Informations sur les modalités d’entrée
Le fonds dit « TK » ou « Thérèse Kleindienst » est le nom donné aux archives produites ou regroupées par le secrétariat général de la Bibliothèque nationale entre 1943 et 1984. Il tire son nom de Thérèse Kleindienst, recrutée en 1943 comme archiviste auprès du secrétariat général de la Bibliothèque. Son ampleur chronologique est le reflet de l'importance de cette personnalité pour la Bibliothèque en général et pour les archives en particulier. En effet, Thérèse Kleindienst entre à la Bibliothèque nationale en 1942 et rejoint en 1943, à l'âge de 27 ans, le secrétariat général où elle est chargée d'organiser les archives pour lesquelles la Bibliothèque nationale a obtenu une autonomie de gestion (et donc dispensée de les verser aux Archives nationales) en 1936. En octobre 1984, alors qu'elle occupe le poste de secrétaire générale depuis janvier 1963, elle prend sa retraite. À cette occasion, un « inventaire des archives administratives » est d'ailleurs dressé. En réalité, il s'agit d'une mise en forme du plan de classement des archives du secrétariat général, mais, pour la première fois, en dehors des ensembles conservés par le département des Manuscrits, une certaine publicité (dont on ignore toutefois l'étendue, celle-ci demeurant vraisemblablement limitée aux salles de lectures des Manuscrits et des Imprimés) est donnée à cet ensemble archivistique.
Si la plupart des archives se positionnent bien entre ces bornes chronologiques, une part d'entre elles sont antérieures ou postérieures. Thérèse Kleindienst a en effet occasionnellement pris en charge des documents produits avant sa prise de poste, pour la plupart datant de la fin des années 1930 mais remontant occasionnellement au XIX
Classement
Avant l'arrivée de Thérèse Kleindienst, les archives du secrétariat général de la Bibliothèque nationale étaient réparties dans le Fonds Mortreuil. Les archives étaient classées selon 30 entrées thématiques, puis chronologiquement en leur sein. Outre ce plan de classement, ces archives sont accessibles par un fichier papier par fiches d'indexation des documents. Ces dernières sont regroupées sous cinq ensembles : Photographies, Renseignements, Dons, Prêts, Administration.
Ce fonds est clôturé avant l'embauche de Thérèse Kleindienst afin de mettre en place un nouveau système de classement pour les archives courantes, ainsi que le signale le rapport d'activité : « Depuis la fin de 1943, le service des archives est l'objet d'une réorganisation destinée, par l'amélioration du classement des documents nouveaux (application de la méthode de M. Charles Braibant) et par le remembrement des fonds anciens, à rendre le travail administratif plus sûr et plus efficient[1]». Thérèse Kleindienst conçoit un plan de classement inspiré de celui des archives de la Marine, divisée en sept grandes séries : A (Généralités), B (Finances), C (Immeuble et matériel), D (Personnel), E (Collections), F (Relations extérieures diverses), G (Coopération entre les bibliothèques).
Ce nouveau fonds est accessible par deux supports : des fiches thématiques et le plan de classement. Si les fiches permettent de procéder à des recherches, les nombreux renvois et le niveau de précision trop grand des entrées (en l'absence de description du contenu réel des archives) rendent le processus fastidieux. Le plan de classement méthodique, datant de 1984, donne au contraire une vision d'ensemble des thèmes abordés. Il a d'ailleurs fait d'office d'inventaire pour les archives de la bibliothèque auprès du public pendant plus de vingt ans. Néanmoins, trop général, il ne permet pas de connaître avec précisions la teneur des archives. En outre, des incohérences internes au plan de classement ainsi que le déclassement du fonds[2], probablement fruit de l'évolution des pratiques des classements et des manipulations successives, l'ont rendu malaisé à appréhender. Ces incohérences, décrites en détail dans l'article Traiter sans dénaturer: quelle approche archivistique pour le TK du carnet de recherche du projet, sont de plusieurs ordres.
En premier lieu, vingt-deux cotes sont manquantes dans le plan de classement . Dix d'entre elles n'existent pas physiquement, ce qui laisse penser à des cotes laissées en réserve. En revanche douze autres cotes correspondent à des archives existantes, allant du simple dossier à seize boîtes pour la cote A111. À l'inverse, treize cotes figurant dans le plan de classement manquent en place. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette absence : pertes liées à des déménagements, « ouverture » de cote en prévision de versements finalement non effectués. Il existe encore un cas annexe : celui de cotes renvoyant à des dossiers présents, mais vides. La plupart font doublons avec d'autres entrées du plan de classement.
La série A pâtit plus globalement d'erreurs et d'approximations de description. Les intitulés des rubriques du plan de classement sont parfois erronés. Les cotes A151 et A154 ont ainsi leurs descriptions inversées, de même que les cotes A152 et A153 (respectivement sur les publications officielles et le catalogue général). Par ailleurs, certains intitulés sont trop vastes ou au contraire trop partiels pour couvrir les archives conservées. La cote A76 est intitulée « protection des collections en place pendant la guerre », mais contient également les archives du personnel relatives au conflit armé (formulaire sur le lieu de repli des employés, renseignements du statut militaire, et ordre de retour). On note enfin des écarts quant à l'arbitrage de l'appartenance des documents à une cote ou à une autre, tandis que le classement n'est pas homogène (les cotes A29, A28, A33, A66 et A87 sont ainsi les seuls à bénéficier d'un classement interne par lettres).
En second lieu, le plan de classement, justifié par son époque de production (les archives avaient alors un rôle d'outil courant, non de matériel de recherche), est devenu avec le temps un obstacle à la valorisation du fonds. En effet, la série A est tributaire d'un éclatement des thématiques. En témoigne le centre d'histoire contemporaine qui est renseigné dans le plan de classement en A48 (historique) et A124 (fonctionnement général), mais dont de nombreuses archives s'y rapportant sont présentes en A26 (rapports généraux) et A73 (avec la recension des archives maçonniques). Cet éclatement ne serait pas problématique si le plan de classement signalait précisément les archives (avec une description du sujet et des types de documents rassemblés sous un même intitulé), et si cette dispersion n'était pas tentaculaire, ce qui n'est pas le cas. La dispersion des archives s'accroît de surcroît lorsque l'on s'intéresse à une thématique générale, le système de classement ayant été pensé pour une utilisation technique. Les archives des relations avec les autorités d'occupation sont ainsi présentes en A19, A40, A42 selon le plan de classement, mais également en A76, A84, A96, A102, A140 et A142. De fait, la perception de la Seconde Guerre mondiale que nous avons aujourd'hui (qui englobe à la fois les combats, la défense, ainsi que la vie de « l'arrière ») n'était évidemment pas la même pour les individus qui l'ont vécue. Le plan de classement proposé au public depuis 1984 trouve donc rapidement ses limites dans le cadre d'une recherche historique comme celle du présent projet de recherche autour de la période d'Occupation. Si la guerre apparaît via la rubrique « HISTORIQUE - période de guerre », la consultation des cotes qui s'y rapportent déçoit. La majorité des archives se rapportant à cette période est en réalité répartie selon d'autres logiques (typologie, département concerné, fonction, service producteur…).
[1] LARAN J. (dir.),
[2] Certaines cotes ont subi des désordres importants, notamment les cotes A63 et A93. Le caractère très général des intitulés (respectivement « organisation du travail » et « département des Imprimés ») a probablement entraîné un regroupement un peu anarchique des archives, et il est par conséquent difficile d'effectuer des recherches sur ces ensembles. La situation est similaire pour les boîtes regroupant plusieurs cotes ou lorsque ces dernières ont été éclatées entre différents conditionnements. La cote A84 et la boîte Série A divers regroupent quant à elles des documents qui n'ont jamais été classés (absence de cote ou de tampon de classement). Le dépouillement a également permis de repérer des erreurs plus classiques de classement. On trouve ainsi des documents ou des dossiers qui ne correspondent pas à la cote dans laquelle ils sont rangés : soit le sujet du document ne correspond pas à la thématique de la cote, soit le document est coté, mais mal classé.
Informations sur le traitement
Afin de pallier ces difficultés, un repérage systématique des documents concernant la période de la Seconde Guerre mondiale a été mené. Seules 129 boîtes, sur les 309 que contient la série A, concernent la période du projet de recherche. Les actions ont donc porté uniquement sur cet ensemble. Une part des cotes antérieures à 1938 a cependant été traitée lorsqu'elles était nécessaire à la compréhension de l'histoire de l'institution durant la Seconde Guerre mondiale (par exemple les évolutions législatives en A45, les rapports d'activité antérieurs consultés par Bernard Faÿ en A74 ou encore la gestion de la Première Guerre mondiale à laquelle des acteurs de la période ont participé en A218). La cote A48 a été traitée à part et bénéficiera d'une recotation (tout en gardant le lien avec les systèmes de cotation successifs). Sur l'ensemble concerné par le projet de recherche, trois actions ont été menées.
Enfin, l'action principale a été de signaler au mieux les archives. Ce signalement ne devait pas écraser le travail des acteurs ayant constitué le fonds. En effet, les choix de classement, de terminologie ou de sélection des documents révèlent les choix techniques originels de l'archiviste, mais aussi plus globalement les conceptions de l'époque du traitement. La mise en exergue de certaines thématiques, comme la sécurité ou la logique de partition par département sont riches d'enseignement pour le chercheur actuel et devraient également permettre, au terme du projet, de lever le doute sur d'éventuelles dissimulations. Par conséquent, dans un souci du respect des choix archivistiques de l'époque, du maintien de la logique de constitution du fonds, et pour ne pas compliquer outre mesure son appréhension intellectuelle, une solution intermédiaire a donc été préférée à un reclassement d'ampleur. Le fonds est toujours classé physiquement par les cotes thématiques attribuées par Thérèse Kleindienst. Néanmoins, afin d'accroître la finesse du signalement, une seconde cotation, au dossier, a été ajoutée (donc suivant le déroulement du TK). Cette solution a permis de compléter les descriptions manquantes, d'apporter d'éventuelles corrections ou précisions et d'établir un outil de recherche méthodique pour un accès intellectuel plus aisé. La granularité de l'ensemble n'est pas homogène, car les dossiers peuvent contenir une seule pièce à plusieurs centaines suivant les cotes. En outre, il faut garder en tête que les dossiers que créés en 2021 ainsi que leurs nouvelles cotations ne prennent en compte que la plage temporelle du projet de recherche sur la Bibliothèque nationale pendant l'Occupation. Par conséquent un certain nombre de dossiers dont les cotes TK sont présentes dans le nouveau fichier, qui concernent des archives antérieures et postérieures à l'Occupation, n'ont pas été traités[3]. Le nombre de dossiers par cote du TK ne correspond donc pas au nombre réel de dossiers au sein de ces cotes.
Le nouveau fichier est présenté suivant sa correspondance avec le plan de classement TK. Sur chaque dossier physique sont inscrits la nouvelle cotation ainsi que le titre tout en mentionnant pour chacun la rubrique du classement d'origine. Les boîtes signalent également les deux cotes via l'étiquetage. Pour pallier les défauts de description du TK, de nouveaux titres ont été donnés quand cela apparaissait nécessaire, afin de clarifier le contenu. Certains énoncés de cote ont également bénéficié de regroupements thématiques (notamment les cotes sur un même département ou des sujets communs comme la défense passive), dans le souci de faciliter les recherches historiques à venir. Cela signifie qu'il y a dans le nouveau fichier des doublons de titres, pour les cotes qui sont elles-mêmes des doublons. Ce fichier est doublé d'une aide à la recherche dédiée au champ historique du projet de recherche. Cette aide n'est pas exhaustive, mais offre un premier aperçu des thématiques que la série A peut couvrir.
[3]
A13 (un dossier hors date (1948-1981)), A22 (second dossier de la cote sur les échanges avec l'extérieur (1975-1984)), A39 (un sous-dossier sur les archives du conservatoire (1963-1979)), A65 (sixième dossier hors dates, concernant les archives du Département de la musique avec l'inauguration de 1964 ainsi que les archives de fonctionnement de 1952-1964), A85( septième dossier sur les archives de fonctionnement de 1950 à 1981), A86 (quatrième dossier sur les archives de fonctionnement de 1959 à 1982), A87 (un autre dossier sur le Sri Lanka de 1980), A99 (un troisième dossier historique hors date (1945-1982)), A118 (deux autres dossiers hors dates, le premier sur la distribution du rapport de 1951, et le second sur le rapport d'activité de 1990), A123 (un troisième dossier hors dates concernant les données fournies aux institutions extérieures), A43 (inventaire par Pierre Janin (notes de travail, inventaires provisoires et définitifs) 1970-1971).
Conditions d'accès
Communicable selon les articles L.213-1 à L.213-7 du Code du patrimoine. Ce fonds est consultable en salle T de la bibliothèque de recherche de la BnF, en rez-de-jardin, en adressant une demande au moins 48 à 72 heures (jours ouvrés) à l'avance à archives@bnf.fr.
Bibliographie
Une bibliographie complète est disponible sur le site de la Bibliothèque nationale
Sumpf, Alexandre ; Laniol, Vincent (dir.), Saisies, spoliations et restitutions : archives et bibliothèques au XXe siècle [actes du colloque, Strasbourg, 22-23 octobre 2010]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2012. 383 p.
Poulain, Martine, Livres pillés, lectures surveillées : les bibliothèques françaises sous l’Occupation. Paris : Gallimard, 2013. 753 p. (Folio. Histoire ; 224).
Poulain, Martine, « La Bibliothèque nationale sous l’Occupation : les « difficultés » de la Collaboration ou comment servir deux maîtres ». Gutenberg-Jahrbuch, 2004, vol. 79, p. 261-268.
Pasquignon , Anne ; Bellon, Cécile, « Les documents spoliés déposés à la Bibliothèque nationale. Les résultats d’une enquête ». Dans Où sont les bibliothèques françaises spoliées par les nazis ? Villeurbanne : Presses de l’ENSSIB, 2019, p. 133-148.
Compagnon, Antoine, Le cas Bernard Faÿ, du collège de France à l’indignité nationale. Paris : Gallimard, 2009. 208 p.-[6] f. de pl. (La suite des temps)
Chabrier, Madeleine, « La Bibliothèque nationale de 1940 à 1944 ». Bulletin d’information de l’Association des bibliothécaires française, 1990, n°148, p. 6-14.
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