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Fonds Klingsor, Tristan

Cote : VM FONDS 115 KLI 
Fonds Tristan Klingsor
Vers 1900-vers 1966
Fonds produit par : Klingsor, Tristan (1874-1966)
Bibliothèque nationale de France (BnF). Département de la Musique. Paris
2 boîtes

Présentation du contenu

Le fonds contient exclusivement de la musique manuscrite de Tristan Klingsor, à l'exception d'une partition imprimée et de quelques oeuvres d'autres compositeurs composées sur ses poèmes ou copiées par lui.

Presque aucune des oeuvres de Klingsor présentes dans ce fonds sous forme manuscrite ne semble avoir été éditée, du moins en ce qui concerne la musique. Nombre d'entre elles ne sont malheuresement pas complètes, soit en raison du caractère lacunaire ou fragmentaire de certains manuscrits, soit parce que le fonds n'en contient que des esquisses plus ou moins poussées.

Biographie ou histoire

Arthur-Justin-Léon Leclère nait le 8 août 1874 à La Chapelle-aux-Pots (Oise) où son père, Arthur Leclère, ingénieur et ancien élève de l’école des arts et métieurs de Châlons, originaire d’Amiens, était devenu fermier pour être indépendant. Sa mère, Marie Mary, est d'origine normande.

Pendant ses études au collège de Beauvais (jusqu'en 1891), il fait montre de facilités pour la composition des vers et dessine. Dès l’âge de 14 ans, il compose des chansons qui servent d’intermèdes dans des pièces jouées par les habitants de son village. Il reçoit des leçons d'harmonie et se perfectionne en autodidacte à l'aide du traité d'Henri Reber.

En 1891, il obtient le troisième prix au concours de poésie de la revue La Plume. Pendant son service militaire à Beauvais et à Briançon (1891-1895), il étudie Gérard de Nerval et Aloysius Bertrand et commence à publier des poèmes d'inspiration symboliste dans des revues françaises et belges, d'abord sous le nom de Léon Leclère, puis sous le pseudonyme de Tristan Klingsor, inspiré non par Wagner mais par les légendes arthuriennes. Comme Nerval, il considère la poésie comme une forme de musique, et critiques, commentateurs et interprètes s'accordent pour saluer les qualités rythmiques et musicales de son oeuvre poétique.

Tout en continuant à publier dans des revues, il fait éditer ses premières plaquettes, Triptyque des châtelaines (1892), d'inspiration médiévale, puis Triptyque à la marguerite (1894), où il commence à utiliser des refrains de chansons populaires, qui joueront un grand rôle dans son art. Toujours en 1894, il fonde le périodique L’Ibis avec son ami Henri Degron, qui l'aide à trouver un emploi de bibliothécaire à l'Hôtel de ville de Paris (1895-1902). Dans son premier recueil, Filles-fleurs (1895), il tourne le dos au symbolisme de ses débuts et confirme son intérêt pour la chanson populaire. À partir de Squelettes fleuris (1897), il adopte le vers libre. La première partie du recueil est dédiée à Pierre de Bréville (1861-1949), qui a déjà mis quelques-uns de ses poèmes en musique et lui donne à l'époque des leçons de composition. Parallèlement, il suit les cours de l’École du Louvre (1896-1899) et voyage en Italie pour écrire sa thèse sur la peinture française en Piémont au 15e siècle. Il conservera une prédilection pour ce siècle, considérant que depuis la Renaissance l’art plastique a "déraillé". Les peintures du château de la Manta, près de Saluces, l'impressionnent durablement et seront bien plus tard à l'origine de la composition du Prince vert (vers 1955). Son troisième recueil, L’escarpolette, où il utilise des personnages de contes de fées, paraît en 1899.

De 1902 à 1909, il fréquente les réunions hebdomadaires des "Apaches", organisées par le peintre Paul Sordes, où la musique russe est à l'honneur. Il y rencontre en particulier Maurice Ravel, Maurice Delage, Léon-Paul Fargues, Ricardo Viñès, Michel-Dimitri Calvocoressi, Émile Vuillermoz et Désiré-Émile Inghelbrecht. À cette époque, il juge Wagner "discutable" et ses goûts musicaux le portent vers Rameau, Gluck, Couperin, Borodine et Rimsky-Korsakov. Celui-ci compte parmi les sources d'inspiration de Schéhérazade, qui paraît en 1903 ; dans une lettre vendue en même temps que le fonds Klingsor (lot 283 du catalogue de vente), Rimsky-Korsakov remerciait Klingsor de lui avoir fait l'hommage d'un exemplaire de son recueil.

Le 3 septembre de la même année, ce dernier épouse Marie Morcel ; leur fille unique, Renée, naît en 1905.

Klingsor se perfectionne dans la peinture, qu'il aborde par le dessin japonais puis par l'aquarelle. Pour pouvoir peindre pendant la journée, il devient contrôleur départemental des services d’assistance. Il occupera ce poste pendant 58 ans, jusqu’à sa retraite. De 1905 à 1913, il expose des portraits et des natures mortes au Salon d'automne, cependant que paraissent trois nouveaux recueils de poèmes, Le valet de coeur (1908), les Chroniques du chaperon et de la braguette (1910) et les Poèmes de Bohême (1913). Il influence les poètes du groupe "fantaisiste" (1910-1914), dont il se distingue cependant par l'usage du vers libre. Il s'essaie au théâtre, avec La duègne apprivoisiée, représentée au théâtre de la Bodinière le 11 février 1907. Sur le plan musical, l'éditeur Alexis Rouart publie en 1905 et 1906 ses premières mélodies, la Chanson d'amour et de souci et les Chansons de ma mère l'Oie. Pendant la Première guerre mondiale, réformé à cause d'une pleurésie, il reprend son poste dans l'administration.

Deux recueils de poèmes, les Humoresques et L'escarbille d'or, paraissent en 1921. En peinture, il se tourne vers le paysage, et cette nouvelle orientation se reflète dans les Poèmes du brugnon (1932), où la nature et le paysage tiennent une grande place. De 1934 à 1936, il aborde le poème en prose avec les Poèmes de la princesse Chou, dont neuf seulement sur une centaine seront édités de son vivant et dont il détruira une partie. Pendant l'entre-deux-guerres, il écrit aussi plusieurs ouvrages et articles de critique artistique et expose ses vues esthétiques sous forme humoristique dans l'Essai sur le chapeau (1926). Enfin, quelques recueils de mélodies et des oeuvres pour piano ou de musique de chambre paraissent entre 1922 et 1934 chez Rouart-Lerolle et chez Maurice Senart.

Après la Seconde guerre mondiale, il publie encore les Cinquante sonnets du dormeur éveillé (1949), Le tambour voilé (1960) et La maison d'Aloysius (1964). Ce dernier recueil est inspiré par la maison qu'il avait achetée à Saint-Maixent (Sarthe) en 1935, où vit sa fille et où il se retire en 1965, après avoir été expulsé de son appartement parisien de la rue Montsouris. Malade, il meurt le 2 août 1966 à l'hôpital du Mans.

La plupart des oeuvres musicales de Klingsor sont restées manuscrites. Cependant, certaines ont été exécutées, comme en témoignent les parties séparées annotées de certaines oeuvres. Paul Le Flem, dans son texte écrit pour l'Hommage à Tristan Klingsor placé en tête de l'Album publié en 1955, se souvient d'avoir dirigé les Chanteurs de Saint-Gervais dans des choeurs a cappella de Klingsor, dont il salue les qualités d'écriture en ces termes : "Ne croyez pas à un travail d’amateur. Lisez de près certaines pages et vous y découvrirez des adresses, un tour de main qu’un professionnel de la composition ne désavouerait pas".

Klingsor a écrit pour une grande variété de formations, tant vocales qu'instrumentales, de la voix seule non accompagnée à l'orchestre symphonique. Le fonds contient pour certaines de ses oeuvres une documentation complète, permettant d'étudier à partir des états successifs illustrés par les différents manuscrits sa manière de composer.

Historique de la conservation

Ce fonds a été vendu, parmi d'autres documents provenant de Tristan Klingsor, deux ans après la mort de sa fille (cf. lots 216, 217 (?), 246-255, 265, 282, 283 du catalogue cité ci-dessous).

Informations sur les modalités d’entrée

Acquisition, vente Ader, 27 mars 2001, lots 251 (musique de chambre), 253 (musique vocale), 254 (musique pour piano), 255 (brouillons et esquisses). ACQ PAT-MUS-2001-613 à ACQ PAT-MUS-2001-616.

Documents séparés

Le lot 252 de la vente de 2001 (Musique symphonique et concertante) n'a pas été acquis par la BnF et sa localisation reste inconnue. D'après le catalogue de vente, il contenait les oeuvres suivantes : Prélude, sarabande et gigue, pour flûte et orchestre à cordes (partition et partie de flûte) ; Vie et mort d'une rose, poème symphonique pour un film de Claude Fayard et Jean Bachelet (partition et réduction pour 2 pianos) ; Sérénade pour quatuor de saxophones (plus transcription pour piano) ; Le Carnaval d'Avignon, divertissement-ballet ; Sérénade pour instruments à vent ; L'olifant de Roncevaux (transcription pour piano) et le Concertino pour cor.

Les Impromptus de Montsouris, enregistrés en 1997 par Carole Carniel (voir ci-dessous), ne figuraient pas parmi les oeuvres proposées à la vente en 2001, de même que certains titres cités dans la notice anonyme de cet enregistrement (Peau d’âne, Amusements de Pontoise).

Ouvrages sur Tristan Klingsor

Haine, Malou. "Deux entretiens inédits de Tristan Klingsor avec Stéphane Audel à propos de Maurice Ravel (1958)". Dans Revue musicale de la Suisse romande, 2007, p. 36-55.

Klingsor, Tristan. Album, précédé d'un Hommage à Tristan Klingsor. Paris : Flammes vives, 1955.

Mons Mirabilis. "Tristan Klingsor". Dans Musée virtuel de Montmirail, consulté le 25 juillet 2016.

Pronger, Lester J. La poésie de Tristan Klingsor. Paris : Lettres modernes, 1965.

Catalogue de vente

Étude Antoine Ader. Lettres et manuscrits autographes, documents historiques, archives Castries, Mac Mahon et divers : vente, Paris, Drouot-Richelieu, salle 8, 27 mars 2001. Paris : T. Bodin, 2001.

Éditions des poèmes mis en musique par Tristan Klingsor

Elskamp, Max. Enluminures. Bruxelles : P. Lacomblez, 1898.

Godoy, Armand. Bréviaire. Lyon : E. Vitte, 1941 (écrit en 1934).

Klingsor, Tristan. La double illusion, comédie en un acte. Dans Le divan (Paris. 1909) = ISSN 1149-204X, volume 29 (1937), p. 1-11.

Klingsor, Tristan. L'escarbille d'or. Paris : R. Chiberre, 1921.

Klingsor, Tristan. L'escarpolette. Paris : Mercure de France, 1899.

Klingsor, Tristan. Humoresques. Amiens : E. Malfère, 1921.

Klingsor, Tristan. Poèmes de Bohème. Paris : Mercure de France, 1913.

Klingsor, Tristan. Poèmes de la princesse Chou, préface de Pierre Menanteau. Paris : Athanor, 1974.

Klingsor, Tristan. Poèmes du brugnon. Paris : E. Malfère, 1932.

Klingsor, Tristan. Schéhérazade. Paris : Mercure de France, 1903.

Klingsor, Tristan. Le trésor de la princesse Chou. Dans Le divan (Paris. 1909) = ISSN 1149-204X, volume 33 (1941), p. 205-209 (réédition dans Poèmes de la princesse Chou).

Klingsor, Tristan. Le valet de coeur. Paris : Mercure de France, 1908.

Les éditions utilisées pour les poètes anciens (Roger de Collerye, Louise Labé, Clément Marot, Charles d'Orléans) n'ont pas pu être identifiées avec certitude.

Enregistrement

Pierre de Bréville, Tristan Klingsor. Oeuvres pour piano, Carole Carniel, piano. Vichy : Ligia Digital, P 1997. Lidi 0103056-97

Classement

En l'absence d'un catalogue ou même d'une simple liste des oeuvres musicales de Tristan Klingsor, l'absence de titre dans de nombreux manuscrits incomplets ou inachevés, la réutilisation fréquente de mouvements ou pièces dans des oeuvres différentes et l'absence quasi totale de dates ont constitué les principales difficultés du traitement de ce fonds. Les seules datations indiquées sont celles qui figurent sur les manuscrits et celles qui peuvent être déduites de sources extérieures, notamment l'activité des dédicataires. Pour les oeuvres vocales sur des poèmes édités, il aurait été trompeur de se baser sur les dates des recueils poétiques, dans la mesure où les mises en musique, parfois multiples, ne sont pas nécessairement contemporaines de l'écriture ou de la publication des textes. Ainsi, la mise en musique de Promène-toi dans le bois précède-t-elle de trois ans la publication du texte dans les Poèmes du brugnon.

À l'intérieur des deux sous-séries Musique vocale et Musique instrumentale, les oeuvres de Klingsor ont été classées par effectif puis par ordre alphabétique des titres. Pour la musique vocale, les cycles et recueils, même incomplets, ont été classés avant les oeuvres isolées. Les nombreux feuillets d'esquisses ont autant que possible été classés avec les oeuvres auxquelles ils se rapportaient, quand elles ont pu être identifiées. Le reste, notamment les feuillets mêlant plusieurs oeuvres, a été classé dans la sous-série Esquisses et fragments. Les oeuvres d'autres compositeurs sont regroupées dans une seconde série, classée par ordre alphabétique d'auteurs.

Quand il existe plusieurs manuscrits d'une même oeuvre, ils ont été autant que possible classés par ordre chronologique, des esquisses aux manuscrits achevés.

Trois exemplaires de la Sonatine pour violon et piano ou clavecin, déjà présente dans les collections, n'ont pas été conservés.