Biographie ou histoire
Michel Jaffrennou , plasticien de formation, est à la fois peintre, comédien, performer, vidéaste, metteur en scène et concepteur d'œuvres en ligne. Il a réalisé de nombreuses peintures, fresques et tableaux, photographies et collages, installations et environnements en galerie, et notamment des performances et des projets audiovisuels hybrides : des vidéosculptures, des objets domotiques et des pièces de vidéothéâtrie.
Michel Jaffrennou (né le 25 février 1944 près d'Angers) démarre sa formation artistique à l'École des Beaux-arts d'Angers. À son arrivée à Paris, courant 1962, il participe à des revues d'avant-garde ainsi qu'à des expositions collectives, notamment avec le groupe Lettristes. Il expose entre autres des bijoux et tableaux hypergraphiques, des livres objets ("Lettries à mon fils", "Histoires naturelles", etc.) et conçoit des installations, des environnements éphémères et des performances en galerie, tant en France qu'à l'étranger. Avec Roberto Altmann il propose "Spectacle total", chorégraphie pour 20 danseurs et sculptures hypergraphiques mobiles, au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1969, puis "Itinérographie", environnement pour 30 sculptures en papier coloré et peintures, à la Galerie Stadler. Il collabore ensuite avec Alain Clerc-Ourgan, ("Michel Jaffrennou en labyrinthe", Paris, Galerie Stadler, 1973 ; "Table de désorientation", Projekt 74, Cologne, Kunsthalle and Kölnischer Kunstverein, 1974).
Michel Jaffrennou expérimente avec l'image animée à partir de 1975. "Le Moi des uns et des autres", réalisé en Super8, restitue une performance réalisée à l'espace éphémère qu'il crée à New York : la "Michel Art Jaffrennou Galerie", mais ses expérimentations portent essentiellement sur les dispositifs vidéo et dans le cadre des soirées "Mardi vidéo" organisées sur la péniche parisienne "Cinémouche", il y programme un cycle de performances avec téléprojecteur vidéo noir et blanc : "L'aventure schizophrénique" (1975) dont sont issues ses deux premières bandes vidéo "Who's who", et "Mental O. Jaffrennou" commence alors à "explorer tous les effets humoristiques ou poétiques que rendent possibles les effets spéciaux" (Anne-Marie Duguet), en s'inspirant des arts de la scène, notamment du cirque, de l'opérette et de la magie. Le plasticien s'empare des premiers dispositifs vidéos pour produire des formes hybrides de spectacles qui imaginent "une mise en espace de l'image vidéo". Dès 1979, Michel Jaffrennou conçoit des projets à géométrie variable pour la scène, le musée et la télévision.
Ainsi son divertissement sous forme de diversion "Les toto-logiques" est adapté pour la télévision par l'Ina et diffusé par Antenne 2 en 1981. Cette collaboration avec la télévision se poursuit avec d'autres adaptations de ses spectacles "Circus" (1984), "Vidéopérette TV" (1989), "Désert blues, un voyage musical au cœur du Mali" (2006) avec Arte ; mais aussi de courtes fictions, "Vidéoflashes" (F2 1982, 1er prix au JVC Tokyo festival Tokyo), "Jim Tracking" (Canal +,1986), "Magic tube" (1987), Incrust-station (1987), une publicité pour les cigarettes "Cortina" (1991) ; et des œuvres plus longues : "Ulysse au pays des merveilles" (1987), "Pierre et le loup" (1996), "Matisse passionnément" (2001), ainsi que des documentaires "Story-board stories", "Avance sur images", "Antirouille : le magazine de l'architecture et du design" (1990), "Matisse passionnément" (France 2, 2001).
Son travail prend une autre orientation en 1978 avec la création du centre de diffusion "Vidéo ABI" qu'il fonde avec Patrick Bousquet et Jean-Michel Champelovier. Cet espace éphémère est l'un des tout premiers lieux d'exposition pour les installations et les performances vidéos en France. Associés au sein du collectif "Ontologic théâtre", ils proposent des ateliers destinés à explorer l'intégration de la vidéo au théâtre et mettent en scène des pièces de Vidéothéâtrie, mêlant théâtre et vidéo. Les réflexions de Michel Jaffrennou sur la performance vidéo à travers une série d'œuvres : "Atout Paik atout cœur", "Esquisse pour un portrait sentimental", (1982), "Vidéopérette" (1ère version, 1978), "Variations sur le thème de la vidéo instrumentale" (5 et 6 mai 1983), "Hommage à Nam June Paik" (1983).
Parallèlement aux recherches de vidéothéâtrie, sa formation initiale et son intérêt pour les installations le conduisent à concevoir l'exposition Pièces de Musées à la galerie Stadler. Cette série de dessin et de peintures présente des dispositifs intégrant postes télévisuels ou des images vidéo intégrées à des objets. Il propose ainsi un rapprochement entre la vidéo et art contemporain et nomme ces objets des vidéosculptures. Cette initiative sera saluée lors de la 11e Biennale d'art contemporain de Paris : l'une de ces pièces - "Le plein d'plumes" (1980) - est sélectionnée, produite et montée. Dès lors ces 4 postes télévisuels synchronisés ne cessent d'être présentés dans le monde. D'autres vidéosculptures voient le jour : "Otto-Bus" (1980), "Chantier interdit au public" (1980), "Vidéoscopie" (1983), "Parade" (1984), "Le grand manège de la forêt" (1992), "Le requiem des Elfes" (1993), et mais nombreux vidéobjets et vidéosculptures et d'installations restent sans financement : "Fibi" (1992), "Vidéo-manège" et "Train vidéo fantôme" (1980), "Le phénoménale bastringue électronique" (1982), "Chez Babel" (1990), et le "Kaléidoscope" (1992) un monumental projet architectural.
Son appétence pour les nouvelles technologies l'entraîne vers le développement de spectacles multimédias hybrides. Fusionnant la vidéosculptures et la vidéothéâtrie, Michel Jaffrennou renouvelle encore son approche de la vidéo et propose un spectacle ambitieux, "Électronique vidéo circus", présenté en 1984 au Musée national d'art moderne de Paris, un "cirque d'images" associant, images animées, personnages d'inspiration populaire, à une installation imposante soit plus de 30 téléviseurs mobiles, synchronisés à 6 magnétoscopes. Sur ce même modèle, cinq ans plus tard, Jaffrennou réalise l'une de ses œuvres majeures : "Vidéopérette" - Une frénésie électronique sur "l'air du temps" (1989), spectacle gigantesque confrontant ou mêlant des acteurs à des images vidéo et célébrant la scène hybride. D'autres scénographies poursuivent cette voie : le web man show de "Diguiden" au studio du Théâtre de la Comédie française (2001), Via Kaboul, Voices of central Asia à l'English national opera de Londres (2004), "Désert blues, griots et poètes des sables" au Musée du quai Branly (2007), " Kirina opéra mandingue" au Palais des festivals de Cannes et Acropolis de Nice (2008 et 2009) et de nombreuses autres restent à l'état de propositions, "Vidéo vaude ville" (1989), "Ulysse au pays des merveilles", "La comédie musicale" (2008), "Algo et Ritmo" (1992).
La caractéristique du travail de Michel Jaffrennou est son extraordinaire plasticité. Sans jamais renoncer à la peinture à l'huile, à l'aquarelle, au dessin ou au story-board pour les phases préparatoires, il présente ses œuvres dans des livres de peintures (Jusqu'à Tombouctou, 2007) et lors d'expositions en France et à l'étranger avec "Story-boards' stories" (Maatgallery, Paris, 2005 ; PISAF, Séoul, 2008). Cependant Jaffrennou poursuit son geste pictural en transportant ses créations au gré des supports et des médias émergents et son œuvre prolifique propose des écritures singulière, intégrant l'image vidéo, l'interactivité du cédérom ("La collection du Centre Pompidou", Infogrammes, 1997 ; "Les 3 petits cochons", le Seuil, 1998 ; "Story-board interactif du Dragon numérique" 1999 ; "Museum Jean Tinguely Bâle", Prix de la critique Moëbius international, Victory interactive media, 2000), les nouvelles écritures en images de synthèse 3D ("Pierre et le Loup", Canal+, 1996) et celles des œuvres connectées ("Barbe bleue, opéra numérique", Ministère de la culture, 1997 ; avec Marc Marchand : "Diguiden, le messager du Dragon numérique", 2000 ; "Ma vie, mon œuvre, mon nez..." : web man show, 2000 ; "Je suis un citoyen numérique", Festival 1er contact, 2002). "Désert blues, un voyage musical au cœur du Mali" (2006) enfin, est à la fois un spectacle, un film, un livre et un blog en ligne.
Une rétrospective d'envergure lui a été consacré à la vidéothèque de Paris, ainsi qu'en Corée du Sud. En 1992, le Ministère de la culture distingue l'œuvre de Michel Jaffrennou en le nommant Chevalier des Arts et des Lettres. Parallèlement à ses activités de création, Michel Jaffrennou a entamé un travail de transmission, et animé de nombreux ateliers d'écriture multimédia au sein d'écoles d'art.
Informations sur les modalités d’entrée
Le versement a démarré en 2006 et s'est poursuivi jusqu'en 2018. Le fonds a été complété par celui de Patrick Bousquet, collaborateur des premiers temps. Ce don apparaît en sous fonds en fin de classement, sous la cote DONAUD1409.
Informations sur le traitement
Toutes les pièces du fonds sont signalées dans cet instrument de recherche.
Documents de substitution
Les documents audiovisuels ont été numérisés par la BnF.
Une partie des documents papier (soit plus de 6000 vues) a été numérisée. Il s'agit des documents de grand format, fragiles, difficilement communicables. Le choix s'est porté également sur les documents les plus démonstratifs tels que photographies, story-boards, dessins et documents manuscrits et tapuscrits.
Classement
Le plan de classement suit la chronologie des oeuvres de Michel Jaffrennou, suivie d'un dossier manifestations classées par année et/ou structure d'accueil.
Conditions d'accès
Les documents audiovisuels numérisés peuvent être réservés en passant par le Catalogue général de la Bibliothèque nationale de France.
Les documents papier numérisés peuvent être consultés dans Gallica et Gallica intramuros.
Les autres document papier du fonds, sont communiqués en salle P et en place hémicycle. La réservation se fait en banque d’accueil (mode débrayé). Vous pouvez également préparer votre visite en envoyant vos demandes par mail à l'adresse : audiovisuel@bnf.fr. Prévoir un délai de 72 h.
Bibliographie
Michel Jaffrennou / Norbert Hillaire. Paris : L’état des lieux : La différence : Ex-nihilo, 1991.
Ressources en ligne : le site de Bernard Girard
Ressources en ligne : Barbe bleue, opéra numérique , également consultable dans les Archives de l'Internet de la BnF à l'URL http://www.culture.gouv.fr/barbebleue
Ressources en ligne : Le petit théâtre de Diguiden, consultable dans les Archives de l'Internet de la BnF à l'URL http://www.diguiden.net
Conditions d’utilisation
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