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NAF 29046. Émile Zola. Germinal, drame en cinq actes et douze tableaux.

Cote : NAF 29046 
Émile Zola. Germinal, drame en cinq actes et douze tableaux, manuscrit autographe et copies annotées
1885
2 boîtes. 
Documents en français
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits

Présentation du contenu

Treizième roman de la série desRougon-Macquart,Germinal est le grand roman social d'Émile Zola, plaidant en faveur d'un nouvel idéal dans lequel, pour la première fois, les rapports entre le monde du travail et le grand capital sont abordés sans tabou. Germinal est avant tout l'histoire d'une grève : « le soulèvement des salariés, le coup d'épaule donné à la société qui craque un instant, en un mot la lutte du capital et du travail » (lettre à Antoine Guillemet, Médan 3 avril 1884). Contrairement aux autres titres des Rougon-Macquart adaptés par le dramaturge et librettiste William Busnach, Germinal. Drame en cinq actes et douze tableaux, est une œuvre parfaitement autonome par rapport au roman publié en mars 1885.

Ce manuscrit autographe démontre l'entière paternité de Zola sur la pièce. Il est donc particulièrement important dans l'histoire de la littérature française du XIXe siècle, l'écrivain ayant un temps laissé volontairement planer le doute à ce sujet. Ainsi, dans Le Gaulois du 17 avril 1884, il laisse entendre que Busnach va écrire une adaptation du roman. C'est d'ailleurs sous le nom de Busnach que la pièce est présentée à la commission de censure du théâtre, Zola pensant vraisemblablement que cette attribution serait un gage de succès… La pièce ayant été refusée, il se lança dans un virulent corps à corps avec les censeurs, défendant sa pièce et la liberté d'expression. Mais lorsque l'adaptation, édulcorée, fut enfin autorisée, il en revendiqua la pleine paternité dans Le Figaro du 25 avril 1888 : « D'abord, je déclare que le drame est entièrement de moi, que Busnach n'en a pas écrit une seule ligne. Entendons-nous : Busnach et moi avons discuté et arrêté le plan ensemble ; mais, pour cette fois, pour ce sujet spécial, j'ai tenu à tout écrire […] La presse entière a déclaré Germinal mal écrit, d'un style creux et déclamatoire, au-dessous du médiocre. Mon Dieu ! C'est honteux à confesser, j'écris comme ça ».

Ce texte incarne l'infatigable croisade de Zola contre la censure et révèle sa volonté de s'imposer au théâtre, comptant sur sa puissance médiatique pour faire passer son message. « Attendez que l'évolution s'achève, qu'on trouve le théâtre de l'époque, celui qui sera fait avec notre sang et notre chair, à nous autres contemporains, et vous verrez les théâtres revivre » (Le Naturalisme au théâtre. Paris, Charpentier, 1895, p. 79). « Germinal est un drame écrit pour le peuple et nous entendons par ce mot toute la population travailleuse de Paris […] C'est pourquoi nous désirons que le peuple juge la pièce. » (Lettre de Zola & Busnach publiée dans L'Écho de Paris, le 27 avril 1888).

Les 454 pages autographes, rédigées au cours du printemps et de l'été 1885, témoignent de l'intense activité créatrice de l'écrivain. Elles sont accompagnées de la copie autographiée du drame, soumis à la censure en octobre 1885, avec des corrections et variantes de la main de Zola, et de la copie autographiée de la version réduite, enfin jouée en 1888 (avec corrections et croquis de mise en scène de Busnach). L'ensemble révèle donc la toute première version de la pièce qui sera très sévèrement mutilée à la demande des censeurs, après quelques trois ans d'interdiction. En 1989, James B. Sanders étudia ce manuscrit jusqu'alors inconnu des spécialistes. Son existence n'était en effet mentionnée que par Henri Mitterand dans un article de 1970. Sanders en donna une publication incomplète sans les multiples variantes et corrections, témoins capitaux de sa genèse, et sans aucune reproduction. Dans son étude, il souligna par ailleurs que "compte tenu des variantes", l'édition complète du manuscrit de cette version originale "comporterait des milliers de pages". Auparavant, seule était connue, mais jamais publiée, la version très expurgée et finalement autorisée, de la main d'un copiste (conservée aux Archives nationales, F18 981).

Bibliographie

Henri Mitterand, "Les manuscrits perdus d'Emile Zola", Les Cahiers naturalistes, no 39, 1970, p. 86.

James B. Sanders, Germinal. Drame inédit en 5 actes et 12 tableaux, précédé du scénario de la pièce, aussi inédit, Longueuil, Le Préambule, 1989.

Informations sur les modalités d’entrée

Achat, 2021. (A. 21-09)