen rapide du ms. d'Amstersdam d'après microfilm (IRHT) nous incite à la prudence: si la première main deA montre une certaine ressemblance avec la main 2 deB , plusieurs détails inciteraient à rejeter le rapprochement fait par Mendes da Costa (notamment l'absence du a ouvert surA , pourtant très fréquent sous la plume de la main 2 deB , la forme du e cédillé ou de l'abréviation de 'pro', etc.). Bien que la comparaison des écritures deA etB nécessiterait un examen plus soutenu, nous pensonsA postérieur de plusieurs décennies à la production deB .
De ce fait, nous estimons la datation deB trop basse, «premier quart du IXe » s. proposée par Brown (rapportée dansTexts and transmission , 1983) et Moster, 1989 («saec. IXin »), jugeant plus cohérente la position adoptée par Bischoff, Hering (avant 850) et Munk Olsen (première moitié du IXe s.).
La localisation de sa production à Fleury, mise en doute par Brown, 1979, p. 122 — Carey (dans une liste non-publiée, IRHT) p. 3 attribuait la copie à Auxerre —, doit être considérée comme probable, car il s'y trouvait avant correction de son texte dans l'entourage de Loup de Ferrières, ainsi qu'en témoigne le Paris, Bnf, lat. 6842B.Selon Hering, le ms. a subi au moins deux campagnes de correction. Le premier correcteur, qui a travaillé peu après la copie, serait Loup de Ferrières (il renvoie à Traube, 1910, p. 123; cf. Von Severus, 1940, p. 57 et 103). Contre cette opinion, voir E. A. Lowe, 1931, p. 64 et Pellegrin, qui confirmait (en 1957, p. 15) que les notes ne sont pas de Loup, car selon elles, l' «écriture anguleuse, aux ligatures caractéristiques, de certaines gloses marginales du X
e siècle » devait être celle d'«un abbé ou moine de Fleury féru d'histoire» (Pellegrin 1984-5, p. 164 ; cf. Traube, 1891, p. 15).
Une seconde strate de corrections montre que le texte a été collationné avec un ms. de la classe β (du début, jusqu'au livre 3, 7, 2.). Ces corrections, selon Haring, auraient été produites entre la fin du IXe s. et le XIe s.— Pourtant depuis les travaux de G. Billanovich puis B. Bischoff, qui a reconnu la parenté d'écriture entre des annotations produites dans l'entourage de Loup de Ferrières sur une vingtaine de ms. avec celles du Bède conservées à Melk (Stifstbibl., 412), il y a consensus pour attribuer au moins une partie des gloses de notre ms. à Heiric d'Auxerre.
Toutefois, la question demeure épineuse, car Bischoff, suivi par Mostert, croyait pouvoir distinguer deux mains sur les mss. du cercle de Loup: l'une à l'écriturelänglische «allongée/étirée» (l’«anguleuse» de Pellegrin, qu'elle considérait à tort être du Xe s., suivi par Mostert, 1989, cf. BF339: Leyde, Bib. univ., VLQ 32), l'autre à l'écriturebreite «large» serait celle d'Heiric (Bischoff, 2007, VI, p. 127 et n. 47 [= 1981, p. 66] et 2007, VII, p. 144). L'écriture «étirée» qui annote et copie les f. 7v à 17v de Paris, Bnf, lat. 2858 (Correspondance de Loup), se trouve ici en compagnie de l'écriture «large» attribuée à Heiric par Bischoff (voir au f. 12r, la glose dans la marge supérieure).
Cette opinion demande à être révisée entièrement. Pour notre part, nous nous rangeons à l'opinion exprimée par V. Von Büren (à l'IRHT, lors d'une Table ronde tenue en septembre 2011), selon laquelle les distinctions faites par Bischoff sont erronées: le ms. a été annoté par une seule et même main. Les légères variations d'écriture — étirées ou larges— sont à mettre sur le compte de la manière dont la plume a été taillée. Nous ajoutons que ce paramètre, mis de l'avant par V. von Büren pour expliquer l'erreur de Bischoff, n'est pas l'unique responsable des variations, puisque, pensons-nous, plusieurs mois ont pu s'écouler entre les deux campagnes d'annotations.
Glosé plus amplement au début, les notes contiennent rarement des explications, mais, relevant surtout les mirabilia, elles rapportent de brefs résumés ainsi que des variantes de lectures introduites par des notes tironiennes signifiantaliter (ex. f. 14v,cis Rhenum , relié en marge par une signe de renvoi: «aliter: ripas»,Gall . 2, 3, 4, qui correspond à une leçon tirée de la classe β) oualius (f. 9v), ou encore, à propos depost[t]ridie (Gall . 2, 12, 1), « aliter habet ‘pos’, non ‘post’ » (f. 17r, en notes tironiennes, sauf le motpos ); parfois, Heiric est intervenu directement sur le texte, en rayant et réécrivant des mots (ex. f. 16r1-2 où il remplaceGall . 2, 8, 2periclitabatur (α), par la leçonsollicitationibus exquirebat , issue du texte de la classe β qu'il collationnait).
Il convient de situer le travail d'Heiric sur ce ms. entre 859 et 875, c'est-à-dire au cours des quinze années qui suivent ses 18 ans, âge où il se trouve dans l'entourage de Loup de Ferrière († 862).En résumé, le ms. a été produit à Fleury avant 850, où des passages ont été extraits à la fin d'un exemplaire du
De agricultura de Palladius par un des scribes ayant participé à sa réalisation (ms.E ). Il a ensuite été déplacé pour être collationné (et peut-être recopié) par un élève de Loup de Ferrières, Heiric. Son travail a pu se dérouler à Auxerre ou Reims, mais sans certitude. Après qu'une copie ait été prise à Corbie (ms.M ) durant le 3e quart du IXe s., le volume est revenu à Fleury, où il s'y trouvait au XIe s., comme en témoigne l'ex-libris de cette époque: « Hic est liber sancti Benedicti Floriacensis » (f. 49r) et la l'apographe de la charte de Macarius. Plus tard dans cette abbaye, un bibliothécaire a fait relier les Antiquités Judaïques à la suite du Commentaire de César. Il se trouvait toujours dans cette institution quand Pierre Daniel s'empara des deux copies du texte de César (A etB ). C'est donc au XVIe s. que les textes furent séparé: A entra en possession de J. Bongars, tandis que B passa au collège des Carmes de Clermont.
Présentation du contenu
Ce ms. ainsi que celui d'Amsterdam appartiennent au groupe de ms. de la classe α qui transmettent le
Deux autres témoins de
Au f. 49r, écrit seulement sur les deux tiers supérieurs, sous le texte, se trouve l'ex-libris du XI
f. 1r-112v. C. IULIUS CAESAR, Commentarii de bello Gallico [avec lacunes aux livres 1, 5 et 6 ; éd. W. Hering, 1987 ; anciennement, A. Klotz,
f. 1-14r.
f. 14r-22v.
f. 22v-31r.
f. 31r-42r.
f. 42r-58v.
f. 58v-70r.
f. 70r-96v.
f. 96v-112r. AULUS HIRTIUS.
f. 112r-v. Extrait du livre 8 [comble en grande partie la lacune mentionnées ci-dessus ; sans titre ; copié de la même main]: « Exceptus est Caesaris adventus ab omnibus (…) patrum conscriptorum causam suam facile obtineri nam g. Curio tr(ibunus) pl(ebis) cum [… » [
f. 112v. Deux séquences d'alleluia notées avec proses, dont la première est inédite:
« Dom(inicialis) Mosa Mose Mos : Alleluia, Alma Christi intona magnalia (…) et semper alternant. — Item Mosella Dom(inicialis): Alleluia. Iubilans concrepa (…) quo post resurgamus secula » [éd.